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La liberté est elle toujours désirable ?

Publié le 27/02/2008

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   La liberté n?est pas désirable pour tous, car elle doit avoir été éprouvée   a.    Liberté et connaissance   Dans « le Banquet », Platon raconte la naissance d?Eros, incarnation du désir. Fils de Poros (dieu de la richesse) et de la mendiante Pénia, Eros « tient le milieu entre les dieux et les mortels ».  Eros n?est donc ni un Dieu (les dieux ne désirent pas, car les dieux sont toujours comblés) ni un homme, car il n?est pas comme sa mère dans l?indigence totale. En effet, quand on ne sait pas qu?on manque d?une chose, écrit Platon, on ne la désire pas. Pour désirer, il faut donc être conscient du manque qui est le notre, c'est-à-dire ne pas être tout à fait ignorant.   b.    La servitude involontaire   Ce détour par la pensée Platonicienne nous permet de revoir notre réponse : la liberté, dans l?absolu, est toujours désirable, mais elle ne l?est pas pour tous, puisqu?il faut la connaître pour l?éprouver. Pensons à un peuple qui aurait toujours vécu dans la servitude, auquel  les gouvernants auraient interdit de penser la liberté, par exemple en le privant des mots pour la conceptualiser (comme dans « 1984 » de Georges Orwell où l?Etat réduit le vocabulaire pour réduire la pensée du peuple). Dans un tel peuple, la liberté cesserait d?être désirable, car elle n?aurait jamais été ni connue, ni pensée.

« b.

Une définition concrète et praticable de la liberté Or, il n'est pas certain que cela soit le cas de la liberté.

En effet, si nous pensons à la liberté civile, nous verronsavec Jean Jacques Rousseau que cette liberté est garantie par ce qu'il nomme le « Contrat social » (dans sonouvrage éponyme).

Ce contrat permet à « chacun de nous de mettre en commun sa personne et toute sa puissancesous la suprême direction de la volonté générale ; et nous recevons en corps chaque membre comme partieindivisible du tout ».

Chacun s'engageant à ne reconnaître d'autre volonté que la volonté générale, la liberté de tousles membres du corps politique est préservée, de même que leur égalité.

« L'obéissance à la loi qu'on s'est prescriteest liberté » écrit Rousseau.

Par conséquent, la liberté n'est pas toujours désirable, dans la mesure où elle n'est pastoujours impossible à réaliser par les hommes.

On oppose communément la liberté à la loi.

Se soumettre à la loi, ce serait ne pas ou ne plus être libre.

Mais n'obéirà aucune loi, serait-ce être libre ? Mais il faut s'entendre sur le terme liberté et sur le terme loi..Il y a un premier sens du mot libre qui est négatif : être libre c'est ne pas être empêché de faire ce qu'on a envie defaire.

On emploie le terme libre dans ce sens à propos des choses comme à propos des hommes : retirer d'un cheminles arbres qui font obstruction, c'est libérer le passage, ne pas retenir un oiseau dans sa cage, c'est le laisser librede s'envoler, ne pas empêcher quelqu'un de s'étendre sur le gazon d'un jardin public, c'est le laisser libre de le faire.Toute loi comporte des interdictions.

Dès lors toute loi réfrène la liberté, prise en ce sens négatif.

C'est le seul sensque Hobbes donne au mot liberté.

Selon Hobbes, dans l'état de nature, chacun est empêché à tout moment, dansses mouvements et ses entreprises, par autrui qui est virtuellement son ennemi.

Mais les lois d'un Etat - institué envue justement de mettre fin à cet état de guerre qu'est l'état de nature - empêchent les individus de se nuire lesuns aux autres.L'autre sens du mot liberté n'est réservé qu'à l'homme, et caractérise ce que Kant appelle l'autonomie : obéir, à la loidont on est, en tant qu'être raisonnable, l'auteur, ou encore, obéir à sa propre raison.

Obéir à sa raison, c'est êtrepleinement responsable de sa conduite.

Etre libre, c'est s'obliger soi-même à une conduite raisonnable, s'interdirecertains débordements, en un mot c'est obéir à la loi qu'on s'est prescrite.La loi peut s'entendre ici dans un sens moral, comme dans un sens politique.

Autrement dit, les obligationsauxquelles on se soumet volontairement et librement (alors qu'on subit bon gré malgré une contrainte) sont morales,ou bien civiques.

C'est dans ce sens-ci d'obligation civique que Rousseau l'entend d'abord.

Rousseau dans le ContratSocial jette les bases d'un Etat dont les lois constituent des obligations et non des contraintes : car c'est le peuplesouverain, plus exactement la volonté générale (selon la règle de la majorité) qui décide des lois.

Ainsi chacund'entre nous, en tant que citoyen, est libre parce qu'il se soumet aux lois dont il est l'auteur, en tant que membrede la volonté générale.

Conclusion : La liberté est toujours désirable, si l'on définit le désir comme la stricte volonté d'obtenir un bien dont on est privé.Mais en toute rigueur, la liberté n'est pas toujours désirable, car elle n'est pas toujours connue par les hommes (ledésir est désir de ce que l'on connait) ; et parce qu'elle n'appartient pas à la sphère des choses que l'homme nepeut atteindre (la liberté civile n'est pas une chimère, mais le fondement des sociétés démocratiques).. »

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