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La morale est-elle seulement une obligation sociale ?

Publié le 12/08/2004

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morale

La morale est un ensemble de règles à contenu prescriptif et non descriptif. Le prescriptif désigne ce qui doit être tandis que le descriptif désigne ce qui est. Il y a les faits et les valeurs. Le devoir désigne lobligation pour un sujet dagir dune manière déterminée, considérée comme moralement ou juridiquement nécessaire. On parle du devoir en général quand on sattache au fait même dêtre moralement contraint ; de devoirs en particulier quand on lie lobligation à des actions spécifiques.  L’obligation désigne le sentiment d’être moralement contraint à faire son devoir. L’obligation sociale est le sentiment d’être contraint à faire son devoir sous le joug de la société qui nous a éduqué en vue d‘intérioriser ses lois et ses interdits. Il s’agit donc de savoir si la morale dont l’essence est le devoir et l’obligation peut être réduite à une obligation sociale ?

Pour définir le devoir qui est précisément le fait dêtre moralement contraint, il sagit de connaitre la provenance de cette contrainte : quest-ce qui me commande ce que je dois ou ce que je ne dois pas faire ? Or si l’on se réfère à l’expérience du scandale ou de l’indignation, on constate que ce qui nous commande à faire ou ne pas faire semble dépasser l’intériorisation des interdits effectuée pendant l’éducation : les principes moraux se présentent à nous comme surgissant de notre conscience. En ce sens la morale ne peut se réduire à une obligation sociale dans la mesure où elle a des prétentions universelles et nécessaires .  Dans la mesure où elle a cette prétention, il est nécessaire que la morale est un fondement dans la nature. Toutefois sommes nous- certains que ces principes soient inhérents à la nature humaine ? Devant la multiplicité des morales, il faudrait plutôt supposer que l’obligation morale se réduit à une obligation sociale issue d’une convention entre les hommes et destinée à assurer la possibilité de vivre ensemble. Néanmoins si les contenus moraux diffèrent, il nen reste pas moins que le fait même de la morale demeure irréductible. Comment penser alors un fondement de la morale qui ne soit pas naturel ? 

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« volontés des individus, elle est volontaire, consciente, et artificielle comme par exemple le contrat économique oules usages de la politesse 'Est-ce que l 'on peut soutenir avec le Gorgias (482c) de Platon : Calliclès retrace le processus qui a donné naissance, de manière artificielle, à la loi (aussi bien morale que politique): certains hommessont naturellement assez forts et assez courageux pour satisfaire tous leur désir, au détriment les plus faibles.

Afinde se protéger, les faibles ce sont donc alliés et on instaurer des principes artificiels comme celui qui stipule quenous ne devons pas commettre d 'injustice.

Ce genre de principe n 'est pas naturel, mais dicté par les faibles, dans leur propre intérêt et pas jalousie: il vise à dissuader ceux qui en seraient capable d 'utiliser toute leur puissance.

Ces principes sont travestis en évidence naturelle et inculqués à tous par l 'éducation, formant ce que nous avons appelé la « conscience morale ».

Cette conscience qu 'on nous enjoint d 'écouter ne possède donc comme principe qu'une loi instaurer par une partie de la population au détriment d 'une autre.

Ainsi qu 'en j 'écoute ma conscience, ce n'est pas moi que j 'écoute, encore moins des principes naturels, mais c 'est le ressentiment des plus faibles qui parle en moi et aliène ma volonté._ L'obligation sociale résulte de l 'intériorisation des interdits sociaux.par l'éducation Sans adhérer parfaitement à l'explication de Calliclès, il est possible d 'en reprendre le schéma afin de tracer différentes généalogies possible de la conscience morale.

Par exemple, si ce ne sont pas les faibles, nous pouvons également imaginer que les puissants,les dominants, sont à l 'origine des principes moraux.

Ceux-ci ayant alors pour but d 'asseoir et de préserver leur pouvoir.

Dans tous les cas, il s 'agit de remarquer que la conscience que nous prenions pour naturelle est en fait construite par l 'éducation et par l 'intégration de principes que d 'autres nous inculquent.

Lorsque ceux-ci sont si intégrés et que nous les prenons pour des évidences naturelles alors notre conscience est aliénée.

T : L'obligation morale se réduirait à une obligation sociale issue d'une convention entre les hommes et destinée àassurer la possibilité de vivre ensemble.

Néanmoins si les contenus moraux diffèrent, il n 'en reste pas moins que le fait même de la morale demeure irréductible.

Comment penser alors un fondement de la morale qui ne soit pasnaturel ? III La seule morale est légitime, et la légitimité vient de la raison _ La morale ne peut se réduire à une convention entre les hommes qui serait intériorisée par le moyen del'éducation.

Toutes les entreprises de réduction sont plus aisées que les pensées qui s 'attachent à la positivité du fait moral en tant que tel.

C 'est-ce que l 'on peut montrer avec l 'Antigone de Sophocle : Antigone est condamnée à mort pour avoir respecté l 'exigence de sa morale contredisant les lois de la cité promulguée par Créon.

D 'après cet exemple nous voyons que les devoirs peuvent se contredire entre eux.

Aussi si la morale ne se comprenait quecomme une convention entre les hommes, il serait impossible de la contester et jamais la conscience d 'Antigone n'aurait pu protester devant la loi de Créon.

C 'est la preuve qu 'une exigence peut s 'élever en notre conscience qui n'est pas réductible à l 'intériorisation d 'une loi sociale.

Si le devoir exigé par la loi sociale se heurte à un autre devoir, c 'est que la morale n 'est pas réductible à une convention artificielle entre les hommes social. _ Il y un devoir moral qui peut s 'opposer à la convention et qui lui est même supérieur.

Ainsi si l 'on se réfère au livre d'Hannah Arendt Eichmann à Jérusalem , nous voyons la déposition d 'Eichmann, un fonctionnaire qui a appliqué avec zèle les lois du régime nazi concernant l 'extermination des Juifs d 'Europe.

Eichmann lui-même, bourreau ordinaire installé dans ses bureaux, sait qu 'il a cessé d 'appliquer son devoir moral lorsqu '’il a accepté ce poste, mais il se défend en arguant qu 'il n'a fait que son devoir.

Nous sommes alors bien en présence de deux devoirs : l 'un qui est une obligation juridique et sociale, et l 'autre qui est une obligation morale.

Or ces devoirs s 'excluent réciproquement. En choisissant de faire son devoir social d 'extermination, Eichmann a choisi de négliger son devoir moral qui était de refuser de le faire.

Et en ce sens il est coupable.

Faut-il pour autant penser que la morale a un fondement dans lanature ?_ Si la morale avait un fondement dans la nature, elle ne serait pas pour autant légitime.

Rien ne nous dit en effet que le caractère inné ou naturel des principes fonde leur justesse: la nature est peut être trompeuse, ou au moinsindifférente au meilleur.

Ce n 'est pas parce que quelque chose est naturel qu 'il doit posséder une autorité sur nous. En effet nous sommes des êtres de raison, capables de nous donner à nous-mêmes les règles de notre action.

Aussique la morale ait son fondement en Dieu ou dans la nature, elle n 'a par principe aucune légitimité pour nous tant que nous n 'avons pas reconnu sa conformité avec la raison.

Ainsi si la légitimité ne peut venir que de la raison, la seule morale légitime trouvera sa validité dans l 'épreuve de la raison.

C 'Est-ce que l 'on peut soutenir avec Kant dans la seconde section de la Fondation de la métaphysique des mœurs : l'impératif catégorique émane de la raison et se formule ainsi : « agis uniquement d 'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu 'elle devienne une loi universelle ».

Je dois agir de telle manière que l 'universalisation de ma maxime soit pour moi souhaitable.

Ainsi la validité de la morale découle d 'un test logique.

Il ne s 'agit pas de s 'interroger sur les conséquences possibles de mon action, mais à lui appliquer un test, permettant d 'identifier sa moralité en vertu de l 'exigence pour le devoir d 'être suivi comme une loi.

Par exemple le mensonge n 'est pas moral parce qu 'il contredit le test théorique de moralité.

Par conséquent, la validité de la morale vient de la raison seule, et elle ne peut être déduite de la nature, même s 'il s'agit de la nature humaine.

Conclusion : La définition de la morale réduite à l'obligation sociale nous a semblé invalidé au cours de notre réflexion.

En effetpar ses prétentions à valoir pour tous temps et tous lieux, l‘obligation inhérente à la morale paraissait provenir desprincipes de notre conscience plutôt que de la société.

Nous avons néanmoins été amené à douter du fondement de l'obligation dans la nature humaine; ce qui nous a conduit à envisager sérieusement l 'hypothèse que la morale était réductible à une obligation sociale résultant d'une convention originaire entre les hommes et intériorisée par. »

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