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La paix n'est-elle qu'absence de guerre ?

Publié le 05/10/2005

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Dans l'Ethique à Nicomaque, Aristote explique que pour qu'une cité soit véritablement forte, elle doit vivre dans la concorde. Or la concorde ce n'est pas seulement l'absence de troubles, mais un sentiment de commune appartenance qui lie les citoyens entre eux. Ce n'est que quand les citoyens ont le sentiment d'être liés comme des amis peuvent l'être, par un sentiment positif, que l'on peut éviter à coup sûr la guerre civile dans la cité. Sinon, chacun ayant l'impression que son propre intérêt diffère de celui de l'autre, l'ensemble de la cité sera traversé de rivalités continuelles, et la guerre pourra toujours ressurgir. Dans ce sens là la paix n'est pas seulement l'absence de guerre, elle repose sur un sentiment d'appartenance à une communauté, autour d'un intérêt commun.     III. Pour que la paix soit plus que l'absence de guerre, il faut qe les relations entre Etats soient réglées par un droit international               Si on peut penser avec Aristote que la paix au sens plein du terme n'est pas seulement l'absence de guerre, mais aussi le sentiment que chacun éprouve dans la cité d'avoir un intérêt commun avec tous les autres, cela concerne surtout la paix intérieure (l'absence de guerre civile, entre citoyens d'une même nation). Mais qu'en est-il des relations entre les Etats ? Ne peut-on penser que si les citoyens peuvent avoir le sentiment d'avoir un intérêt commun, les Etats eux sont toujours dans une forme de rivalité, si bien que pour les relations entre Etats le mieux que l'on pourrait penser serait une paix équivalente à une absence de guerre ? Ce n'est pas l'avis que soutient Kant dans son Projet de paix perpétuelle.

La guerre est une notion politique qui désigne un état de lutte armée entre groupes sociaux ou entre Etats. A ce titre la paix se donne bien de prime abord comme l’absence de guerre, puisque la paix désigne précisément sur le plan politique la situation d’une nation ou d’un Etat qui est exempt de conflits armés, tant du point de vue interne (absence de guerre civile) qu’externe (guerre avec d’autres Etats). Le problème est qu’en envisagent les choses de la sorte on tient pour acquis que l’absence de guerre est une condition suffisante pour garantir la paix. Or il se pourrait que l’absence de guerre ne soit en réalité qu’une condition nécessaire mais non suffisante pour garantir la paix. Autrement dit il se pourrait que la paix puisse se définir partiellement comme l’absence de guerre, mais qu’elle exige en plus davantage que l’absence de guerre. En effet il semble par exemple difficile de dire qu’un Etat qui est sous le coup d’une menace de guerre imminente soit véritablement et pleinement en paix (de la même façon qu’un individu qui peut encore jouir de sa liberté de mouvement mais qui risque de se faire arrêter à tout moment n’est pas pleinement libre). La paix véritable devrait donc ne pas être seulement un état passager, mais garantir la paix à venir.

« "un pouvoir commun" peut réfréner cette disposition pour que s'instaure l'état durable de paix.Pour dégager l'intérêt philosophique de ce texte, s'étonner devant le contraste qu'il présente par rapport à ce qu'onpense communément.

Il est vrai que ce qu'on appelle "guerre" communément se réduit aux hostilités où s'affrontentdes États ou les parties d'un peuple quand il s'agit de guerre civile.

Or l'auteur de ce texte la définit comme unedisposition durable qui oppose chacun à chacun.

Il s'agit donc d'une agressivité rentrée et latente qui estsusceptible d'éclater en combats à tout moment.

La violence ne serait donc pas un accident dans le parcours del'histoire des hommes, mais un caractère essentiel de l'individu.

On peut donc rapprocher l'idée de ce texte desrecherches de Freud, par exemple, qui met en lumière la présence "en l'homme de pulsions agressives.

"L'Homme est,en effet, tenté de satisfaire son besoin d'agression aux dépens de son prochain."Lire : Freud, Malaise dans la civilisation.Mais l'agressivité comme tendance ou instinct doit-elle être confondue avec la violence ? Si l'on appelle violence lepassage à l'acte par lequel se traduit l'agressivité, la "guerre", comme la définit Hobbes, est davantage agressivité,alors que la guerre telle qu'on l'entend communément est violence.Poser la question de l'origine.

D'où vient cette agressivité ? Le texte n'indique rien sur son origine, bien qu'oncomprenne qu'elle se développe dans le milieu social avant que ne soit instauré un pouvoir capable de s'imposer àtous.

La question se pose donc de savoir si l'agressivité est "naturelle" ou si elle est d'origine sociale.

Sur ce pointon se rappelle la thèse de Rousseau sur la bonté de l'homme à l'état de nature, bonté non pas raisonnée, ni morale,mais originelle et naturelle qu'accompagne le sentiment de pitié.

S'il en est ainsi, c'est la vie en société qui vaengendrer le désir de nuire, de se faire valoir, de l'emporter sur les autres et de les dominer.Lire : Rousseau : Discours sur l'origine et le fondement de l'inégalité parmi les hommes.Lire : Hobbes, Léviathan.Poser la question des conditions de la paix.

On se trouve alors devant un paradoxe.

Alors que la vie en sociétésuppose la paix, du moins une paix relative, elle engendrerait la guerre.

Comment dans ces conditions maîtriserl'agressivité des individus et garantir la paix sociale ? Pour Hobbes, cette question est fondamentale, c'est laquestion politique.

La paix ne sera assurée que par un pouvoir fort qui doit s'imposer à tous, nécessairement, sinon ilne serait qu'une partie en guerre contre une autre.

Cette idée sert de fondement justifiant l'instauration de l'Étatdans les sociétés modernes.

Abandonner ses droits naturels et les transmettre au Léviathan pour qu'il exerce cepouvoir, tel est le prix à payer pour avoir la paix.S'interroger d'une manière critique.

Il faudrait encore être sûr que le pouvoir de l'État lui-même n'est pas uneviolence à l'égard des citoyens.

Ceci pose la question des conditions de sa légitimité.Lire : Rousseau, Du contrat social.Et même au-delà de la question de sa légitimité, celle de la justification de son existence, question posée par Marxet l'anarchisme.Lire : Daniel Guérin, L'anarchisme. II.

Mais le risque de la guerre civile montre bien que la paix est plus que l'absence de guerre, c'est laconcorde, c'est-à-dire une union véritable entre les citoyens La paix définie comme absence de guerre, est simplement conçue comme une absence d'agressionréciproque entre les individus.

Mais l'on peut se demander si cette situation suffit à garantir une paix durable.

Eneffet les individus qui s'abstiennent simplement de se nuire continuent à vivre chacun pour soi, et n'ont pasvéritablement conscience d'appartenir à une même collectivité.

Or pour que la paix soit durable, les individusdevraient sentir non seulement que l'Etat sert leur intérêt personnel, mais que tous ont un intérêt commun.

Dansl'Ethique à Nicomaque , Aristote explique que pour qu'une cité soit véritablement forte, elle doit vivre dans la concorde .

Or la concorde ce n'est pas seulement l'absence de troubles, mais un sentiment de commune appartenance qui lie les citoyens entre eux.

Ce n'est que quand les citoyens ont le sentiment d'être liés comme desamis peuvent l'être, par un sentiment positif, que l'on peut éviter à coup sûr la guerre civile dans la cité.

Sinon,chacun ayant l'impression que son propre intérêt diffère de celui de l'autre, l'ensemble de la cité sera traversé derivalités continuelles, et la guerre pourra toujours ressurgir.

Dans ce sens là la paix n'est pas seulement l'absence deguerre, elle repose sur un sentiment d'appartenance à une communauté, autour d'un intérêt commun.

III.

Pour que la paix soit plus que l'absence de guerre, il faut que les relations entre Etats soient régléespar un droit international Si on peut penser avec Aristote que la paix au sens plein du terme n'est pas seulement l'absence deguerre, mais aussi le sentiment que chacun éprouve dans la cité d'avoir un intérêt commun avec tous les autres,cela concerne surtout la paix intérieure (l'absence de guerre civile, entre citoyens d'une même nation).

Mais qu'enest-il des relations entre les Etats ? Ne peut-on penser que si les citoyens peuvent avoir le sentiment d'avoir unintérêt commun, les Etats eux sont toujours dans une forme de rivalité, si bien que pour les relations entre Etats lemieux que l'on pourrait penser serait une paix équivalente à une absence de guerre ? Ce n'est pas l'avis que soutient. »

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