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La discrimination doit-elle être positive ?

Publié le 06/04/2010

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Doit-on favoriser les plus défavorisés ? La société doit-elle accorder une place privilégiée, protégée à ceux qui ont le moins de chance de réussir ? Le mérite ne doit-il pas présider à l'obtention des meilleurs postes dans la société ? La discrimination positive n'est-elle pas injuste ?

             La discrimination est le fait de mettre à part et de traiter différemment un individu ou une classe donnée. On le voit, la définition même de la discrimination semble essentiellement négative. Pourtant, comme on peut le voir avec la HALDE, la haute autorité de lutte contre la discrimination et l’exclusion, la discrimination peut aussi se concevoir positivement s’il s’agit de pallier les défauts d’un horizon social normé. La discrimination née d’une injustice ou laisse place à une injustice rompant l’unité de la société et mettant en péril le tissu social, il apparaît alors nécessaire de pallier ces manquements. Mais la discrimination peut-elle être positive ? ou plus exactement, doit-elle ? Cette notion de devoir implique un choix et la reconsidération du concept c’est-à-dire sa redéfinition mais ne doit nous faire occulter le problème essentiel de la négativité du concept.

            Si la discrimination appelle l’injustice (1ère partie), il faut bien voir que le concept est essentiellement négatif (2nd partie), nécessitant alors sa pleine redéfinition pour prendre la mesure de sa positivité (3ème partie).

« II – L'essence négative de la discrimination a) En effet, toute discrimination, surtout si elle doit être positive, et contraire à l'idéal universaliste, républicain etméritocratique, qui est le fondement de l'idée démocratique.

A cet égard, le sens de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen est particulièrement claire : l'être humain a des droits et des devoirs et il mérite d'être respecté indépendamment de toutes ses spécificités.

L'homme doit donc être pris abstraitement.

La revendicationde nouveaux droits pour certaines catégories de la population ne peut correspondre alors qu'à une rupture del'égalité des chances de tous bien que ce soit paradoxalement pour cela que la discrimination positive soit instituée.La différence des droits créera alors une différence de citoyens stigmatisant sans doute davantage les populationsconcernées en créant des places réservées.

Et c'est bien en ce sens que les populations hispaniques des Etats-Unisrefuse d'entrer dans les quotas ne voulant pas être victimisées.b) En effet, seul l'universalisme démocratique peut pallier par un retour à l'école de la république à cesdiscriminations.

Et d'autant plus que comme le rappelle Pascal Blanchard dans la Fracture coloniale , cette pensée de la discrimination positive laisse de manière sous-jacente se répandre l'idée d'un passé colonial non assumé ourenvoie à des préjugés coloniaux nolens volens.

De plus, cette politique de discrimination positive s'appuie sur desstatistiques ethniques ou raciales : elle définit et institutionnalise des catégories que l'on voudrait effacer au nomjustement de cet universalisme républicain : ce qui est contre-productif.

Il s'agit alors de voir l'émergence possiblede quota X ou Y.

L'autre est alors renvoyé et catégorisé par sa différence sans nécessairement rechercher sonassimilation ou son acculturation.

Par ailleurs, cette discrimination rend peut compte d'une méritocratie et manquesingulièrement d'efficacité comme le montre les résultats de l'Affirmative action aux Etats-Unis.

Transition : Ainsi le concept de discrimination est essentiellement négatif et ne rend pas compte de l'idée républicaine ainsi quede l'idéal démocratique.

Pourtant une action réelle n'est pas nécessaire afin de pallier ces inégalités ? III – La discrimination positive a) Or si la discrimination doit être positive d'une certaine manière, c'est bien parce qu'elle doit offrir le plein retourau droit et à la citoyenneté de l'individu.

L'existence de l'injustice n'est-ce pas aussi ce qui nécessite l'existence dudroit, et pour ici à la discrimination, comme le note Beccaria dans Des délits et des peines ? En effet, par exemple, le vol est bien le cas d'une injustice puisque c'est bien le fruit d'un travail ou au moins d'une possession que l'on aacquise légitimement dont on nous dépossède.

Or on ne blâme pas celui qui pâtit de l'injustice, celui qui la subit, onle plaint tandis que celui qui commet l'injustice doit être puni et c'est bien pour éviter aussi la vengeance que ledroit est institué.

Si l'on peut juger quelqu'un pour une injustice qu'il a commise c'est alors qu'on le considère commeresponsable.

Il y a donc imputation ce qui suppose alors une volonté effective dans l'action.

Et c'est bien parce quelaisser une injustice impunie pourrait ruiner le tissu social et civique le droit est nécessaire entre les hommes pourpacifier et normer les relations.

En effet, commettre une injustice nous apporte un bien, souvent matériel, que nousn'aurions pas dû avoir ou ne pas subir une peine que nous aurions due mériter.

Or ne faut-il pas transposer cetélément juridique sur le plan social et réduire à les ruptures d'égalités ?b) En effet, l'existence d'une injustice est justifiable simplement dans peu de cas.

Rawls dans sa Théorie de la justice définit la justice selon deux principes.

Premièrement, chaque personne a un droit égal à un ensemble de libertés et de droits de bases et dans lesquels les libertés politiques égales et elles sont garanties à leur justevaleur.

Deuxièmement, les inégalités sociales et économiques doivent satisfaire à l'utilité du plus grand nombre etêtre au plus grand avantage des membres les plus désavantagés de la société.

Dès lors, l'inégalité obtient sajustification dans son utilité sociale.

Pour Rawls dans sa Théorie de la justice , l'inégalité peut se comprendre alors en vertu du principe de différence.

Cela signifie que les inégalités qui peuvent donner lieu à un sentiment d'injusticesont acceptables là où elles sont justifiées par l'utilité commune et c'est en ce sens que Rawls considère ce principede différence comme émanant de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyens. L'obéissance à des lois injustes ou inégales s'explique ou se justifie par l'existence d'une structure suffisamment juste pour garantir unejustice suffisante.

Les sphères de justice reconnaissent alors la possibilité et l'existence de la discrimination quiserait positive en tant que cela ne signifie pas la stigmatisation d'une classe sociale donnée.c) Comme le montre Honneth dans La lutte pour la reconnaissance : le problème principal se situe en effet dans la non-reconnaissance justement de l'individu dans sa spécificité et dans son expérience de l'injustice dans la théorierawlsienne de la justice.

L'individu est sacrifié en vue de l'utilité de la majorité.

Dès lors, en définissant la justice àpartir du droit de la liberté, cela revient à affirmer que les différentes représentations du bien ne sont acceptablesque dans la mesure où elles sont conformes à l'égal respect de ces libertés individuelles.

Du point de vue de cettereconnaissance et afin qu'elle ne devienne pas une politique de quota et de quantification de la population il sembleopportun que cette discrimination s'arrête aux femmes et aux travailleurs handicapés.

Conclusion : Dès lors, on peut dire que si la discrimination doit être positive c'est qu'elle doit permettre de pallier des inégalités alors que le paradoxe même du concept est justement de créer une différence de traitement à travers ungroupe de citoyens.

C'est donc une refonte essentiellement et en profondeur du concept de discrimination quis'opère.

Néanmoins, à l'aune de l'idée démocratique, de son efficacité et de l'idéal républicain, peut-on s'interrogersur sa pertinence.. »

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