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La finitude permet-elle de combler les aspirations humaines ?

Publié le 27/09/2005

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  - En effet, Schopenhauer montre bien que l'alternative à l'enchaînement des désirs et de leurs réalisations sans cesse incomplète n'est autre que l'ennui mortifère. Le système pénitentiaire de Philadelphie aménage ainsi l'ennui comme punition, conduisant les détenus au suicide : il n'y a pas d'autre alternative entre l'insatisfaction du désir et l'ennui mortifère - à part la voie qu'il nous propose, qui serait d'anéantir la volonté, ne plus rien vouloir du tout (op.cit.). On ne pourrait ainsi, selon lui, combler les aspirations humaines qu'en les effaçant, soit par la mort, soit par l'extinction de la volonté.   - Mais on peut douter de la légitimité de la solution schopenhaurienne, qui consiste à « combler » le désir en l'anéantissant. Contre lui, on rappellera ce mot de Nietzsche, selon lequel « la volonté préfère encore vouloir le rien que ne rien vouloir » du tout. Anéantir la volonté, comme le veut Schopenhauer, n'est pas possible : l'homme préfère encore basculer dans le nihilisme, dont Schopenhauer représente précisément l'un des multiples symptômes.   - La finitude n'est donc pas simplement, ni essentiellement, ce qui met l'homme en échec et creuse le manque du désir, la mort se heurtant infailliblement aux aspirations humaines. Au contraire, c'est précisément ce hiatus entre la finitude humaine et les aspirations infinies de l'homme qui comble l'aspiration ultime de l'homme : c'est parce que l'existence est finie que l'homme désire encore, qu'il veut encore vouloir.

D’une part, la finitude marque le caractère fini de l’existence humaine, c’est-à-dire à la fois son imperfection dans le cours de celle-ci, et la perspective de la mort qui vient y mettre un terme. D’autre part, le désir est essentiellement caractérisé comme manque, c’est-à-dire qu’il se nourrit de son insatisfaction, ce qui le distingue du besoin. Il semble donc contradictoire d’affirmer que la finitude puisse combler les aspirations de l’homme, puisque c’est précisément l’imperfection de la vie humaine qui explique cette insatisfaction primordiale de ses désirs : si l’homme était tout-puissant, alors il pourrait aisément combler ses moindres désirs. Mais la contradiction n’est-elle pas plutôt dans l’idée même de combler les aspirations humaines, qui, si elle était réalisée, conduirait à une existence morne et ennuyeuse, privée de toute aspiration à l’infini ? Dès lors, ne serait-ce pas précisément en raison du caractère fini de l’existence que l’homme désirerait encore vivre ; plus encore, qu’il désirerait encore désirer ?

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