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La morale peut-elle être conciliable avec les opinions ?

Publié le 31/01/2005

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morale
Et entre plusieurs opinions également reçues, je ne choisissais que les plus modérées : tant à cause que ce sont toujours les plus commodes pour la pratique, et vraisemblablement les meilleures, tout excès ayant coutume d'être mauvais; comme aussi afin de me détourner moins du vrai chemin, en cas que je faillisse, que si, ayant choisi l'un des extrêmes, c'eût été l'autre qu'il eût fallu suivre. [...] être le plus ferme et le plus résolu dans mes actions que je pourrais, et ne suivre pas moins constamment les opinions les plus douteuses, lorsque je m'y serais une fois déterminé, que si elles eussent été très assurées. Imitant en ceci les voyageurs qui, se trouvant égarés en quelque forêt, ne doivent pas errer en tournoyant, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, ni encore moins s'arrêter en une place, mais marcher toujours le plus droit qu'ils peuvent vers un même côté, et ne le changer point pour de faibles raisons, encore que ce n'ait été au commencement que le hasard seul qui les ait déterminés à le choisir : car, par ce moyen, s'ils ne vont justement où ils désirent, ils arriveront au moins à la fin quelque part, où vraisemblablement ils seront mieux que dans le milieu d'une forêt. Et ainsi les actions de la vie ne souffrant souvent aucun délai, c'est une vérité très certaine que, lorsqu'il n'est pas en notre pouvoir de discerner les plus vraies opinions, nous devons suivre les plus probables ; et même, qu'encore que nous ne remarquions point davantage de probabilité aux unes qu'aux autres, nous devons néanmoins nous déterminer à quelques-unes, et les considérer après, non plus comme douteuses, en tant qu'elles se rapportent à la pratique, mais comme très vraies et très certaines, à cause que la raison qui nous y a fait déterminer se trouve telle. [...] tâcher toujours à me vaincre, que la fortune, et changer mes désirs plutôt que l'ordre du monde; et généralement, m'accoutumer à croire qu'il n'y rien qui soit entièrement en notre pouvoir, que nos pensées [...] faire une revue sur les diverses occupations qu'ont les hommes en cette vie, pour tâcher à faire choix de la meilleure ; [...] employer toute ma vie à cultiver ma raison...    Transition Si morale et opinions ne diffèrent pas, cela signifie-t-il que la morale n'est pas un savoir ?

La morale doit être comprise comme l’ensemble des règles de conduite tenues pour inconditionnellement valables. Elle indique à l’homme, aux hommes, quelles sont les bonnes et mauvaises manières de penser, d’agir. La morale n’est pas conçue ici comme telle ou telle morale particulière, mais comme morale en général- en son concept. L’opinion doit par ailleurs être définie comme ce qui s’oppose au savoir : c'est un jugement, un avis émis sur un sujet. Elle n’est pas nécessairement rationnelle et raisonnable, et s’oppose en ce sens au savoir. Les opinions sont ainsi synonymes de croyances, de convictions. La morale peut-elle être conciliable avec les opinions ? Poser cette question revient à présupposer que morale et opinions sont opposées, voire exclusives les unes des autres. La morale définit en effet ce qu’il faut faire, tandis que les opinions sont des avis subjectifs. Le caractère objectif et impératif de la morale est-il alors conciliable avec le contenu subjectif des opinions ? En quel(s) sens peut-on rapprocher (extérieurement) morale et opinions ?

morale

« le cœur des hommes et caractérise l'humanité : la pitié, sentiment qui le conduit à souffrir au spectacle de lasouffrance de l'autre.

Pourtant, de nombreux événements dans la vie courante et dans l'histoire nous montrent quece sentiment n'est pas toujours présent chez les hommes.

En effet, si on affirme que l'homme est animé par cesentiment, que sa conscience le guide, comment, une fois encore, comprendre la barbarie, la violence, la cruautédont les hommes peuvent être capables ? L'argumentation de Rousseau est double :- si les hommes sont capables de cruauté, c'est parce que la société les a pervertis en faisant naître le vice, lacomparaison et la rivalité ;- l'existence de ce sentiment est avérée par la réalité.

En effet, si la morale ne reposait que sur la raison, cela feraitbien longtemps que l'humanité aurait disparu.Transition La conscience pourrait concilier morale et opinions.

Il reste qu'elles restent toujours hétérogènes les unes auxautres, et que la conscience doit faire effort pour les rapprocher.

Morale et opinions sont elles vraiment de naturehétérogène ? II- Le bon sens identifierait morale et opinions. Descartes met bien en exergue le fait que le bon sens et une bonne opinion.

C'est sans doute là le sens de ce qu'onentend comme sa « morale par provision ».

Mais qu'est-ce exactement que le bon sens ? Pourquoi la morale et lesopinions pourraient ne pas différer les unes de autres ? Deux textes de Descartes Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense enêtre si bien pourvu, que ceux mêmes qui sont les plus difficiles à contenter entoute autre chose, n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils n'en ont.

Enquoi il n'est pas vraisemblable que tous se trompent ; mais cela témoigne quela puissance de bien juger, et distinguer le vrai d'avec le faux, qui estproprement ce qu'on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égaleen tous les hommes ; et ainsi la diversité de nos opinions ne vient pas de ceque les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce quenous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas lesmêmes choses.

Car ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principalest de l'appliquer bien.

Les plus grandes âmes sont capables des plus grandsvices aussi bien que des plus grandes vertus ; et ceux qui ne marchent quefort lentement, peuvent avancer beaucoup davantage, s'ils suivent toujoursle droit chemin, que ceux qui ne font ceux qui courent et qui s'en éloignent. [...] obéir aux lois et aux coutumes de mon pays, retenant constamment lareligion en laquelle Dieu m'a fait la grâce d'être instruit dès mon enfance, etme gouvernant, en toute autre chose, suivant les opinions les plus modérées,et les plus éloignées de l'excès, qui fussent communément reçues en pratiquepar les mieux sensés avec lesquels j'aurais à vivre.

[...] Et entre plusieursopinions également reçues, je ne choisissais que les plus modérées : tant à cause que ce sont toujours les pluscommodes pour la pratique, et vraisemblablement les meilleures, tout excès ayant coutume d'être mauvais; commeaussi afin de me détourner moins du vrai chemin, en cas que je faillisse, que si, ayant choisi l'un des extrêmes, c'eûtété l'autre qu'il eût fallu suivre.

[...] être le plus ferme et le plus résolu dans mes actions que je pourrais, et nesuivre pas moins constamment les opinions les plus douteuses, lorsque je m'y serais une fois déterminé, que si elleseussent été très assurées.

Imitant en ceci les voyageurs qui, se trouvant égarés en quelque forêt, ne doivent paserrer en tournoyant, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, ni encore moins s'arrêter en une place, mais marchertoujours le plus droit qu'ils peuvent vers un même côté, et ne le changer point pour de faibles raisons, encore quece n'ait été au commencement que le hasard seul qui les ait déterminés à le choisir : car, par ce moyen, s'ils nevont justement où ils désirent, ils arriveront au moins à la fin quelque part, où vraisemblablement ils seront mieuxque dans le milieu d'une forêt.

Et ainsi les actions de la vie ne souffrant souvent aucun délai, c'est une vérité trèscertaine que, lorsqu'il n'est pas en notre pouvoir de discerner les plus vraies opinions, nous devons suivre les plusprobables ; et même, qu'encore que nous ne remarquions point davantage de probabilité aux unes qu'aux autres,nous devons néanmoins nous déterminer à quelques-unes, et les considérer après, non plus comme douteuses, entant qu'elles se rapportent à la pratique, mais comme très vraies et très certaines, à cause que la raison qui nous ya fait déterminer se trouve telle.

[...] tâcher toujours à me vaincre, que la fortune, et changer mes désirs plutôtque l'ordre du monde; et généralement, m'accoutumer à croire qu'il n'y rien qui soit entièrement en notre pouvoir,que nos pensées [...] faire une revue sur les diverses occupations qu'ont les hommes en cette vie, pour tâcher àfaire choix de la meilleure ; [...] employer toute ma vie à cultiver ma raison... Transition Si morale et opinions ne diffèrent pas, cela signifie-t-il que la morale n'est pas un savoir ? Le bon sens pourrait alorsêtre irrationnel ? Ceci est loin d'être sûr.... »

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