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LA JEUNESSE. — L'ÉDUCATION - LA VIE D'AVENTURES (1622-1658) DE MOLIERE

Publié le 26/06/2011

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moliere

Jean-Baptiste Poquelin, qui prit au théâtre le nom de Molière, était de famille marchande et Lourgeoise. Son père Jean Poquelin était le petit-fils d'un marchand de Beauvais ; il était marchand tapissier, en la rue Saint-Honoré ; et il avait épousé Marie Cressé, fille d'un tapissier. En 1631 il achète de son frère l'office de tapissier ordinaire du roi auquel était attaché le titre de valet de chambre. Molière naquit en janvier 1622. Il perdit sa mère en 1632 ; son père se remaria l'année suivante avec la fille d'un autre marchand parisien ; cette deuxième femme mourut à son tour en 1636. On ne sait absolument rien du ménage, des ménages Molière, de l'atmosphère où grandit le petit Jean-Baptiste avec sa mère ou sa belle-mère, sinon que le ménage était laborieux, sérieux et fort aisé, ce qui a son importance puisque Molière a passé son enfance et sa jeunesse dans cette aisance et non dans les inquiétudes d'une famille besogneuse et qu'il a quitté la sécurité pour les hasards de la vie de comédien. Sur cette enfance et la première jeunesse de Molière on a bâti force romans dont M. Michaut n'a pas eu de peine à montrer la puérilité.

moliere

« l'Illusion comique (1636), Quinault dans la Comédie sans comédie (1657) se flattent que le théâtre " est en un pointsi haut que chacun l'idolâtre et une école " où l'on n'enseigne plus que l'horreur des forfaits et l'amour des vertus ".Corneille et Quinault ont sans doute quelque indulgence pour l'école où ils enseignent.

Il est pourtant certain que lesfarces deviennent moins grossières, les situations et les jeux de scène moins scabreux, que les bagarres souventsanglantes deviennent moins fréquentes à la porte du théâtre ou au parterre et qu'il est de bon ton pour le beaumonde de se faire voir dans les loges ou sur la scène.

Mais ni les indulgences de l'opinion, ni la mode ne désarmentles adversaires du théâtre, ceux qui y voient pour les spectateurs l'antichambre de l'Enfer et pour les acteurs l'Enferlui-même.

Une longue et obstinée querelle du théâtre naît dès qu'on commence à plaider la cause du théâtre.

Elle sepoursuit à travers le siècle, avec le Traité de la comédie du Prince de Conti (1666), les Visionnaires de Nicole (1667); elle prend une brutale violence avec le panégyrique du théâtre écrit par le P.

Caffaro en tête d'une édition desoeuvres de Boursault et la réplique féroce de Bossuet dans ses Maximes et réflexions sur la comédie (1694), etc...

Ilserait facile de multiplier les témoignages prouvant qu'on tenait communément le théâtre pour un lieu de perdition.M.

Michaut en a donné d'abondantes preuves pour le temps de Molière.

M.

Bourquin a fait avec précision l'histoire dela querelle, jusqu'à la Lettre à d'Alembert, et Mlle Moffat l'a continuée jusqu'à la fin du xviiie siècle.

On pourraitencore compléter les preuves qu'ils apportent des inquiétudes et des résistances.

Le registre de La Grange nousapprend que lorsqu'un spectacle comportait des parties de chant, les chanteuses refusaient de paraître sur la scèneet chantaient dans des loges grillées.

C'est seulement à partir de Psyché (1671) qu'elles consentent à se mêler auspectacle.

En 1696, Daniel de Cosnac, archevêque d'Aix, excommunie ceux qui fréquentent le théâtre.

L'évêqued'Arras va tout au moins jusqu'à la menace.

Même, si nous franchissons tout un siècle, il est facile de montrer que,du moins en province, on est resté tout aussi rigoriste.

François de Neufchâteau, poète de talent et avocat, épouseen 1771 la charmante et très sage nièce de l'illustre comédien Fréville ; il est aussitôt rayé de l'ordre et sa femmeen meurt de chagrin.

Lorsque Dazincourt veut se faire acteur sa famille consternée le supplie de ne pas ladéshonorer.

Chabanon, dans sa jeunesse, vers 175o, croit qu'assister aux spectacles est un crime.

Plus tard, le curéde Pithiviers maudit Colardeau, son neveu, parce qu'il a fait recevoir une pièce à la Comédie-Française ; MmeCavaignac refuse de lire Corneille, Racine, Molière ; la tante de Tilly considère Corneille et Racine comme desempoisonneurs ; Mme Milscent tient l'assistance à la comédie pour un " gros péché ".

Quand Leprince, d'Ardenay,fait son voyage de noces à Paris, les parents font promettre de n'aller ni à la Comédie ni à l'Opéra.

Les jeunesmariés y vont tout de même, mais leur conscience n'est pas en paix.On voit donc que le père de Molière aurait pu sinon mourir de chagrin tout au moins se croire déshonoré et qu'il futsans doute tenu pour déshonoré par les MM.

Josse et les MM.

Guillaume du quartier.

En fait il se résigna, sans aucundoute, puisqu'il vint en aide, nous l'avons dit, à son fils lorsque la troupe fut en mal d'argent.

Jean-Baptiste affrontad'un coeur léger et les mépris de l'opinion et l'excommunication qui frappait, ipso facto, tout comédien dès qu'ilparaissait sur les planches.

" L'Illustre théâtre " fut fondé.

Par-devant notaire, le 30 juin 1643, des compagnons etcompagnonnes, dont Madeleine Béjart, Joseph Béjart, Geneviève Béjart et Jean-Baptiste Poquelin s'engagent à selivrer à l'exercice de la comédie en en partageant les risques, pertes et profits.

Mais il ne suffisait pas de signer uncontrat ; il fallait vivre et la vie s'avéra tout de suite comme fort difficile.

On joua d'abord au Jeu de paume desMétayers (près de l'Institut).

Le public bouda.

Il fallut quitter les Métayers et trouver un autre Jeu de paume, à laCroix-Noire, sur le port Saint-Paul (janvier 1645).

Les recettes ne furent pas meilleures.

L'Illustre théâtre fit failliteet Molière fut emprisonné pour dettes.

En août de la même année il fut relâché.

Mais l'Illustre théâtre était bien mort; la compagnie fut dissoute.

Molière et les Béjart se résignèrent à courir les aventures des troupes qui erraient àtravers les provinces et rejoignirent celle qui se targuait de la protection du duc d'Epernon et que dirigeait CharlesDufrêne.La chute était lourde.

Molière ne se lançait plus seulement dans une destinée méprisée mais qui pouvait êtreglorieuse ; il affrontait une vie dure et besogneuse.

Sans doute nous connaissons assez mal cette existence destroupes comiques qui pérégrinaient à travers les provinces et l'étranger.

Scarron nous en a laissé l'image haute encouleurs du Roman comique qui est bien connue.

Mais, malgré ce qu'on peut y relever d'observations précises queM.

Chardon a beaucoup exagérées, je la crois fort romancée.

Les ridicules y sont poussés à la farce burlesque et lesvertus y ont une candeur et une dignité qui sont trop belles pour être vraies.

Assurément il y avait de bons jours etparfois d'excellents.

A l'occasion les grands seigneurs, les municipalités, les Etats ne regardaient pas à la dépense.Les plaisirs publics étaient rares.

Lorsque quelque entrée de gouverneur, quelque tenue d'Etat pouvait donnerprétexte à quelque réjouissance, on voulait qu'elle fût somptueuse.

Toutes sortes d'estampes, de brochures, demémoires, de pièces d'archives étalent avec complaisance les merveilles de ces fastes.

La comédie en faisait partie; les comédiens faisaient alors bombance et remplissaient leur escarcelle.

Mais ces jours glorieux étaient souventsans lendemain.

Evêques et curés redoutaient pour leurs ouailles le séjour des comédiens ; les grands seigneursdonnaient leur nom plus que leurs écus ; s'il y avait quelque argent il n'y avait pas de salle.

Ou, plus fréquemment etplus gravement, la troupe devait se morfondre à rien faire parce que personne ne la demandait et qu'on luiinterdisait de tenter sa chance.

M.

Fuchs a montré que, même vers la fin du XVIIe siècle, quatre ou cinq villesseulement ont des salles de spectacles, qu'une vingtaine seulement ont conservé le souvenir de représentationsdramatiques et que dix ans parfois s'écoulent sans que des villes importantes aient vu passer une troupe decomédiens.Sans doute la troupe que dirigeaient Madeleine Béjart et Molière dut être, grâce à l'intelligence de Molière, plusheureuse que les autres.

Madeleine Béjart fait des économies puisqu'en 1644, par exemple, elle peut prêter 3.

200libres et en placer to.coo.

A Pézenas, le gueux et joyeux d'Assoucy est leur hôte pendant tout un hiver : Au milieu de sept ou huit plats,Exempt de soins et d'embarras,Je passais doucement la vie ;Jamais plus gueux ne fut plus gras.... »

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