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LA NATURE HUMAINE

Publié le 16/03/2011

Extrait du document

   1° L'esprit humain est fondamentalement un. La Raison est d'abord l'unité et l'universalité de l'esprit : si les esprits humains méritent tous leur nom, c'est qu'ils sont tous une participation à la Raison, qui est partout la même, et toujours la même. L'analogie des tendances et de la Raison affirme la permanence d'une certaine nature humaine.    Si on admet une évolution structurale de la Raison, on admet que les habitudes d'esprit acquises par les individus au cours des siècles ont pu devenir héréditaires, modifier la nature, et donner une nouvelle mentalité à l'espèce. Or l'hérédité des caractères acquis, très douteuse en biologie, l'est plus encore dans le domaine mental : à supposer qu'une habitude contractée par les parents se transmette à l'enfant, c'est un fait rare, dû à tout un concours de circonstances accidentellement réunies; aucune modification de l'espèce ne sortira de là. 

« non les chercher à l'état pur, comme pour connaître le dessin dans la machine, il faut regarder le filigrane qu'elleimprime sur la feuille de papier; — ce qui est variable vient de la variation de l'expérience; — ce qui est permanent vient de la Raison. Si nous comprenons encore les idées fausses d'Aristote en matière scientifique, c'est parce qu'elles sont assezrationnelles pour que la Raison, qui n'a pas varié alors que la matière pseudo-scientifique d'Aristote n'existe plus, lescomprenne.

Si on comprend les erreurs du passé, c'est qu'elles avaient un aspect rationnel : sinon on n'ycomprendrait rien, de même qu'on ne comprend pas un fou.

On interprète ce que dit le fou comme l'effet de causesirrationnelles; on explique ce que dit le fou, on ne le comprend pas.

Mais on comprend le raisonnement d'unastronome du Moyen Age, raisonnement qu'on sait être faux; malgré la différence des savoirs, la Raison reste lamême, et on comprend l'erreur commise autrefois.

Comprendre ce qu'on sait être faux est un beau tour de force del'esprit.

Alors que la folie s'explique en termes de cause, c'est-à-dire qu'on explique sans comprendre, ce qui a étéélaboré à la lumière de la Raison, même à partir d'une matière expérimentale insuffisamment contrôlée, demeuretoujours explicable en termes de Raison, compréhensible; cela prouve l'universalité et la permanence de la Raison,mises en question par l'empirisme. Le caractère virtuel de la Raison dans son innéité est bien mis en lumière par Leibniz.

Un axiome scholastiqueempiriste affirmait : « Il n'y a rien dans l'esprit qui n'ait d'abord été dans les sens » (nihil est in intellectu quod nonprius fuerit in sensu); Leibniz le reprend, mais en ajoutant : nisi ipse intellectus : « si ce n'est l'esprit lui-même », etcela change tout. — Rien n'est connu autrement que par l'expérience. — Mais sans la forme innée de l'entendement on ne pourrait assimiler la matière de l'expérience : il n'y aurait pas decontenu.

« Les idées sont innées comme des inclinations.

» Cf.

plus haut la comparaison de la raison aux tendances: comme la tendance peut s'actualiser dans divers désirs, la Raison peut s'incarner dans des mentalités différentes.Ce sont les jugements particuliers et les désirs particuliers que nous connaissons les premiers, mais logiquement, laRaison est première comme la tendance est première. Nous voyons mieux le sens de l'affirmation que nous avions déjà formulée : « l'homme est un animal raisonnable »; ilpossède un fonds universel et permanent de tendances; il possède un fonds universel et permanent de principes : ily a une Nature Humaine. La Raison est permanente et universelle; mais le savoir humain progresse.

Le problème devient : y aurait-il uneévolution de la structure rationnelle qui a produit ce savoir? Il faudra admettre une grande souplesse des cadressubalternes de la Raison.

Qu'est-ce qui est vraiment permanent dans la Raison? Peu de choses sans doute, maisc'est l'essentiel. 3° Le rationalisme classique, statique, s'imagine que la Raison est dotée d'un système de catégories absolumentinvariables.

Kant a dressé une liste de 3 X 4 catégories : cela ressemble à un effort d'ossification de la Raison.

Hegeloffre une autre liste invariable des catégories de l'Esprit humain, son système étant à ses yeux l'aboutissement del'évolution historico-philosophique de l'humanité. En France, Renouvier affirmait : « Un système de catégories complet, lumineux, si bien agencé que sa propre loi parût lui servir de preuve, et quel'esprit une fois engagé dans l'admirable labyrinthe s'y trouvât comme invinciblement retenu, constituerait unephilosophie achevée.

» Hamelin a voulu remplir un tel programme.

Il a voulu faire l'inventaire des idées immuables de l'esprit, des catégories;une douzaine de ces idées essentielles, que la Raison ne peut renier : identité, nécessité, finalité, etc., épuiseraientà elles seules tout le réel.

Hamelin part de la notion la plus pauvre, l'idée pure de relation pure, pour engendrertoutes les autres; son ouvrage est un effort pour construire la totalité de l'esprit en partant de la notion la pluspauvre pour arriver au réel le plus compliqué, la personnalité.. »

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