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La parole peut-elle agir ?

Publié le 18/03/2009

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ANALYSE DU SUJET

Il ne s'agit pas de se demander si toute « prise de parole « peut agir, mais si elle le peut (parfois ?). Il serait opportun de dégager

� autant que faire se peut

� en quel(s) sens on peut dire que la parole peut « agir «. DIRECTIONS DE RECHERCHE

� Les « prises de parole « à l'impératif peuvent-elles « agir « ? (en quel(s) sens ?).

� La « parole « poétique du théâtre peut-elle quel(s) sens ?).

� La parole en tant que « formulation «, « mise en forme «, peut-elle « agir « (en quel(s) sens ?).

� La « parole « dans le dialogue, les rapports inter-personnels, peut-elle « agir « (en quel(s) sens ?).

� Les « tabous « linguistiques ne montreraient-ils pas que la parole peut « agir « (en quel(s) sens ?).

� La « cure psychanalytique « ne montrerait-elle pas que la parole peut « agir « (en quel(s) sens ?).

 

La parole est l’acte individuel par lequel s’exerce la fonction du langage, c’est-à-dire l’individualisation de la fonction générale de communication en tant que faculté d’exprimer verbalement sa pensée, comme un pouvoir d’expression verbale. L’action elle se situe dans le champ pratique, elle est une prise de conscience directe du monde dans sa réalité. Elle est mise en mouvement : déplacement, changement, modification perceptible du monde. Dès lors, il semble qu’il y ait une rupture entre la parole et l’action. Ne dit-on pas « assez de paroles, place à l’action « ? Bien plus, si la parole est simplement un instrument de communication en vue de développer sa pensée n’y a-t-il pas une rupture ontologique et temporelle entre la parole et l’action ? Pourtant, la question n’est pas de savoir si la parole est toujours action mais si elle en a la capacité. Or si l’on prend l’exemple du verbe divin, ou d’un ordre : ne fait-il pas agir ? Ne met-il pas en mouvement ? Dès lors il n’y aurait pas une rupture radicale entre les deux. Il s’agit alors de comprendre le lien entre la parole et l’action.

Si la parole est un instrument de communication excluant l’action (1ère partie), il n’en reste pas moins qu’elle peut pousser à l’action ou produire directement l’action (2nd parite), développant alors un pouvoir de la parole en tant qu’action sur autrui et sur soi donc une domination (3ème partie).

 

« que celle d'échanger sans fin et sans but.

Ainsi, comme le note Heidegger dans l' Etre et Temps puisque que le bavardage fait partie des trois cas exemplaires du nivellement quotidien au même titre que la curiosité et laduplicité.

Le bavardage est un mode d'être positif de la quotidienneté.

Il est certes une perte de sens mais il asurtout une valeur de forme que de fond.

L'exprimé ne prime plus ce qui explique que l'on puisse penser que lebavardage c'est « parler pour ne rien dire ».

Cependant, il faut alors bien faire la distinction entre une perte de senset une perte de valeur.

Cette confusion, caractéristique de la société post-moderne, nous permet de faire ladifférence entre une perte de signification et une signification partielle.

Le bavardage est typique de ce « on »inauthentique, il nous permet d'avoir accès à tous les contenus significatifs et de tout comprendre.

Il n'en reste pasmoins qu'il est une fermeture au monde.

Mais l'essentiel est bien de voir que ce type d'utilisation du langage est biencontraire à l'action. Transition : Ainsi il n'y a pas, semble-t-il de lien entre la parole et l'action.

Bien plus, la parole pourrait être l'opposer de l'actionsuivant le principe que lorsque je parle je n'agis pas.

Pourtant Hobbes parle de Dieu comme inventeur du langage,mais n'est-ce pas alors rendre raison de cette action de la parole avec le verbe divin ? II – Inclusion conceptuelle a) Une première approche de la réduction de la dichotomie entre la parole et l'action peut se comprendre à traversmême la genèse du langage.

En effet, comme le note Bergson dans la Pensée et le mouvant : les mots et le langage sont des instruments de la pratique et de l'action dans le monde.

Quelle est la fonction primitive dulangage ? C'est d'établir une communication en vue d'une coopération.

Le langage transmet des ordres ou desavertissements.

Il prescrit ou décrit.

La fonction est toujours sociale : « Les choses que le langage décrit ont étédécoupées dans le réel par la perception humaine en vue du travail humain ».

C'est donc l'esprit qui agit dansl'attribution du nom à la chose (mot) ou de l'idée en vue justement de l'action, c'est-à-dire en vue de l'utilisation del'esprit.

C'est pourquoi : « l'objet essentiel de la société est d'insérer une certaine fixité dans la mobilitéuniverselle ».

La parole, comme instrument de communication, sert à préparer l'action possible de l'homme. b) Mais au-delà même de ce rapprochement de l'action et de la parole, si l'on peut véritablement parler d'une paroleagissante, c'est notamment dans l'aspect performatif de cette dernière comme l'a bien en exergue Austin dans Quand dire c'est faire .

La valeur performative du langage se trouve dans la formule que porte le titre lui-même, c'est-à-dire dans toutes ses phrases que nous prononçons et qui vont agir sur les choses, c'est-à-dire qui produiseun effet tel le verbe divin lorsqu'il dit « Que la lumière soit » et que la lumière fut.

Or de cet usage nous en avonsune utilisation fréquente comme on peut le voir dans « la séance est ouvert », ou encore, mais plus rare « je vousdéclare mari et femme » etc. c) Bien plus, si la parole peut véritablement être dite agissante c'est bien dans sa vertu thérapeutique telle qu'ellepeut se manifester dans le « talking cure ».

En effet, la parole est cepassage par les mots dans l'apaisement de lasouffrance donc comme cure et exutoire.

C'est bien l'une des méthodes utilisées notamment en psychanalysecomme on peut le voir avec Freud dans son Introduction à la psychanalyse .

En effet, comme le rêve est un exutoire de l'inconscient, il apparaît que les mots étant une manière de mettre en forme une souffrance, ils luipermet de se dévoiler, de prendre corps dans les mots et c'est bien souvent ce qui se passe dans l'utilisation del'hypnose ou, dans un autre ordre d'idée, ce que l'on peut observer dans les groupes de soutiens psychologiquesd'aide aux victimes par exemple.

Le premier stade pour atténuer cette souffrance est l'extériorisation par la parole, àtravers le dialogue avec autrui.

C'est amener à la conscience ce qui n'est pas entièrement conscient car non-formulé.

Mais dire que la parole a un tel rôle, il faut bien voir que le « dire » ou les mots doivent avoir une vertu àagir : ils ne sont pas simplement des structures vides de vécus psychiques et psychologiques.

Si la parole a lacapacité parfois d'apaiser une douleur de l'âme c'est bien parce qu'elle peut mettre en mouvement l'âme. Transition : Ainsi la parole sait se faire action et produire des effets.

La parole peut agir tel le verbe divin.

N'est-ce pas alorsdire que la parole est puissance et source de pouvoir.

Si la parole est action, elle a donc le pouvoir d'agir sur autruiet c'est pour cela que la détention de la parole qu'elle soit publique ou politique est si importante. III – La parole-action comme pouvoir a) Ainsi Platon note dans le Gorgias : « Discours est un grand tyran qui porte à leur achèvement les actions divines en de microscopiques éléments matériels qui sont perceptibles.

Il a la force de mettre un terme à la peur, d'apaiserla douleur, de produire la liesse, et d'inciter à la pitié.

C'est ce que je vais maintenant montrer.[...] Je pense quetoute poésie est un discours qui possède de la mesure, et je la dénomme ainsi.

Ses auditeurs sont pénétrés de lacrainte entourée d'un cortège de terreur, de la pitié qui fait verser d'abondantes larmes, de l'idéal qui éveille lanostalgie ; sous l'effet des paroles, l'âme éprouve une passion qui lui est propre à l'évocation des heureusesfortunes et des malheurs propres aux gestes et aux personnes des autres gens.

Mais passons maintenant à un autreargument.

Les incantations enthousiastes, par le seul moyen de paroles, introduisent en nos âmes le plaisir, et enchassant la peine.

Car, en se mêlant à l'opinion dans l'âme, la force de l'incantation l'a charmée, persuadée ettransportée par sa magie ».

L'essentiel ici est bien de voir que la parole à un pouvoir d'action sur l'âme elle-mêmepar l'imagination qu'elle peut susciter.

Ainsi la parole est pouvoir.

Elle a la capacité de se rendre motrice.

Dès lors,on peut comprendre que la parole est la matérialisation d'une puissance de l'âme par laquelle est obligée de passer. »

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