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La matière vivante a-t-elle une âme ?

Publié le 30/08/2009

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La matière vivante a-t-elle une âme ?

   L'âme est aujourd'hui une notion dont les connotations religieuses ou métaphysiques semblent l'avoir bannies du terrain de l'explication scientifique, et à fortiori si on l'on rapporte l'âme à la matière vivante. La matière et la vie nous semble être des objets scientifiques qui vont de soi, tandis que l'âme se voit préférer l'étude de la pensée, la conscience ou le psychisme. On dissocie par là deux problèmes que a notion d'âme impliquait justement de penser ensemble : celui de la vie et celui de la pensée.

                Le sens philosophique de l'âme consiste bien dans ce statut de principe expliquant à la fois la vie et la pensée, et la question de savoir si la matière vivante a une âme, loin de porter exclusivement sur le rapport entre l'âme et la vie, implique, par la présence du terme de matière, de penser la cohérence des deux versants du concept d'âme. Il faut d'emblée noter que contrairement aux apparences, les concepts de matière et de vivant ne sont pas plus immédiatement scientifique, tout deux ayant aussi une origine et des connotations métaphysiques. La matière est initialement un élément naturel mis en forme par l'artifice humain, et les philosophes l'ont d'abord conçue comme un fond indifférencié qui subsisterait abstraction faite de toutes les qualités de la chose envisagée. Quant au vivant, il s'agit des êtres qui ont certaines caractéristiques communes, comme celles de se reproduire et d'être en relation constante avec un milieu extérieur grâce auquel ils se nourrissent et se développent.

                Le problème qui mobilise la notion d'âme est en fait double : au niveau ontologique, il s'agit de savoir si l'organisme reçoit son organisation d'un principe immatériel ou bien si la matière renferme en elle son propre pouvoir d'organisation ; au niveau épistémologique, il s'agit de savoir quelle valeur explicative a pu avoir le concept d'âme par rapport aux phénomènes de la vie. Ces deux versants doivent être examinés pour donner un sens philosophique à la possibilité revendiquée par les sciences de comprendre la vie sans faire appel au concept d'âme.

 

« II. n'ont rien de commun L'intuition est qu'il faut expliquer le corps par des causes d'ordre corporel, la pensée par des causesd'ordre spirituel, mais ne pas confondre les deux ordres d'explication.

C'est une telle confusion que dénonceDescartes au début du Traité des passions : « On a cru sans raison que notre chaleur naturelle et tous les mouvements de nos corps dépendent de l'âme, au lieu qu'on devait penser au contraire que l'âme ne s'absente,lorsqu'on meurt, qu'à cause que cette chaleur cesse, et que les organes qui servent à mouvoir le corps secorrompent.

» La conséquence est radicale : si la matière est vivante, il faut l'expliquer par la matière et non parl'âme.

2.

L'âme est alors le propre de l'homme vivant, on peut tout au plus dire que l'homme est un être composé de matière vivante et d'une âme pensante Du même coup on ne doit pas généraliser le concept d'âme à l'ensemble du vivant.

Le propre de l'hommeest d'être une substance pensante, qui ne se trouve pas chez les animaux, qui ne sont que des corps comparablesà des automates bien réglés (du moins pendant toute la durée de leur vie).

Vivre prend alors deux senscomplètement différents selon qu'on le rapporte au corps ou à l'âme.

Pour le corps vivre signifie fonctionner, tandisque pour l'âme, vivre signifie avoir conscience de soi (pensée et réflexion).

Le fait que l'homme soit une réalitécomposée ne peut plus être posée comme principe d'explication valant pour tout le vivant, au contraire, celadevient bien plutôt un problème métaphysique : celui de comprendre l'union de deux substances si hétérogènes.

3.

Ce dualisme conduit à un mécanisme qui manque la spécificité du vivant Le problème est que l'on risque de manquer ce qui fait que la matière vivante diffère radicalement de lamatière inorganisée.

C'est le problème de l'unité d'un être organisé, unité irréductible qui semble résister à touteapproche purement matérielle qui réduit les organismes à leur constituants physico-chimiques.

Or, ces élémentssemblent impuissants à rendre compte l'unité en cause dans l'organisme, qui se traduit concrètement par lesfacultés d'auto-construction, d'auto-conservation, d'auto-régulation et d'auto-réparation.

Transition : la difficulté de rendre compte de la spécificité du vivant peut être considéré comme la motivation positive du concept d'âme.

Il faut donc dire en quel sens la matière vivante peut être pensée sans son rapport àl'âme, sans être rabattue sur la matière inorganisée.

La matière vivante peut néanmoins être comprise dans sa spécificité sans être rapportée à une âme III.

1.

Néanmoins, cela suppose la prise en compte de trois découvertes scientifiques Hume reprochait au finalisme de ne faire que copier le processus d'organisation en le transférant de lamatière vers la pensée, sans pour autant rien expliquer.

On peut dire que trois découvertes scientifiques tendent àmontrer la capacité d'organisation interne à la matière et qui constitue des caractéristiques essentielles de la vie : 1) La théorie cellulaire rapporte tout le vivant à un même constituant homogène : pas besoin de l'âme pour penser l'unité derrière la diversité des corps vivants, ni non plus pour penser l'échange constant del'organisme avec le milieu. 2) Les lois de la génétique permettent de comprendre que des mêmes qualités se transmettent d'une génération à une autre, pas besoin d'une âme pour expliquer les différents modes d'organisation et decroissance propre à chaque espèce vivante. 3) Les théories de l'évolution montrent que les espèces vivantes ont un devenir propre, plus ou moins déterminé selon la portée que l'on donne au concept de sélection naturelle, mais en tout cas cette évolutionn'est pas anthropocentrée et expliquée par des différences d'âmes. 2.

Ces découverte sont alors compatible avec un finalisme restreint Il faut donc distinguer entre une finalité externe (celle qui hiérarchise les êtres et en rend compte parun principe transcendant) et une finalité interne (celle dont on parle quand on dit qu'un organe remplit unefonction).

L'âme était une application de la première finalité : elle explique un ordre matériel par un ordre immatériel.Il faut au contraire se contenter d'une finalité restreinte, qui signifie comme le montre Kant au §65 de la Critique de la faculté de juger , que les parties n'existent pas seulement pour les autres parties mais aussi par les autres : c'est cette double relation qu'il faut penser, et qui est irréductible à une conception du vivant comme machine.

Cettedouble relation c'est celle qui est alors comprise sous le concept de « fin naturelle ».

3.

Ce finalisme est restreint, précisément en ce qu'il ne fait pas appel à la notion d'âme C'est ce qui fait que le finalisme inhérent à l'approche scientifique du vivant peut et doit se passer duconcept d'âme : « ou bien l'on présuppose la matière organisée comme instrument de cette âme, ce qui ne la rendpas plus intelligible, ou bien l'on fait de l'âme l'artiste de cette construction, et l'on doit ainsi retirer le produit à lanature (corporelle) ».

Conclusion. »

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