Devoir de Philosophie

La conscience morale est -elle une illusion?

Publié le 16/08/2012

Extrait du document

conscience

Il serait tout d'abord possible de déployer la morale dans deux directions. Sous son premier aspect, que l'on pourrait qualifier de philosophique, elle constituerait un ensemble de règles de conduite universellement et inconditionnellement valables. Comme l'affirme d'Alembert dans Éléments de Philosophie , ces règles de conduite, qui « appartiennent essentiellement et uniquement à la raison et qui sont en conséquence uniformes chez tous les peuples, ce sont les devoirs dont nous sommes tenus envers nos semblable «. Sous son second aspect, que l'on pourrait lui qualifier de social, elle serait un ensemble de règles de conduite appartenant en propre à une société donnée. En définitive, chaque homme possèderait au fond de son âme un principe de justice et de vertu universel et inné, principe qui viendrait s'associer avec ceux, particuliers, liés à la société et à la personnalité propre de l'individu. Ils conduiraient alors à la mise en place d'une conscience morale double, se manifestant en notre for intérieur pour juger la vertu de nos actions et de celle d'autrui. Cependant, il est nécessaire de rappeler que l'existence de cette conscience morale n'implique pas la moralité de tout homme : il existe une certaine liberté d'action par rapport à la conscience morale. Chacun est libre de suivre cette "petite voix" qui exige souvent ce vers quoi nos désirs ne nous poussent pas. On peut à ce propos citer la célèbre formule kantienne « Tu dois, donc tu peux «. 

conscience

« L'universalité de la conscience morale proclamée par Rousseau apparaît donc comme contestable dans la mesure où nos impératifs moraux dépendent de plusieursfacteurs.

Son caractère inné se pose lui aussi comme discutable, puisque notions de bien et de mal peuvent s'acquérir progressivement, au gré de l'éducation et de laformation de la personnalité d'un individu.

Mais le fait même que l'acquisition des impératifs moraux se fasse à travers de processus aussi naturels que l'instruction oul'établissement d'un caractère implique que cette acquisition ne nous apparaisse pas comme purement extérieure à notre individualité.

Les hommes peuvent doncassimiler, intégrer ces impératifs moraux de manière inconsciente jusqu'à avoir l'illusion de les trouver en soi.

La conscience morale semble alors illusoire.

Mais laréalité ne réside t-elle pas dans un juste milieu situé entre les deux extrêmes d'une conscience morale façonnée par de multiples facteurs extérieurs à l'individu et uneconscience morale universelle et innée, telle qu'elle est conçue par Rousseau? L'essentiel n'est-il pas alors de savoir "analyser" correctement sa conscience? Ce ce quenous allons nous atteler à démontrer dans une troisième partie. Il serait tout d'abord possible de déployer la morale dans deux directions.

Sous son premier aspect, que l'on pourrait qualifier de philosophique, elle constituerait unensemble de règles de conduite universellement et inconditionnellement valables.

Comme l'affirme d'Alembert dans Éléments de Philosophie , ces règles de conduite,qui « appartiennent essentiellement et uniquement à la raison et qui sont en conséquence uniformes chez tous les peuples, ce sont les devoirs dont nous sommes tenusenvers nos semblable ».

Sous son second aspect, que l'on pourrait lui qualifier de social, elle serait un ensemble de règles de conduite appartenant en propre à unesociété donnée.

En définitive, chaque homme possèderait au fond de son âme un principe de justice et de vertu universel et inné, principe qui viendrait s'associer avecceux, particuliers, liés à la société et à la personnalité propre de l'individu.

Ils conduiraient alors à la mise en place d'une conscience morale double, se manifestant ennotre for intérieur pour juger la vertu de nos actions et de celle d'autrui.

Cependant, il est nécessaire de rappeler que l'existence de cette conscience morale n'impliquepas la moralité de tout homme : il existe une certaine liberté d'action par rapport à la conscience morale.

Chacun est libre de suivre cette "petite voix" qui exigesouvent ce vers quoi nos désirs ne nous poussent pas.

On peut à ce propos citer la célèbre formule kantienne « Tu dois, donc tu peux ».

Celle-ci a suscité desinterprétations renouvelées, mais la principale demeure : l'homme DOIT satisfaire l'impératif catégorique, donc il le PEUT ; et comme la liberté est une condition depossibilité de la satisfaction de l'impératif catégorique, Kant en déduit que l'homme est LIBRE.Cependant, nous avons jusqu'ici admis l'infaillibilité de la conscience morale telle que Rousseau l'a proclamée.

Mais s'en remettre à sa spontanéité, n'est-ce paspréjuger de la moralité de ses sentiments? N'est-ce pas prendre le risque, au nom de tout ce que nous dicte notre conscience, d'accomplir des actes dont la moralité estcontestable? Nietzsche développe ce point dans le Gai Savoir, section 335, où il imagine un dialogue fictif entre un homme dont les pensées sont présentées commetypiques de l'opinion commune et un interlocuteur, à savoir Nietzsche lui-même, pointant les incohérences de sa position.« Mais pourquoi écoutez-vous la voix de votre conscience? Qu'est-ce qui vous donne le droit de croire que son jugement est infaillible? Cette croyance, n'y a t-il plusde conscience qui l'examine? N'avez-vous jamais entendu parler d'une conscience intellectuelle? D'une conscience qui se tienne derrière votre "conscience"? […]"Comment mon jugement "ceci est bien" est-il né?" C'est une question que vous devez vous poser et, aussitôt après, celle-ci : "qu'est-ce exactement qui me pousse àobéir à ce jugement?" »L'auteur de Ainsi parlait Zarathoustra nous invite donc à ne pas obéir aveuglément à notre conscience morale, à ne pas « suivre son ordre comme un brave soldat quientend la voix de son chef », même si celui-ci semble incontestable.

En effet, telle chose peut nous sembler "bien" uniquement car nous n'avons pas pris la peine d'ysonger plus en détail.

Ou encore car elle attire sur nous « pain et honneurs » : nous la considérons comme "bien" car nous y voyons la « condition de notreexistence »(et que notre droit à l'existence apparaît imprescriptible), alors que la chose en question est en réalité profondément immorale.

Pour ne pas être duper parsa propre conscience morale, il convient donc d'effectuer un nouveau retour sur soi, un sur-dédoublement, de placer une « conscience derrière notre conscience ».L'essentiel est alors de savoir analyser correctement sa conscience.

Et ce même si, comme le déplore Nietzsche paradoxalement, « nul n'est plus étranger à soi-mêmeque soi-même ».

Cette non-transparence du sujet à lui-même a d'ailleurs déjà été mise en évidence, entre autres, par Schopenhauer dans Le monde comme volonté etcomme représentation : « Ce qui connaît tout le reste, sans être soi-même connu, c'est le sujet ».

Ainsi, le sujet, que nous sentons en nous-mêmes comme un êtrepermanent, toujours identique à lui-même, bref ce que nous appelons fréquemment notre moi, ce sujet est obscur, inconnaissable et inaccessible, car il ne peut seconnaître lui-même.

En somme, comme le dit Nietzsche dans cette même section du Gai Savoir, « la maxime "Connais toi toi-même", prend dans la bouche d'un dieu, et adressée aux hommes, l'accent d'une féroce plaisanterie ». Ainsi, la conscience morale, cette petite voix qui nous permet de distinguer le bien du mal, est probablement à la fois universelle et innée (au sens où l'entendRousseau), et acquise (transmise par la société, la culture, la religion, l'éducation).

Ou encore, pour rappeler la spécificité de la morale de Kant, a priori, c'est-à-diretirée de la seule raison.

Mais puisque rien ne nous garantit son infaillibilité, il est primordial de toujours se demander "D'où viennent mes jugements?", pour ne pasavoir à commettre des actes immoraux en étant persuadés qu'ils sont moraux.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles