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La découverte de la subjectivité

Publié le 22/02/2012

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Quoi de commun à ces philosophies éparpillées sur trois siècles, que nous groupons sous l'enseigne de la subjectivité ? Il y a le Moi que Montaigne aimait plus que tout, et que Pascal haïssait, celui dont on tient registre jour par jour, dont on note les audaces, les fuites, les intermittences, les retours, que l'on met à l'essai ou à l'épreuve comme un inconnu. Il y a le Je qui pense de Descartes et de Pascal encore, celui qui ne se rejoint qu'un instant, mais alors il est tout dans son apparence, il est tout ce qu'il pense être et rien d'autre, ouvert à tout, jamais fixé, sans autre mystère que cette transparence même. Il y a la série subjective des philosophes anglais, les idées qui se connaissent elles-mêmes dans un contact muet, et comme par une propriété naturelle. Il y a le moi de Rousseau, abîme de culpabilité et d'innocence, qui organise lui-même le " complot " où il se sent pris, et pourtant revendique à bon droit, devant cette destinée, son incorruptible bonté. Il y a le sujet transcendantal des kantiens, aussi proche et plus proche du monde que de l'intimité psychologique, qui les contemple l'une et l'autre après les avoir construits, et pourtant se sait aussi " l'habitant " du monde. Il y a le sujet de Maine de Biran qui ne se sait pas seulement dans le monde, mais qui y est, et ne pourrait pas même être sujet s'il n'avait un corps à mouvoir. Il y a enfin la subjectivité au sens de Kierkegaard, qui n'est plus une région de l'être, mais la seule manière fondamentale de se rapporter à l'être, ce qui fait que nous sommes quelque chose au lieu de survoler toutes choses dans une pensée " objective ", qui, finalement, ne pense vraiment rien. Pourquoi faire de ces " subjectivités " discordantes les moments d'une seule découverte ?

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