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La loi naturelle

Publié le 08/05/2012

Extrait du document

Le rapport à la loi éternelle. - Notre point de départ a consisté à déterminer la fin dernière de la nature humaine. Toute notre enquête présupposait l'existence d'un Dieu personnel, créateur et conservateur de l'univers, conformément aux conclusions de la Théodicée. Nous savons en effet q~e rien n'existe en vertu du hasard, que chaque chose occupe la place qui lui revient et a une fin déterminée à réaliser en accord avec sa propre nature, que toutes ces fins particulières sont elles-mêmes ordonnées à la fin universelle, qui est la gloire de Dieu. La création de l'uni(Jers apparaît donc comme la réalisation d'un plan éternel, où tout est parfaitement ordonné: une loi, éternelle comme la pensée divine, immuable comme la sagesse de Dieu, préside à cet univers et eonduit chaque être à la fin requise par sa nature et par sa fonction dans le tout ...

Le témoignage de la conscience. - Enfin, c'est un fait absolument certain que tous les hommes éprouvent dans leur conscience, et sans doute possible, le sentiment intime et invin· cible d'une loi qui leur commande de faire le bien et d'éviter le mal. C'est cette expérience que noUs désignions plus haut comme constituant le sens moral. Elle n'est pas, comme telle, le fruit d'un enseignement, ni l'objet d'un libre choix, ni le privilège d'un moment particulier de la vie. Elle accompagne inséparablement l'exercice de la raison et ne cesse jamais de s'imposer au plus profond de la conscience, comme la règle vivante de notre action. Aussi l'appelle-t-on justement <>...

« 98 LES LOIS MORALES êtres inanimés, c'est une force aveugle qui est à l'œuvre : la relation entre la fin et les moyens est purement mécanique.

Chez les brutes règne l'instinct, grâce auquel la loi s'accomplit sous l'influx d'une nécessité interne.

Là, ni mérite, ni démérite et, par suite, ni devoir ni droit ne se rencontrent.

Par rapport à l'homme, la loi n'est plus mécanique ni instinc­ tive, mais morale.

Elle oblige la volonté, mais en laissant au libre arbitre le choix entre le bien ct le mal : le mérite et le démérite ne se comprendraient pas autrement.

La loi morale naturelle n'est donc rien d'autre que la loi éternelle, en tant que celle-ci a pour objet la régulation de l'actiPité humaine.

De là résulte une différence radicale entre ce qui est conforme à l'ordre et ce qui s'y oppose, c'est-à-dire entre le bien et le mal.

L'ordre final lui-même se présente comme une loi pour la créature raisonnable, parce qu'il est, e"ssentiellement, un ordrr divin, une participation à la Ra1son, principe du gouvernement de toutes choses.

81 2.

La Raison divine.- Il faut bien comprendre tout ce que signifie cette doctrine.

Si la loi éternelle se confond avec la raison de Dieu, elle s'apparente aux idées divines, éternelles et immuables, comprises dans la Raison divine (ou Verbe divin, selon la Révélation chrétienne) (Ill, 403).

Ces idées, qui sont la Loi divine, sont donc non seulement de Dieu : elles sont Dieu.

Il s'ensuit que la loi éternelle n'est autre que Dieu lui-même, qui par sa Raison gouCJerne chaque chose comme il l'a créée.

Nous sommes très loin par là de la conception stoïcienne de la loi, comprise comme une sorte de Fatum ou de Décret imper­ sonnel qui s'imposerait à Dieu même.

En réalité, la loi éternelle, telle que nous la conceCJons, se troupe liée à l'idée de création.

et ne fait qu'un apec la Sagesse de Dieu, qui meut et dirige vers leurs fins tous les êtres qu'elle a créés.

C'est pourquoi sainL AuGUSTIN et saint THOMAS affirment que Dieu a cc concréé » en même temps la loi naturelle et les êtres qu'il appelait à l'existence.

Aussi peut-on dire que la loi éternelle est en quelque sorte dans la raison humaine : elle est la raison diPine rayonnant en nous par mode de partici­ pation 1 • (1) cr.

Et.

GILSON, L'e ..

prit de la philosophie médiél'ale, Paris, 1932, t.

II, p.

129-133.. »

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