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La démocratie est-elle toujours a conquérir ?

Publié le 26/09/2005

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La question posée possède, dès lors, cette signification : par quels caractères et dimensions le régime politique dans lequel le peuple détient la souveraineté est-il, constamment et quelles que soient les circonstances, le fruit d'une acquisition par la lutte ? La démocratie désigne-t-elle un simple ensemble d'institutions politiques, un fait juridique ou bien une lutte des sujets humains, en vue d'édifier collectivement une cité plus juste ? Représente-t-elle une formule politique ou bien la subordination des institutions à une liberté collective ? Le problème est donc de savoir si la démocratie est une institution ou bien davantage, un ensemble institutionnel porteur d'exigences éthico-politiques. Problématique : La démocratie est-elle une institution purement politique ou bien une exigence plus haute, relevant de la morale ? * Les origines de la démocratie : La démocratie naît en Grèce, foyer d'une liberté politique inédite. Le pouvoir, à Athènes, émane du peuple, car l'Assemblée ou Ecclésia s'affirme souveraine. Il se forme et se consolide, tout particulièrement avec Périclès ; c'est un État de démocratie directe. C'est à la fin du Ve siècle et durant la seconde moitié du siècle suivant que le pouvoir démocratique étend le statut de citoyen à tous les habitants nés athéniens et leur assure l'égalité devant la loi et l'accès aux magistratures. La souveraineté est bel et bien exercée par le peuple et l'étymologie du terme démocratie (démos : peuple ; kratos : puissance) est conforme à un usage où le pouvoir central est assuré par l'Ecclésia, réunissant tous les citoyens une dizaine de fois par an et prenant souverainement les décisions.

« acquis de la Révolution française.

Rousseau nous en fournit les principes, avec Du contrat social (1762), qui met en relief la nature du pacte démocratique.

Qu'est-ce qu'un État légitime ? Auxyeux de Rousseau, celui qui exprime la volonté générale et trouve en elle salégitimité.L'État démocratique moderne naît de ces thèses de Rousseau et de l'actiondes révolutionnaires de 1789.

Il prendra très progressivement son visageactuel, quand régresse la notion de citoyens actifs et de citoyens passifs etquand les femmes, en 1944, acquièrent le droit de vote en France.

On définiracette démocratie moderne comme un gouvernement du peuple et par lepeuple, au moyen du suffrage universel ; elle n'implique nullement un systèmefonctionnant sans représentants et, en ce sens, s'éloigne de Rousseau.

Lepeuple délègue, en effet, ses pouvoirs à un corps élu.

La démocratiereprésentative donne le pouvoir aux représentants du peuple.

Ainsi, alors quela démocratie antique est directe et limitée, la démocratie moderne est à lafois illimitée et indirecte.La démocratie n'est jamais une donnée, mais une conquête, ce n'est jamaisun fait, mais une volonté, ce n'est jamais une réalité, mais une créationcontre tous les dangers et tous les périls.

Elle surgit, au tournant du XVIIIesiècle, quand s'impose l'idée d'un pouvoir politique dépourvu du modèle d'ungarant transcendant, tel ce prince ou ce roi, médiateur entre Dieu et leshommes.

Le système monarchique de l'Ancien Régime donnait à voir unPrincipe sacré, ce Souverain reflétant la gloire de Dieu.

À ce fondementinconditionné succède, avec la Révolution, un fondement beaucoup plus fragile, puisque disparaît alors l'idée d'une base sacrée.

D'où une faiblesse et une précarité liées à une institutionpolitique où se dérobe l'ancien fondement sacré ou inconditionné : Dieu n'est plus la base de la politique et durégime politique.• Précarité de la démocratie moderne : En mettant la Constitution à la racine du pouvoir, la démocratie instituecomme fondements l'homme lui-même et ses valeurs.

D'où les faiblesses extrêmes de la démocratie, la nécessité delutter contre tous les périls qui menacent ce pouvoir dépourvu de la force du sacré.

Ce n'est pas un fait, mais unebataille, comme le montre l'exemple des totalitarismes et dictatures qui s'acharnent contre elle.

Être démocrate,c'est se battre contre la maladie totalitaire toujours menaçante, toujours renaissante, contre les tyrannies pouvantadvenir dans le champ historique.« La démocratie s'institue et se maintient dans la dissolution des repères de la certitude.

Elle inaugure une histoiredans laquelle les hommes font l'épreuve d'une indétermination dernière, quant au fondement du Pouvoir [...].

Dansune société où les fondements de l'ordre politique et de l'ordre social se dérobent [...], la possibilité d'undérèglement de la logique démocratique reste ouverte.

» (C.

Lefort, Essais sur le politique.

Seuil, p.

29).Le totalitarisme nazi est directement issu de la démocratie puisque c'est à la suite d'élections libres que, le 30janvier 1933, le président Hindenburg appelle Hitler au poste de chancelier et que s'établit alors la dictature.

Cetexemple montre à quel point la démocratie n'est pas une donnée stable et sûre : elle doit être un choix moral pour laliberté et la dignité. • La démocratie économique, conquête pour la garantie des droits sociaux : En quoi la démocratie doit-elle être uneconquête permanente, tout particulièrement dans nos sociétés ?À côté de la démocratie politique, il existe une démocratie économique et sociale, destinée à apporter à tous lesdroits sociaux, tel le droit au travail.

Or cette idée d'un processus d'égalisation des chances d'accès à des biens oulibertés, à des positions économiques au sein d'une société donnée, n'a rien d'évident.

Si le thème des inégalitéssociales occupe une place de plus en plus centrale tant en sociologie qu'en politique, si les politologues en viennentà l'idée d'un « Etat-Providence », destiné à prendre en charge systématiquement les exclus, que de difficultés oud'apories en cette idée et combien la démocratie sociale a du mal à s'installer ! L'idée de la démocratie économique,liée à la justice, est un combat contre notre égoïsme naturel : devons-nous vraiment prendre en charge les pauvreset les exclus ? Ne devons-nous pas travailler uniquement pour nous ? Ici nulle réponse facile.

Dès lors, la démocratiesociale, destinée à instaurer des droits sociaux, est une lutte de l'homme moral contre l'homme naturel, livré àl'égoïsme de ses instincts : l'État-Providence est un devoir et la démocratie économique, un impératif catégorique.Les handicaps liés à la position sociale ne doivent- : ils pas être corrigés ? Ne devons-nous pas lutter pour la justice? • Conclusion : Oui, la démocratie est une conquête, non point une institution, un choix éthique, non point un fait. C'est un combat permanent.

La démocratie est un pari éthique, difficile à gagner.

Elle est par nature toujours endéfaut ou en crise ; d'une manière générale, il n'est pas de démocratie effective sans un choix moral, mais aussisans un travail collectif de construction d'idéaux capables de mobiliser les volontés.. »

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