La langue française doit-elle être défendue ?

« Cependant, nous ne pouvons en rester à une telle position.

En effet, une langue n'a pas besoin d'être défenduecontre elle-même seulement, contre son propre déclin, mais aussi contre ses propres rivaux, contre ce qui n'est paselle et menace de lui faire obstacle, sinon de la remplacer.

Il est à ce titre évident que deux langues au moins sontdes rivaux considérables pour le français : l'anglais et l'espagnol.

L'anglais est de loin la langue la plus parlée aumonde, sur tous les continents, elle est la langue officielle de nombreux pays.

Quant à l'espagnol, il est depuis dessiècles répandu dans toute l'Amérique latine et tend également à s'imposer aux Etats-Unis, du moins, à y gagner uneplace de seconde langue parlée dans le pays, en raison de l'émigration croissante des « latinos » aux U.S.A.

Maisl'importance symbolique de ces langues est également importante pour comprendre leur statut de rivales pour lefrançais : l'anglais a bel et bien supplanta le français, et depuis longtemps, comme langue des échangesinternationaux, tant économiques que politiques, et s'impose comme la nouvelle « lingua franca » d'un commercemondialisé. b.

L'interdépendance de la langue et du pouvoir économique Mais nous pouvons trouver une raison supplémentaire pour parler d'une nécessite de défendre la langue française :parce qu'une langue est liée a l'économie de son pays d'origine, de même qu'on ne conçoit pas un bâtiment solidesans des fondations assurées.

En effet, nous pouvons considérer la présence et la puissance économique d'un payscomme le socle sur lequel se bâtit la diffusion de sa langue.

Celle-ci est indispensable pour les échanges et les paysd'exportation auront d'autant plus intérêt à apprendre le français que leurs affaires avec la France serontnombreuses et fructueuses.

Or l'économie de la France a beau compter au rang des premières du monde, sesexportations restent limitées et cantonnes a des secteurs d'activité bien précis, comme le luxe, la mode… Nous ironsdonc que la langue française doit bel et bien être défendue a travers l'économie de la France, et la multiplication,l'intensification des ses relations commerciales avec le reste du monde.

La France connaît en effet depuis 2004 undéficit de sa balance commerciale, de plus en plus creusé. III.

Quels moyens concrets pour défendre la langue française ? a.

Défendre la langue française en la promouvant à l'étranger par des moyens symboliques A ce stade de notre réflexion, nous nous demanderons quels moyens concrets peuvent être envisages pourdéfendre la langue française, en confirmant la tendance a la hausse du nombre de ses locuteurs.

Une premièrepossibilité peut être cherchée du coté de la puissance symbolique du français.

En effet, au moment de choisird'apprendre une nouvelle langue, les locuteurs étrangers peuvent être détermines par l'importance sur la scèneinternationale de la langue qu'ils vont s'efforcer de maitriser.

Ainsi, la présence des instituts français a l'étranger,d'attaches culturels dans les ambassades charges de promouvoir la langue française et sa culture peuvent êtreconsidérées comme d'excellentes solutions pour accroire la présence internationale du français.

Par ailleurs,l'insistance de la France pour que sa langue soit une langue officielle dans les grands rendez vous internationaux,tels les jeux olympiques, est bien plus qu'un reflexe nationaliste ou patriotisme : il en va bien de la notoriété et de ladiffusion de la langue française à travers le monde – et, allant plus loin, de la diffusion d'une culture et de valeursvéhiculées par cette langue. b.

Défendre le substrat économique sur lequel se bâtit la diffusion d'une langue Enfin, nous en reviendrons à notre idée de l'interdépendance de l'économie et de la diffusion d'une langue vivante.En effet, nous pouvons penser que plus la France ne sera compétitive économiquement, notamment en accroissantle nombre de ses exportations et en équilibrant sa balance commerciale, plus sa langue ne sera parlée.

C'est eneffet en raison des accords économiques que les langues se diffusent de nos jours.

Nous n'avons tendance àapprendre l'anglais que pour autant que cette langue se soit imposée sur la scène économique.

Dans la mesure ounous vivons une époque ou, vraisemblablement, ce sont moins des guerres territoriales que des guerreséconomiques qui vont se livrer a large échelle, c'est donc sur le terrain de l'économie que se joue l'avenir d'unelangue.

En effet, jusqu'au dix neuvième siècle au moins, les conquêtes territoriales entrainaient la diffusionsystématique de la langue du vainqueur : et l'on peut dire que les conquêtes de Napoléon, et le colonialisme, onteut au moins ceci de positif qu'elles ont contribua massivement a l'agrandissement de la francophonie.

En revanche,de nos jours, c'est l'économie qui remplace les conquêtes territoriales, et les exportations commerciales, ou lesimplantations d'activités, les occupations politiques.

C'est donc à l'économie française de promouvoir indirectementla langue de Molière. Conclusion A première vue, la langue française semble d'autant moins nécessiter d'être défendue que ses locuteurs ontpratiquement doublé en vingt ans.

Mais s'il serait exagéré d'assombrir la situation de la neuvième langue du monde(sur les 6703 qui sont actuellement parlées) il n'en reste pas moins que le rayonnement du français est menacé pard'autres langues impérialistes et par le relatif déclin de l'économie française.

La langue de Molière doit donc êtredéfendue sur le terrain symbolique autant que par la promotion de l'économie française si elle veut être aussiuniverselle que sont universalistes les valeurs promues par la culture et l'histoire de France.. »