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La curiosité est-elle naturelle ?

Publié le 26/09/2005

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Le fragment 933 lie l'exercice des sciences et la curiosité à la concupiscence de l'esprit. « Concupiscence de la chair, concupiscence des yeux, orgueil, etc....Il y a trois ordre des choses : la chair, l'esprit et la volonté... » . Le désir de vérité est distinct de la curiosité puisqu'elle est vanité : « Orgueil. Curiosité n'est que vanité. Le plus souvent on ne veut savoir que pour parler » : fragment 77. L'aveuglement que produit la curiosité implique un rapport déraisonnable à l'infini et à la vérité. « Manque d'avoir contemplé l'infini écrit Pascal, les hommes se sont portés témérairement à la recherche de la nature », fragment 199. Il faut distinguer une certaine frivolité dont est empreinte la curiosité et qui aboutit au péché de la connaissance qui fortifie réellement l'âme un projet.   La curiosité comme signe de notre imperfection proprement humaine mais également comme remède à notre incomplétude   Mais la curiosité et la connaissance ne naissent-elles pas d'une unique attitude, à savoir l'étonnement, qui motive à la fois nos comportements sociaux les plus frivoles mais aussi notre quête de connaissance.

La curiosité désigne un certain comportement à l’égard de l’inconnu, mais de façon péjorative elle apparaît comme un excès de zèle pour tout ce qui est inutile, inaccessible et même défendu à l’entendement humain. Mais est-elle naturelle c’est-à-dire inhérente à un comportement dit humain ou constitue-t-elle une déviance entendue comme corruption de la nature ? Etre curieux est-ce par là réaliser en partie notre essence d’homme ou au contraire s’en détourner ?

La difficulté vient du fait qu’elle peut être envisagée comme le signe de l’inachèvement de l’homme et de son incapacité à se suffire à lui-même. Croyant combler cette incapacité il se livre dés lors à des recherches éparses et vaines. La curiosité a alors trait à la vanité, entendue comme vacuité et comme péché d’orgueil au sens moral. Mais ne se joue-t-il pas dans la curiosité une autre disposition qui a trait au savoir ? Cette quête n’est-elle pas inhérente à l’existence proprement humaine, ne nous est-elle pas en ce sens naturelle ?

 

« L'aveuglement que produit la curiosité implique un rapport déraisonnable à l'infini et à la vérité.

« Manque d'avoircontemplé l'infini écrit Pascal, les hommes se sont portés témérairement à la recherche de la nature », fragment199.Il faut distinguer une certaine frivolité dont est empreinte la curiosité et qui aboutit au péché de la connaissance quifortifie réellement l'âme un projet. La curiosité comme signe de notre imperfection proprement humaine mais également comme remède ànotre incomplétude Mais la curiosité et la connaissance ne naissent-elles pas d'une unique attitude, à savoir l'étonnement, qui motive àla fois nos comportements sociaux les plus frivoles mais aussi notre quête de connaissance.L'étonnement est l'Etat psychologique provoqué par des phénomènes inattendus ou que l'on est incapabled'expliquer.

L'étonnement ne provient pas nécessairement du caractère inhabituel des phénomènes mais peut naîtred'une nouvelle façon de les considérer.

Selon Aristote « c'est l'étonnement qui poussa les premiers penseurs auxspéculations philosophiques » Métaphysique . Dans un passage de la « Métaphysique » (Livre A, chapitre 2), Aristote explique l'origine de la philosophie et le but qu'elle poursuit.

« Ce qui à l'origine poussa les hommes aux premières recherches philosophiques, c'était, comme aujourd'hui, l'étonnement . » L'admiration et l'incompréhension devant le monde poussent l'homme à chercher à comprendre et à rendrecompte de ce qui l'entoure.

Ainsi naît la philosophie, qui n'a d'autre but que de tendre à expliquerle monde. Dans ce passage de la « Métaphysique », Aristote reprend l'enseignement de son maître. En effet, Platon écrit dans le « Théétète » : « il est tout à fait d'un philosophe, ce sentiment : s'étonner.

La philosophie n'a point d'autre origine… » L'étonnement, pour les Grecs, est donc l'origine véritable de la recherche philosophique. L'étonnement consiste en l'arrêt admiratif devant une chose que l'on ne comprend pas.

Le motn'est pas à comprendre au sens moderne cad la stupéfaction devant quelque chose d'inhabituel. Le sens commun, la plupart des hommes ne s'étonnent que devant un phénomène extraordinaire, qui échappe à la routine, et dont il est clair qu'on ne le comprend pas, qu'on ne peutle classer dans les rubriques habituelles.

Or les phénomènes les plus communs ne sont pas lesplus connus, tant sen faut, et le sentiment de connaître ce que l'on voit souvent n'est qu'uneillusion. L'étonnement qui frappe le philosophe concerne n'importe quelle chose, aussi banale soit-elle en apparence.

C'est d'abord l'admiration devant la nature, et l'aveu de sonincompréhension devant ses mécanismes.

« Or apercevoir une difficulté et s'étonner, c'est reconnaître sa propre ignorance […] ainsi donc ce fut pour échapper à l'ignorance que les premiers philosophes se livrèrent à la philosophie. » Les exemples que donne Aristote sont éclairants ; les premières recherches se concentrèrent sur les objets à notre portée, puis les phases lunaires, puis le cours du Soleil, puis la formation de l'Univers.

Deux points sont remarquables : Þ D'une part, la philosophie n'est pas ici séparée de la science ; les exemples de recherches philosophiquessont des exemples qu'on qualifierait aujourd'hui d'astronomiques.

En fait la séparation de la science d'avecla philosophie est très tardive.

Elle date du XVIII ème siècle, et tous les grands noms de la philosophiefurent aussi, jusqu'à cette époque au moins, des grands noms des sciences. Þ D'autre part, l'étonnement e s'exerce pas sur des choses extraordinaires, mais tout simplement devantce qui est, et dont la nature nous offre chaque jour le spectacle comme la course du Soleil, les marées,etc.

La philosophie essaie, tente, de rendre compte de ce qui est.

C'est-à-dire de l'expliquer.

Soitsimplement en en énonçant les mécanisme, soit en essayant d'en donner le sens.

On en arrivera ainsi àdes questions dites métaphysiques : « Pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » ( Leibniz ). Enfin, si la philosophie, selon Platon , commence par l'aveu de l'ignorance, son but est de faire cesser celle-ci.

Son but est la connaissance. Aristote insiste sur ce point essentiel, sur l'image que la science et la philosophie se font d'elles-mêmes : « Il est évident qu'ils poursuivaient la science pour savoir, et non en vue de quelque autre utilité. » Les philosophes recherchent le savoir pour le savoir et non pour une quelconque utilité pratique immédiate.

Cela ne veut en aucun cas dire que laphilosophie n'a aucun intérêt.

Mais d'abord, qu'elle n'a pas pour but de satisfaire un besoin, qu'il soit vital ou de confort.

C'est la preuve quedonne Aristote : « Presque tous les arts qui regardent les besoins et ceux qui s'appliquent au bien-être, étaient connus déjà quand on commença à chercher les explications de ce genre.

» C'est quand les problèmes urgents de la vie sont résolus, que l'on se lance dans les sciences ou la recherche.

La philosophie n'est donc pas une discipline asservie, liée aux nécessités vitales ou à la recherche d'un confort matériel.

Elle est uneactivité libre, qu'on exerce pour son propre plaisir, pour son intérêt intrinsèque.

En clair, c'est une activité libre parce que désintéressée.« Ainsi cette science est aussi la seule de toutes les sciences qui soit une discipline libérale, puisque seule elle est à elle-même sa propre fin.Aussi est-ce encore à bon droit qu'on peut qualifier de plus qu'humaine sa possession. » C'est une constante de la philosophie grecque, et de la façon dont elle s'interprète : la philosophie nous arrache à la condition simplementhumaine , d'être périssable et obnubilé par sa survie, pour nous faire participer à un plaisir divin : la compréhension pure et désintéressée.Il se peut que cette vision paraisse naïve, après que Marx a assigné comme tache à la philosophie, non plus de connaître le monde mais de le transformer, et surtout que Descartes a fait comprendre que la science se doit de viser notre bien-être.

Mais elle est aussi le rappel que l'homme ne se réduit pas à un simple être naturel mais qu'il a part à un autre type de plaisir, celui de la compréhension, voire de la compréhension.Aristote nous rappelle que la philosophie naît et se nourrit d'un étonnement devant ce qui est.

Ce spectacle du monde entraîne, pour le « naturel. »

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