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La nature est-elle mauvaise ?

Publié le 30/01/2005

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. Aujourd'hui que nous sommes entrés dans le courant contraire, alors que nous autres immoralistes cherchons, de toutes nos forces, à faire disparaître de nouveau du monde l'idée de culpabilité et de punition, ainsi qu'à en nettoyer la psychologie, l'histoire, la nature, les institutions et les sanctions sociales, il n'y a plus à nos yeux d'opposition plus radicale que celle des théologiens qui continuent, par l'idée du "monde moral", à infester l'innocence du devenir, avec le "péché" et la "peine". Le christianisme est une métaphysique du bourreau... »   Nietzsche renverse l'argument kantien : le libre arbitre a été « inventé » ou posé uniquement dans le but de pouvoir juger moralement, d'assouvir sa domination. Ce n'est pas parce que l'homme est libre de diriger sa volonté qu'on peut le dire responsable et le juger mais c'est pour pouvoir le juger qu'on le dit libre. Le libre arbitre et avec lui la responsabilité sont donc des illusions. C'est bien une évolution naturelle qui a conduit l'homme à inventer le libre arbitre, comme le montre l'argumentation nietzschéenne : le libre arbitre n'est donc pas le moteur d'une évolution culturelle mais son résultat. La culture, dans cette perspective, est le point auquel une évolution naturelle est parvenue à un moment donné, mais il n'y a pas d'un côté une culture, de l'autre une nature.     III - La position existentialiste sartrienne   La position nietzschéenne détruit la notion de libre arbitre. L'homme n'est par conséquent jamais responsable de ses actions, puisqu'il est toujours le produit d'un devenir qui lui échappe. Le jugement moral apparaît alors impossible.

Notre analyse de la notion de nature a dévoilé que celle-ci désignait toujours ce qui ne relève pas de la libre volonté humaine : celui qui est violent par nature est déjà quasiment excusé parce justement c’est « dans sa nature «. Aussi semble-t-il impossible d’affirmer un quelconque jugement morale, comme « mauvais «, sur la nature en tant que telle. D’où notre première question :

I – La nature peut-elle être jugée moralement ?

 

Mais l’intuition qui nous conduit à poser cette première question soulève un autre problème : si la nature ne peut être en elle-même mauvaise, il y a pourtant bien chez certains hommes des actions que nous disons mauvaises, que nous jugeons moralement. Est-ce à dire qu’une part de ce qui constitue l’homme n’est pas naturelle ? Formulé autrement, pouvons-nous être autre chose que des êtres naturels ? Ces deux questions nous invitent à penser le rapport entre nature et culture :

II – La culture qui seule peut-être jugée moralement, ne résulte-t-elle pas d’une évolution naturelle ?

« raison, pour ainsi dire, simplement comme concomitante, mais au contraire, comme complète en soi, quand même lesmobiles sensibles ne seraient pas du tout en sa faveur et qu'ils lui seraient tout à fait contraires ; l'action estattribuée au caractère intelligible de l'auteur : il est entièrement coupable à l'instant où il ment ; par conséquent,malgré toutes les conditions empiriques de l'action la raison était pleinement libre, et cet acte doit être attribuéentièrement à sa négligence.

» Comment juger moralement ? Kant montre que le jugement morale n'est possible que parce que l'homme estresponsable de ses actions.

Il l'est parce que sa raison est autonome, c'est-à-dire peut être la cause des actions :« comme si l'auteur commençait absolument avec elle une série de conséquences ».La liberté fonde la responsabilité et le jugement morale n'est possible que par ce fait : l'auteur d'une actionmauvaise n'est blâmé que parce qu'il est responsable de ses actes.

Autrement dit, sa « mauvaise nature » n'excuserien du tout.Par conséquent, ce qui est naturel en l'homme n'a rien à voir avec le jugement moral qui n'est possible que parceque l'homme est autonome dans sa volonté par rapport à la nature.

II – La culture qui seule peut-être jugée moralement, ne résulte-t-elle pas d'une évolution naturelle ? L'homme, dans la perspective kantienne, semble jouir d'une autonomie vis-à-vis de la nature, celle-ci seulepermettant le jugement moral.

Ce qui détermine les choix humains, libres par essence, relève donc du culturel et nondu naturel.

Mais la culture dans laquelle baigne l'homme n'est-elle pas elle-même le fruit d'une évolution naturelle ?Notre question interroge directement la responsabilité.

Référence : Nietzsche, Crépuscule des idoles « ERREUR DU LIBRE ARBITRE - Il ne nous reste aujourd'hui plus aucune espècede compassion avec l'idée du "libre-arbitre" : nous savons trop bien ce quec'est - le tour de force théologique le plus mal famé qu'il y ait, pour rendrel'humanité "responsable" à la façon des théologiens, ce qui veut dire : pourrendre l'humanité dépendante des théologiens...

Je ne fais que donner ici lapsychologie de cette tendance à vouloir rendre responsable.Partout où l'on cherche des responsabilités, c'est généralement l'instinct depunir et de juger qui est à l'oeuvre.

On a dégagé le devenir de son innocencelorsque l'on ramène un état de fait quelconque à la volonté, à des intentions,à des actes de responsabilité : la doctrine de la volonté a été principalementinventée à fin de punir, c'est-à-dire avec l'intention de trouver coupable.Toute l'ancienne psychologie, la psychologie de la volonté n'existe que par lefait que ses inventeurs, les prêtres, chefs des communautés anciennes,voulurent se créer le droit d'infliger une peine - ou plutôt qu'ils voulurent créerce droit pour Dieu...

Les hommes ont été considérés comme "libres" pourpouvoir être jugés et punis pour pouvoir être coupables : par conséquenttoute action devait être regardée comme voulue, l'origine de toute actioncomme se trouvant dans la conscience...Aujourd'hui que nous sommes entrés dans le courant contraire, alors que nousautres immoralistes cherchons, de toutes nos forces, à faire disparaître de nouveau du monde l'idée de culpabilité etde punition, ainsi qu'à en nettoyer la psychologie, l'histoire, la nature, les institutions et les sanctions sociales, il n'ya plus à nos yeux d'opposition plus radicale que celle des théologiens qui continuent, par l'idée du "monde moral", àinfester l'innocence du devenir, avec le "péché" et la "peine".

Le christianisme est une métaphysique dubourreau...

» Nietzsche renverse l'argument kantien : le libre arbitre a été « inventé » ou posé uniquement dans le but de pouvoirjuger moralement, d'assouvir sa domination.

Ce n'est pas parce que l'homme est libre de diriger sa volonté qu'onpeut le dire responsable et le juger mais c'est pour pouvoir le juger qu'on le dit libre.Le libre arbitre et avec lui la responsabilité sont donc des illusions.C'est bien une évolution naturelle qui a conduit l'homme à inventer le libre arbitre, comme le montre l'argumentationnietzschéenne : le libre arbitre n'est donc pas le moteur d'une évolution culturelle mais son résultat.La culture, dans cette perspective, est le point auquel une évolution naturelle est parvenue à un moment donné,mais il n'y a pas d'un côté une culture, de l'autre une nature.

III – La position existentialiste sartrienne La position nietzschéenne détruit la notion de libre arbitre.

L'homme n'est par conséquent jamais responsable de sesactions, puisqu'il est toujours le produit d'un devenir qui lui échappe.

Le jugement moral apparaît alors impossible.Tout est devenir ou, en termes non nietzschéens, tout est naturel.. »

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