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La diversité des opinions rend-elle vaine la recherche de la vérité ?

Publié le 27/09/2005

Extrait du document

L'opinion pense mal ; elle ne pense pas : elle traduit des besoins en connaissances. En désignant les objets par leur utilité, elle s'interdit de les connaître. On ne peut rien fonder sur l'opinion : il faut d'abord la détruire (...)L'esprit scientifique nous interdit d'avoir une opinion sur des questions que nous ne comprenons pas, sur des questions que nous ne savons pas formuler clairement. Avant tout, il faut savoir poser des problèmes (...) C'est précisément ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit scientifique. Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question. S'il n'y a pas eu de question, il ne peut y avoir connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien n'est donné.

La vérité est ce qui se présente d'emblée comme universelle ; elle est donc unique, identique en tout temps et en tout lieu. La vérité est valable pour tous et échappe donc au relativisme. Or, le relativisme caractérise les jugements personnels et individuels que sont les opinions. Ainsi, l'opinion apparaît comme contradictoire avec l'idée de vérité et la remet même en question : s'il y a autant d'opinions qui se valent que d'individus, c'est tout critère du vrai qui s'évanouit. Et c'est même tout jugement moral qui est interdit si les opinions sont équivalentes.

Mais le problème est de savoir comment atteindre la vérité. Le débat d'opinions n'est-il finalement pas une démarche afin de découvrir le vrai ? Refuser l'opinion des autres revient à supposer que l'on dispose soi-même de l'unique vérité : est-ce réellement toujours le cas ? De plus, peut-on faire taire les voix divergentes au nom de la Vérité ? Le problème moral et politique est sous-jacent.

« Ce qui montre, par la négative, que la diversité des opinions tourne le dos à la vérité.

Seulement, s'il existe autantde vérités que d'avis, alors le dialogue n'est plus possible et tout est permis au nom de sa vérité ; ceci est vrai oulégitime parce que je le pense.

C'est une thèse assez dangereuse qui autoriserait n'importe quel acte aussiintolérable soit-il.Ainsi, il s'agit de combattre cette diversité des opinions.

Car après tout, comme le souligne Platon en réponse àProtagoras, s'il y a bien du relativisme (ce plat peut me paraître, à moi, tout juste salé alors qu'il l'est énormémentpour un autre), la vérité universelle doit exister car 4 et 3 feront toujours 7 ; cela échappe au relativisme desphénomènes.

Il s'agit donc de trouver des critères de vérité, une méthode pour parvenir au vrai.

La philosophieclassique est riche de références et on peut citer en autres Descartes avec ses fameuses règles dans Le discours de la méthode . Transition : Seulement, un autre problème se pose : qui détient la vérité ? Comment est-on sûr de déceler le vrai du faux et qui peut se permettre d'imposer aux autres la vérité ? N'y a-t-il rien à tirer de la diversité des opinions ? 2) Les régimes dictatoriaux et surtout totalitaires, profite du principe de vérité universelle pour imposer leurs dogmes.

Parce qu'ils décrètent leurs idéaux comme véridiques et universels, ils interdisent la diversité des opinions.A sa manière, Tocqueville dans De la démocratie en Amérique montre qu'un despotisme nouveau (rejeton de la démocratie) est possible au travers l'uniformisation des esprits.

Uniformisation d'autant plus dangereuse qu'elle estdouce et voulue par le peuple car il délaisse au pouvoir ses droits et ses devoirs.

Un étatisme, un pouvoirpaternaliste et bienveillant moule les esprits afin de mieux les contrôler et dépossède les citoyens de leur liberté depenser.

Dans ces régimes, nul n'est enfermé pour leurs idées car on leur a ôté l'envie de débattre, de s'opposer oude se révolter.

Plus personne ne prend part à la vie politique et tous veulent la même chose : consommer sans sedemander si tel est notre bonheur.

Ainsi, la diversité des opinions peut légitimer l'autorité politique. La tendance des démocraties au despotisme chez TOCQUEVILLELa « tyrannie de la majorité » (Tome I, 11, 7 et 8) : la majorité est censée incarner la volonté du peuple et peutdonc légitimement imposer ses décisions à la minorité.

Elle risque d'abuser de son pouvoir, en opprimant la minorité.Dans une société égalitaire, l'opinion publique toute-puissante exerce un « empire moral » sur les hommes : par peurde ne pas ressembler aux autres et convaincus que il y a beaucoup plus de sagesse dans beaucoup d'hommes quedans un seul », ils se rallient à la pensée dominante.Le despotisme tutélaire : l'égalisation des conditions engendre l'atomisation du corps social et l'individualisme.

Lescitoyens désertent l'espace public et ne se soucient que de leur bien-être.

Ils abandonnent l'exercice de leur libre-arbitre, en confiant à un pouvoir unique et central le soin d'administrer leur vie, de réglementer leur pensée et leuraction pour garantir leur bonheur et leur sécurité.

Considérablement étendu et renforcé, l'État exerce une tutelleabsolue sur des citoyens complices. En outre, c'est de la confrontation des idées que peut jaillir la vérité.

Les dialogues de Platon illustrent cettepensée.

C'est par un échange d'opinions que ressort le vrai (à condition de vouloir laisser de coté ses préjugés).C'est ce qui continue de se faire aujourd'hui en épistémologie.

Les scientifiques se réunissent en des colloques et nulne peut nier l'importance de la communauté scientifique.

Transition : Cependant, parler d'une communauté d'esprit scientifique, souhaitable afin d'atteindre la vérité, c'est oublier le véritable sens du terme « opinion ».

Le débat constructif et fructueux, ne suppose-t-il pas la raison,l'idée construite et démontrée plutôt qu'une simple opinion ? 3) En effet, les dialogues de Platon présupposent une confrontation d'idées et non d'opinions ; la communauté scientifique méconnaît l'opinion car elle repose sur le savoir véritable, c'est à dire des idées argumentées, desthéories cohérentes et logiques s'appuyant sur des démonstrations.

Il s'agit donc de définir rigoureusement l'opinion.C'est une idée préconçue, une idée reçue qui tient pour vrai ce qui se dit dans l'air du temps sans pour autant avoir. »

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