Devoir de Philosophie

La notion du juste et de l'injuste est-elle innée ?

Publié le 26/04/2011

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« Plus j'ai vu des hommes différents par le climat, les mœurs, le langage, les lois, le culte, et par la mesure de leur intelligence, et plus j'ai remarqué qu'ils ont tous le même fond de morale; ils ont tous une notion grossière du juste et de l'injuste, sans savoir un mot de théologie; ils ont tous acquis cette même notion dans l'âge où la raison se déploie, comme ils ont tous acquis naturellement l'art de soulever des fardeaux avec des bâtons, et de passer un ruisseau sur un morceau de bois, sans avoir appris les mathématiques.    Il m'a donc paru que cette idée du juste et de l'injuste leur était nécessaire, puisque tous s'accordaient en ce point dès qu'ils pouvaient agir et raisonner. L'intelligence suprême qui nous a formés a donc voulu qu'il y eût de la justice sur la terre, pour que nous puissions y vivre un certain temps.    Il me semble que, n'ayant ni instinct pour nous nourrir comme les animaux, ni armes naturelles comme eux, et végétant plusieurs années dans l'imbécillité d'une enfance exposée à tous les dangers, le peu qui serait resté d'hommes échappés aux dents des bêtes féroces, à la faim, à la misère, se seraient occupés à se disputer quelque nourriture et quelques peaux de bêtes, et qu'ils se seraient bientôt détruits comme les enfants du dragon de Cadmus, sitôt qu'ils auraient pu se servir de quelque arme, du moins il n'y aurait eu aucune société, si les hommes n'avaient conçu l'idée de quelque justice, qui est le lien de toute société.    Comment l'Égyptien qui élevait des pyramides et des obélisques, et le Scythe errant qui ne connaissait pas même les cabanes, auraient-ils eu les mêmes notions fondamentales du juste et de l'injuste, si Dieu n'avait donné de tout temps à l'un et à l'autre cette raison qui, en se développant, leur fait apercevoir les mêmes principes nécessaires?    Tous ces peuples assurent qu'il faut respecter son père et sa mère, que le parjure, la calomnie, l'homicide sont abominables. Ils tirent donc tous les mêmes conséquences du même principe de leur raison développée...    La notion de quelque chose de juste me semble si naturelle, si universellement acquise par tous les hommes, qu'elle est indépendante de toute loi, de tout pacte, de toute religion. Que je redemande à un Turc, à un Guèbre, à un Malabare, l'argent que je lui ai prêté pour se nourrir et pour se vêtir, il ne lui tombera jamais dans la tête de me répondre : « Attendez que je sache si Mahomet, Zoroastre, ou Brâma ordonnent que je vous rende votre argent. « Il conviendra qu'il est juste qu'il me paye; et, s'il n'en fait rien, c'est que sa pauvreté ou son avarice l'emporteront sur la justice qu'il reconnaît.    Je mets en fait qu'il n'y a aucun peuple chez lequel il soit juste, beau, convenable, honnête, de refuser la nourriture à son père et sa mère quand on peut leur en donner; que nulle peuplade n'a jamais pu regarder la calomnie comme une bonne action.    L'idée de justice me paraît tellement une vérité de premier ordre, à laquelle tout l'univers donne son assentiment, que les plus grands crimes qui affligent la société humaine sont tous commis sous un faux prétexte de justice. Le plus grand des crimes, du moins le plus destructif, et par conséquent le plus opposé au but de la nature, est la guerre; mais il n'y a aucun agresseur qui ne colore son forfait du prétexte de la justice... Les petits voleurs eux-mêmes, quand ils sont associés, se gardent bien de dire : « Allons voler, allons arracher à la veuve et à l'orphelin leur nourriture«; ils disent: «Soyons justes, allons reprendre notre bien des mains des riches qui s'en sont emparés... «    Le mot d'injustice ne se prononce jamais dans un conseil d'état, où l'on propose le meurtre le plus injuste. Les conspirateurs même les plus sanguinaires n'ont jamais dit : « Commettons un crime. « Ils ont tous dit: «Vengeons la patrie des crimes du tyran; punissons ce qui nous paraît une injustice. « En un mot, flatteurs lâches, ministres barbares, conspirateurs odieux, voleurs plongés dans l'iniquité, tous rendent hommage, malgré eux, à la vertu même qu'ils foulent aux pieds. «    Voltaire, Le Philosophe Ignorant.    Vous ferez un résumé ou une analyse de cette page de Voltaire; puis vous choisirez dans le texte un problème auquel vous attachez un intérêt particulier, vous en préciserez les données, et vous exposerez, en les justifiant, vos propres vues sur la question.

« L'analyse du professeur Le devoir désigne l'obligation morale qui s'impose à un individu lorsqu'il agit.

Cette obligation morale l'assigne à un devoir-être, c'est-à-dire l'enjoint à agir selon une fin qui ne dépend pas de son bon vouloir mais s'impose à sa volonté.

Répondre à la question de savoir si nous n'avons de devoirs qu'envers autrui revient alors à poser la question générale de savoir comment se définit le devoir, et à la question plus particulière de comprendre quelle est la place d'autrui dans la définition du devoir.

Or il peut semble de prime abord absurde de n'envisager le devoir que comme un rapport à autrui.

En effet, on ne voit pas ce qui justifierait que l'obligation morale se borne à la personne d'autrui, qui n'est qu'un élément parmi d'autres dans le monde que nous avons à vivre.

Cette évidence se heurte toutefois à une objection majeure, si l'on tâche de définir un peu plus précisément la façon dont nous avons conscience du devoir.

Si devoir il y a, il est en effet évident que la règle morale qui s'impose à nous nous oblige vis-à-vis de ce qui n'est pas nous (c'est d'ailleurs le sens littéral de ce que l'on « doit »).

Cette règle a donc pour propriété de limiter l'agir d'un individu en considération du respect qu'il doit à autre chose que lui -même.

En ce sens, le devoir se justifie parce qu'il entend limite l'intérêt individuel pour protéger une chose aussi digne de valeur que cet intérêt.

Il faut donc que la chose soit au moins aussi respectable que l'individu à qui s'impose le devoir.

Où se trouve donc justifié le fait que le devoir n'est que devoir envers autrui, puisque seul autrui a une valeur comparable à la mienne. Le problème qui se pose alors est, plus fondamentalement, celui de savoir dans quelle mesure cette conception du devoir est authentiquement morale, puisqu'elle semble en fait purement utilitariste, en ne privilégiant comme critère de devoir que la valeur de chaque individu. Plan proposé Partie 1 aLe devoir est une règle morale qui s'impose à un individu lorsqu'il agit, et a pour but de limiter sa propre action à l'égard d'une chose conçue comme extérieure à lui.

b En ce sens, le devoir s'oppose au droit, et c'est l'équilibre des droits et des devoirs qui permet à des individus de coexister.

Cette définition du devoir ne semble pas alors exclure la possibilité de devoir envers autre chose qu'une autre personne, puisque rien ne dit a priori que les choses ne sont pas autant digne de respect que les hommes.. »

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