Devoir de Philosophie

La liberté est-elle un bien comme les autres ?

Publié le 28/05/2009

Extrait du document

La liberté désigne ce par quoi nous pouvons choisir. Aussi est-elle considérée dans la culture occidentale, non seulement comme un bien, mais peut-être un des biens les plus fondamentaux  pour lequel les héros fictifs comme réels ( Spartacus, le résistant Jean Cavaillès) se battent parfois jusqu’à la mort. Si dans nos esprits, elle occupe le premier rang; il ne faut pas oublier que , elle est également accompagnée d’autres biens ou valeurs, comme par exemple dans la devise de la République française : « liberté, égalité, fraternité «, mais aussi la justice, la sécurité et peut-être par-dessus tous les autres le bonheur souvent considéré comme le souverain bien. Mais alors parmi la longue liste de ces biens ou valeurs, quelle place occupe réellement la liberté ? C’est ce que nous devons examiner en étudiant la commensurabilité de la liberté avec les autres biens, c’est à dire si elle participe d’une mesure commune avec ces derniers ou bien si au contraire elle constitue une valeur qui dépasserait toutes les autres ?

La liberté serait un bien commensurable avec les autres dans la mesure où elle pourrait être choisie ou refusée au même titre que les autres biens tandis que le bonheur serait le souverain bien. Toutefois on peut se demander si l’on est vraiment heureux lorsque l’on n’est pas libre. Si sans la liberté, les autres biens perdent leur positivité, c’est que la liberté n’est pas et ne peut être un bien comme les autres. Toutefois si la liberté s’oppose à la vie, ne dot-elle pas lui être sacrifiée, la vie étant le bien sans lequel tous les autres biens ne sont plus des biens ? Nous sommes dès lors confrontés à ce problème : la liberté doit-elle être érigée en valeur absolue sans laquelle la vie ne mériterait pas d’être vécue ou n’est-elle au contraire qu’un bien parmi d’autres ?

 

« Social : « on vit tranquille aussi bien dans les cachots : en est-ce assez pour s'y trouver bien ?« .

Ainsi contre Hobbes, on peut soutenir que la sécurité ne peut être la seule fin de l'activité politique, mais qu'elle doit aussi sesoucier de la liberté des citoyens.

Même pour obtenir le bonheur, la liberté n'est pas un bien auquel on peutrenoncer car elle est elle-même la condition du bonheur.

La liberté n'est pas un bien auquel on peut renoncer_ Pourquoi ne peut-on renoncer à la liberté au profit du bonheur ? C'est que le bonheur est une fin recherchée parles hommes, tandis que la liberté est l'essence de la nature humaine.

En effet par sa conscience, l'homme est librede choisir sa vie et ses actions.

Par opposition aux animaux ui sont au bout de quelques mois ce qu'ils seronttoujours, l'homme se fait être lui-même par sa propre volonté.

L'être de l'homme n'est pas le déploiement d'uneessence, mais le résultat de son activité.

Ainsi son peut dire que l'être de l'homme ce qu'il fait de lui et ce qu'il faitde lui ne pourrait être accompli sans ce pouvoir de faire-être qu'est la liberté.

Par conséquent si c'est par la libertéque l'homme est, alors renoncer à sa liberté, c'est renoncer à son être humain.

C'est la raison pour laquelle la libertéest la condition sans laquelle tous les autres biens perdent de leur valeur.

C'est ce que l'on peut soutenir avecRousseau dans le même ouvrage : « renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme, aux droits del'humanité, même à ses devoirs.

Il n'y a nul dédommagement possible pour quiconque renonce à tout.

Une tellerenonciation est incompatible avec la nature de l'homme ».

Ainsi si l'on ne peut renoncer à la liberté au profit dubonheur, c'est que la liberté, contrairement au bonheur, est l'essence de la nature humaine.

La liberté n'est pas un bien comme les autres puisque sans elle, les autres biens ne sont plus des biens véritables àl'instar du bonheur.

Toutefois si la liberté s'oppose à la vie, ne dot-elle pas lui être sacrifiée, la vie étant le bien sanslequel tous les autres biens ne sont plus des biens ? III Par la liberté, l'homme s'affirme comme créature métaphysique _ La vie est un bien , non pas souverain, car lorsque nous vivons, nos désirs ne sont pas satisfaits, maisfondamental.

En effet lorsque nous n'avons pour d'autre bien que la vie, il nous semble que nous ne possédons pasgrand-chose.

Néanmoins, et c'est une évidence, l'obtention et la jouissance de tous les autres biens présuppose cepauvre et simple bien qu'est la vie sans laquelle aucun bien n'est possible.

Ainsi le bonheur présuppose éminent lavie puisque il est comme son redoublement et son intensification.

Par opposition il existe d'autres biens comme lavérité ou la liberté qui peuvent être désirés indépendamment et même contre la vie.

Si la plupart du temps, lesvaleurs se concilient plus ou moins bien, nous sommes parfois confrontés à des situations tragiques, tragiquerésultant du conflit de valeurs positives dont l'affirmation d'une détruira irrémédiablement toutes les autres.

C'estalors qu'il faut choisir une valeur en sachant que l'autre valeur toute aussi positive sera perdue pour nous.

Ainsinous pouvons nous référer à deux personnages et à deux réponses inverses dans le conflit tragique entre la véritéet la vie.

Enfermé dans une prison et menacé de torture par l'inquisition pour avoir soutenu l'héliocentrisme deCopernic, Galilée a le choix entre garder sa vie ou affirmer haut et fort ce qu'il sait être la vérité : il choisit la vie etpersonne ne le lui reprochera.

Néanmoins deux millénaires avant lui, au procès qui accepte de le gracier s'il consentà cesser son activité philosophique, Socrate considère selo Platon dans son Apologie (38a) que « la vie sans examen ne mérite pas d'être vécue », et paye de sa vie ce que l'on pourrait appeler le courage de la vérité.

Ainsi, il estpossible de préférer la vérité à la vie.

Or s'il est possible de préférer la vérité à la vie, c'est en définitive que noussommes libres de choisir entre la vie et la mort_ Par la liberté, l'homme s'affirme comme créature métaphysique.

Est métaphysique ce qui dépasse la vie.

Ainsil'homme, par sa possibilité de préférer la mort à la vie au profit d'une valeur qui dépasse sa vie, prouve que son êtrene se réduit pas à la vie physique elle-même; mais indéfiniment la dépasse.

C'est ce que l'on peut soutenir avec lechapitre IV de la Phénoménologie de l'esprit intitulée « maîtrise et servitude » : l'homme par sa seule vie n'est encore qu'un animal : animal en grec se dit zoon, ce qui signifie vivant.

Aussi pour prouver qu'il est plus que vivant,il doit risquer sa vie en tentant de mettre l'autre à mort.

C'est dans cette lutte de pur prestige que l'homme seprouve à lui-même et aux autres que son être ne se réduit pas à une chose physique, mais est véritablementmétaphysique.

C'est la raison pour laquelle les hommes aiment les jeux violents : des combats de gladiateurs, auxfilms de guerre, il s'agit toujours d'affirmer que nous sommes des plus-que-vivants en nous prouvant que noussommes capables de risquer ce qui est le plus naturel dans notre être la vie, au risque de la perdre.

Le sentiment desublime éprouvé à la lecture des combats de l 'Iliade d'Homère par exemple nous révèle que nous participons à l'au- delà de la nature, au suprasensible.

Et c'est à cause de cette affirmation métaphysique de notre être que nousaimons les héros.

Qu'est-ce qu'un héros ? Sinon un être qui, en sacrifiant sa vie pour une valeur, nous rappelle la grandeur métaphysique de notre être exprimée dans notre liberté Conclusion : La liberté n'est manifestement pas un bien comme les autres.

Si elle ne peut être considérée comme le souverainbien, elle doit pour le moins être qualifiée de fondamentale.

En effet si nous n'avons pas tout lorsque nous sommeslibres, nous n'avons plus rien lorsque nous avons perdu la liberté dans la mesure où les autres biens sont perduspour nous.

Ainsi si la liberté n'est pas grand-chose, elle est ce rien conditionnel qui fait le tout de notre existence.Plus qu'un bien qui se possède, la liberté désigne une valeur à laquelle on accède que par des actes : il n'y a pas depropriétaire de la liberté, mais seulement des hommes qui affirment la part métaphysique de leur être tant qu'ilssacrifient des valeurs plus physique ou naturelles à la liberté comme par exemple le bonheur, et jusqu'à la vie elle-même.

Ainsi comme le montre Dostoïevski, dans ses Carnets du Sous-sol ; dans un état d'harmonie universelle où chacun serait heureux pour peu qu'il suive les lois de la nature découvertes par la science, l'homme se révolteraitcontre l'ordre rationnel, contre le bonheur et son propre intérêt, dans le seul et unique but de s'affirmer libre.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles