Devoir de Philosophie

La culture est-elle une garantie contre la violence ?

Publié le 23/10/2010

Extrait du document

culture

A différents niveaux, par conséquent, la culture peut devenir instrument de pouvoir et de domination, ou encore servir de prétexte à l'expansion d'une force impérialiste. Elle peut également diviser les classes sociales ou les sociétés... Au point que nous en venons à nous demander si elle n'est pas finalement responsable des tensions et des conflits. Ne conduit-elle pas elle-même à générer de la violence ? Comment comprendre cette dynamique qui semble pourtant opposée à sa finalité première ? Il convient peut-être avant tout de ne pas avoir une approche trop idéaliste de la culture. Si en son sens général elle renvoie à l'ensemble des procédures permettant la survie de l'espèce humaine, elle ne doit pas nous faire oublier que l'homme se civilise avant tout par le travail, dont dépend la survie de chacun. L'étymologie de culture, « colere « en latin, réfère ce terme à l'agriculture, au soin apporté à la production vivrière.

culture

« la nature » et souligne la violence de la « surpuissance » de la nature, ainsi que la peur de l'homme à son égard.

Leproblème tient alors au profond dénuement de l'homme dans la nature et à la conscience qu'il en a.

Comme lesymbolise très nettement le mythe de Prométhée, de façon métaphorique, l'homme a été « oublié » dans ladistribution des instruments de survie (Epiméthée, le frère de Prométhée, ayant déjà tout donné aux animaux).Grâce au vol du feu et des techniques, Prométhée cherche à réparer une première injustice et à parer aux risquesde violence et de destruction de l'humanité.

Le « vol » semble pourtant répondre à une injustice par une autre.

Sansoublier que Prométhée n'ayant pas eu le temps de dérober à Zeus l'art politique (selon Platon, dans Protagoras), leshommes se sont trouvés face à une difficulté beaucoup plus grande pour répondre au second défi de la cultureénoncé par Freud : réglementer les relations des hommes entre-eux.

Le mythe suggère ainsi qu'une première formede violence effectivement affrontée par la culture réside dans l'absence de moyens de survie prescrits à l'homme parla nature.

Pourtant, la violence peut également être conçue comme émanant de l'homme lui-même, et passeulement comme ce qui s'impose à lui du fait de l'hostilité de son milieu.

S'agit-il néanmoins d'une violence «naturelle », inhérente à la « nature de l'homme », ou bien d'une violence paradoxalement produite par son entréedans l'existence civilisée ? En d'autres termes la culture est-elle une limitation de la violence « naturelle » del'homme ou un processus qui fait émerger de la violence dans le comportement humain ? Si l'on suit l'hypothèse deHobbes dans Le Léviathan, l'homme à l'état de nature (rappelons qu'il s'agit d'une conception théorique, d'unetentative d'approche de l'homme abstraction faite de toute socialisation) est animé de violence à l'égard de sessemblables, prêt à user de ruse et d'armes diverses pour vaincre.

D'où l'idée d'un « état de guerre de tous contretous » face auquel l'imposition de lois et l'usage de la force publique sont indispensables.

Dans le Discours surl'origine et les fondements de l'inégalité, Rousseau néanmoins souligne les limites de cette hypothèse : il estime queHobbes a incorporé dans sa conception de l'état de nature une donnée déjà culturelle : la comparaison des hommesentre-eux (la fierté, l'amour propre, la concurrence et la conflictualité), comparaison qui suppose déjà une existenceen commun, un langage, des critères d'évaluation, etc.

A ce niveau du débat, il n'est pas possible de trancher,personne ne pouvant prétendre remonter à un temps originaire où l'homme serait exempt de toute forme de culture(et ne serait d'ailleurs, dans ce cas, plus un homme).

Nous pouvons néanmoins nous fonder sur les analyses deFreud, tirées de son expérience « clinique », ainsi que sur les recherches anthropologiques relatives à l'hommepréhistorique, pour déceler en l'homme, quelle qu'en soit l'origine, une agressivité qui risque toujours de se convertiren violence.

A son égard, la culture semble jouer un rôle ambigu : si d'un côté elle canalise les pulsions, comme lereconnaît le fondateur de la psychanalyse, la culture peut également induire des renoncements pulsionnels tropsévères et empêcher l'épanouissement des individus, en particulier à cause des névroses.

La culture peut parailleurs fournir de nouvelles armes à l'agressivité, que ce soit sur le plan matériel avec l'armement ou sur le plan dulangage avec la rhétorique manipulatrice, déjà largement explorée par les sophistes dès l'antiquité grecque (et qui acontribué à la condamnation à mort de Socrate par ses juges).

Cela dit, il est indéniable que le fait de se cultiver,d'accéder à un patrimoine commun d'idées, de représentations et de valeurs génère une forme de cohésion socialeet produit des satisfactions partagées.

En quel sens peut-on alors dire que la culture est un moyen d'atténuer laviolence sociale ? D'abord, l'usage d'une langue commune permet d'établir la communication entre les hommes et detranscender la violence physique grâce au dialogue.

Le rôle de cette première donnée culturelle s'avère néanmoinsambigu.

D'une part, en effet, la diversité des langues à l'échelle de la planète risque de générer des conflits et desincompréhensions entre les peuples, comme le symbolise le récit métaphorique de la tour de Babel dans la Genèse dela Bible.

D'autre part, la langue peut elle-même être utilisée de façon violente et arbitraire : lorsque Socrates'efforce de discuter avec Gorgias dans le dialogue éponyme, puis se confronte à Polos et Calliclès, les trois rhéteursfont preuve de mépris et de violence à son égard, refusant finalement de se placer sur un terrain de penséecommun.

Par ailleurs, nous pouvons considérer que le développement d'une culture générale diversifiée au sein d'unpeuple peut également endiguer la violence.

Tel était par exemple le projet des Encyclopédistes français, à l'instarde Diderot et d'Alembert : diffuser la culture scientifique, technique et artistique afin de promouvoir l'intelligence etla démocratie au sein du peuple français.

Mais la culture peut également renvoyer à des règles instituées, telles leslois dans le système juridique ou des principes d'imposition dans le domaine fiscal.

Grâce à un travail de réflexionphilosophique et politique (séparation des pouvoirs chez Montesquieu, recherche de l'intérêt général chezRousseau,...), ces règles devraient s'approcher d'un idéal démocratique et entrer au service de tous, sans privilègesni injustice, donc a priori sans violence.

Pourtant, dès lors que les gouvernants tournent ces règles à leur profit, leurimposition peut en définitive s'avérer violente, et ce d'autant plus que le régime politique s'éloigne du modèledémocratique. A différents niveaux, par conséquent, la culture peut devenir instrument de pouvoir et de domination, ou encoreservir de prétexte à l'expansion d'une force impérialiste.

Elle peut également diviser les classes sociales ou lessociétés...

Au point que nous en venons à nous demander si elle n'est pas finalement responsable des tensions etdes conflits.

Ne conduit-elle pas elle-même à générer de la violence ? Comment comprendre cette dynamique quisemble pourtant opposée à sa finalité première ? Il convient peut-être avant tout de ne pas avoir une approche tropidéaliste de la culture.

Si en son sens général elle renvoie à l'ensemble des procédures permettant la survie del'espèce humaine, elle ne doit pas nous faire oublier que l'homme se civilise avant tout par le travail, dont dépend lasurvie de chacun.

L'étymologie de culture, « colere » en latin, réfère ce terme à l'agriculture, au soin apporté à laproduction vivrière.

Or, dès que nous considérons des civilisations complexes, comme l'Egypte des pharaons ou laGrèce antique, nous constatons, d'une part, une assez forte division du travail et, d'autre part, une nettehiérarchisation entre ceux qui se consacrent au travail productif (des esclaves majoritairement) et ceux qui ½uvrentdans la sphère de la culture intellectuelle et spirituelle (les classes dirigeantes et le clergé).

Effets du processusculturel de l'humanité, ces divisions ne sont-elles pas responsables de violences spécifiquement humaines ? D'unecertaine manière, ce problème est posé par Rousseau au début de la deuxième partie du Discours sur l'origine et lesfondements de l'inégalité : par la propriété et la concurrence, les inégalités sociales s'instaurent entre les hommeset rompent l'égalité de principe inhérente à la condition humaine.

Non seulement les fruits de la culture ne sont pas. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles