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La creation artistique peut elle servir de modéle pour définir la liberté ?

Publié le 27/02/2008

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, que « l'écrivain engagé sait que la parole est action ». Si la littérature engagée, c'est la littérature perçue comme une action, alors toute littérature est, par définition, engagée. « La fonction de l'écrivain - ajoute Sartre - est de faire en sorte que nul ne puisse ignorer le monde et que nul ne s'en puisse dire innocent. » Ainsi, lorsqu'il décrit les conditions de vie des mineurs, Zola s'engage autant que par la défense du capitaine Dreyfus. De la même façon, Le Rouge et le Noir est une oeuvre profondément engagée, car le miroir que promène Stendhal sur les traces de Julien Sorel réfléchit l'image d'une société ossifiée, repliée sur elle-même. Dans ce monde qui ressemble à un tombeau (la province, le séminaire), ceux qui ont l'énergie de vouloir respirer l'air de leurs passions, ceux-là doivent combattre. L'oeuvre d'art dévoile, elle ne reproduit pas ce qui est (comme le pensaient les Grecs), elle donne à voir et à sentir ce qui était avant elle inaperçu. Dans le domaine pictural, l'exemple de Guernica, présentée à Paris au Pavillon républicain de l'Exposition internationale, est significatif. Le tableau montre à une opinion (peu désireuse d'ouvrir les yeux en 1937) l'horreur de la guerre d'Espagne. Ces corps éclatés, ces membres que semble disproportionner la douleur, cette mêlée enfin d'où l'on ne distingue plus les hommes des bêtes, rendent sensible la détresse d'un peuple.

« ...

qui dévoile le monde.Bien sûr, une oeuvre est engagée lorsqu'elle exprime un parti pris et s'intègre dans une lettre ouvertementmenée par son auteur.

Mais cette perception de l'art engagé est beaucoup trop restrictive.

Elle feint d'ignorerque toute oeuvre est un acte de dévoilement du réel et que l'artiste ne ressemble pas à Zeuxis, ce peintregrec qui représentait de façon si réaliste les grains de raisin sur ses fresques que les pigeons venaient s'ybriser le bec.

Il n'y a pas d'oeuvre qui ne trouve sa satisfaction dans un engagement par rapport au contextequi l'a vu naître.

C'est que, en retournant la perspective, « la littérature (l'art) d'une époque, c'est l'époquedigérée par sa littérature (son art) », comme le confia Sartre à Madeleine Chapsal.

L'engagement apparaîtcomme ce mécanisme de digestion, d'appropriation du réel, « biologiquement » indispensable à une oeuvred'art !C'est la raison pour laquelle les artistes ont toujours été les premières victimes de la répression.

Créantlibrement de nouvelles réalités, ils vont nécessairement à contre-courant de ce qui prive l'homme de liberté.

[L'artiste peut être soumis à des codes esthétiques.

Il suit une démarche trop personnelle et nous éloigne de la réalité.

Il ne peut donc nous aider à être libres.] La liberté de l'artiste est trop particulière pour être celle des autresL'artiste est peut-être libre de créer ce qu'il veut.

Mais sa liberté ne me sert à rien.

Il est trop enfermé dansson propre monde, il crée un univers trop personnel que je ne comprends pas.

Picasso est peut-être un grandartiste, mais à moi, il ne me parle pas.

Il a su peut-être ouvrir une nouvelle voie dans l'art, mais sa voie n'estpas la mienne.

C'est pourquoi il ne peut pas m'aider à être libre. L'artiste peut être aliénéL'artiste peut être prisonnier de la mode, de la technique, des codes esthétiques de son époque et de sasociété.

Le théâtre classique est prisonnier de règles établies par des théoriciens, comme les trois unités, labienséance.

Par ailleurs, certains artistes ou certaines écoles artistiques se donnent un «programme»contraignant, qui peut vite tourner à la dictature: pensons au groupe surréaliste ou au «réalisme socialiste»du régime soviétique, etc. L'artiste est un illusionnisteDans La « République » (X 597b-598c - cf.

texte), Platon montre que le peintre est « l'auteur d'uneproduction éloignée de la nature de trois degrés ».

En effet, il y a trois degrés de réalité. • La première, celle qui est vraiment et pleinement, est la réalité intelligible ou Idée.

Pour Platon les Idées nesont pas des produits de notre intelligence, constitutives de cette dernière (rationalisme) ou formées aucontact de l'expérience (empirisme).

Elles existent indépendamment de notre pensée.

L'Etre est l'intelligible oumonde des Idées.

Cette thèse rend compte et de la connaissance, la réalité est intelligible, objet d'uneconnaissance, et de l'ordre du monde.

C'est parce que le monde est en lui-même intelligible que nous pouvonsle connaître.• La seconde, ensemble des êtres naturels ou artificiels, est seconde, sa réalité est moindre, dans la mesureoù elle est imitation de la première.

Les êtres naturels doivent leur existence à un Démiurge qui a façonné lamatière en contemplant le monde des Idées (« Timée » ).

De même le bon artisan fabrique son objet en seréglant sur son Idée.

Ces êtres ont moins de réalité que les Idées puisqu'ils se contentent de les imiter.• La troisième, la plus éloignée de la réalité telle qu'elle est en elle-même, est celle produite par le peintrepuisqu'il imite ce qui est déjà une imitation.

Elle est donc un presque rien, n'a pas plus de réalité que notrereflet dans le miroir.

Elle est le reflet d'une apparence.

En fait, il n'y a rien à voir.Au nom de la vérité Platon critique l'art.

Les fondements de cette critique sont: la définition de l'art commeimitation, reproduction de la réalité sensible et à la définition de la réalité sensible comme apparence,apparence trompeuse, apparence du vrai.

Non seulement l'artiste ne produit que des apparences et enaccentue la puissance trompeuse, mais encore il nous attache à ce monde des apparences en produisant desapparences qui plaisent, excitent les sens et l'imagination.

L'art, effet du désir sensible et des passions, lesaccroît en retour.

L'homme raisonnable n'y a pas sa place.

L'art, ennemi de la vérité est ennemi de la morale.On trouve ici la première condamnation morale de l'art et par suite la première justification théorique de lacensure artistique dont relève encore la condamnation des « Fleurs du mal » au milieu du XXe.

Rousseau auXVIIIe, sur ce point fort différent des philosophes des Lumières, reprendra le flambeau de cette critique.

L'artn'élève pas l'âme, bien au contraire.

Apparence, il joue le jeu des apparences.

Tout d'abord parce qu'il est,dans la société bourgeoise - société de la comparaison, du faire-valoir, de l'hypocrisie, de la compétition -,indissociable d'une mise en scène sociale.

On va au théâtre pour exhiber sa toilette et autres signesextérieurs de richesse, pour se comparer, médire, recueillir les potins...

Ensuite parce qu'il nous plonge dansun monde fictif où nous pouvons à bon compte nous illusionner sur nous-mêmes.

Par exemple nous versons dechaudes larmes en assistant an spectacle des malheurs d'autrui et nous restons froids et impassibles lorsque. »

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