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La justice peut-elle se passer des juges ?

Publié le 27/02/2008

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La justice peut-elle se passer des juges ?
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« chaque cas et leur jugement n'en serait que plus juste, au sens d'exact.

Platon remarque en effet que les lois sont des formules abstraites et générales.

Il ne peut exister autant de règles que de cas, car cela irait à l'infini, si bien que le législateur qui les établit doit faire abstraction des circonstances particulières qui entourent les faits, en ne retenant que ce qu'il y a de commun à tous, ou ce qui arrive le plus souvent.

Il les ramène ainsi à l'unité en négligeant les dif­ férences de temps, de lieux et de personnes.

Un nombre indéfini de cas sont soumis à une même règle qui définit à l'avance l'opération à effectuer et la fixité, l'uniformité, la généralité caractérisent ainsi les lois selon Platon.

Mais ces déterminations s'opposent radicalement de celles qui caractérisent les faits qu'elles doivent juger, poursuit-il.

Ils sont en effet différents, singuliers et hété­ rogènes comme la matière elle-même, qui est instable et en perpétuel devenir.

Parce qu'elle se transforme sans cesse, aucune situation ne se répète jamais et chaque cas est unique en son genre.

Personne ne reste identique à lui-même pour la même raison et tout change dans le temps.

À l'inverse de la loi, qui est intelligible, les faits du monde sensible sont donc divers, singuliers, variables et sans commune mesure avec les formules que l'on prétend leur appliquer.

Platon en conclut que la loi et le droit ne peuvent être absolument justes: si juger consiste en effet à appliquer une loi générale à un cas particulier, aucune règle de ce type ne peut nous permettre de juger exactement d'un fait, puisqu'elle doit faire abstraction des particularités qui en font la spé­ cificité.

Valant pour tous en général, elle ne s'applique à aucun en particulier, et si la justice réside dans l'exactitude, il faut en conclure qu'aucune loi n'est parfaitement juste en raison de sa généralité.

La solution consiste selon Platon à ne pas confier le pouvoir aux lois, mais à un homme sage qui puisse juger de tout au cas par cas.

En se passant de lois, c'est-à-dire en mettant la politique au­ dessus du droit, il pourrait tenir compte de la particularité des situations.

Son jugement serait conforme à la nature des choses.

Il serait juste au sens d'exact.

C'est l'idéal platonicien du philosophe roi: le pouvoir ne doit pas appartenir aux lois, au peuple, ou aux riches, mais à celui qui connaît la nature du juste pour qu'il s'en serve en vue du bien commun.

La justice ne réside pas en ce sens dans la loi et l'égalité, mais dans la proportionnalité et l'équité.

Platon illustre son propos en comparant d'abord les règles du droit aux prescriptions d'un mé­ decin, pour en préciser la fonction, puis à un homme stupide et borné, pour en faire la critique.

Comme les médecins délivrent des ordonnances pour que leurs patients puissent se soigner en leur absence, les gouvernants promulguent. »

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