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La pensée chrétienne

Publié le 10/11/2018

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Saint Augustin

 

Le représentant majeur de la patristique, docteur de l'Église, naît en 354 à Thagaste, en Numidie (actuelle Algérie). De père païen et de mère chrétienne (sainte Monique), Aurelius Augustinus étudie d'abord à Carthage avant d'enseigner à Rome, puis à Milan où, sous l'influence de saint Ambroise, il se convertit au christianisme, en 387. En 395, il devient évêque d'Hippone (Bône, en Algérie), ville dans laquelle il meurt en 430.

L'œuvre considérable de saint Augustin témoigne à la fois d'un itinéraire spirituel personnel (Les Confessions) et d'une activité philosophique s'efforçant de concilier tradition judéo-chrétienne et néoplatonisme, à travers une théologie de l'être (La Cité de Dieu, De la trinité).

Le cheminement psychologique existentiel d'Augustin est exemplaire : après «s'être laissé aller hors de soi» à travers une existence passionnée, dévolue à la satisfaction des désirs et marquée par un attachement à la doctrine manichéenne (qui affirme avec Manès l'opposition entre le Bien

PHILOSOPHIE MÉDIÉVALE

 

Du Ier au XIVe siècle, l'élaboration et la diffusion de la doctrine chrétienne vont occuper le champ de la culture occidentale, révolutionnant les structures et représentations mentales, mais aussi politiques, héritées de l'Antiquité. Aux temps troublés du Moyen Âge, le message christique de l’espérance et la morale qui en découle sont plus qu'une révélation, une raison de vivre.

 

Aussi, opérant une synthèse originale entre les dogmes judaïques (monothéisme, transcendance divine, culpabilité originelle de l'homme...) et les philosophies gréco-romaines, les théologiens chrétiens vont s'efforcer de mettre en accord les exigences de la raison avec les lumières supérieures de la foi. D'influence néoplatonicienne, le courant patristique pose les fondations sur lesquelles la scolastique, plus aristotélicienne, va édifier, autour de l’an mille, ce que l'on peut dénommer une philosophie chrétienne.

LA PATRISTIQUE

Le terme de «patristique» désigne tout à la fois la doctrine des Pères de l’Église et son étude disciplinaire. Les Pères de l'Église sont un ensemble d'auteurs qui, entre le Ier et vue siècle, vont élaborer le socle doctrinal et les dogmes du christianisme. De culture grecque ou latine, leurs contributions vont délimiter le champ de la pensée chrétienne tout en la diffusant.

 

Des origines à saint Augustin À la mort de Jésus, les apôtres entreprennent une œuvre de témoignage et de transmission du message christique (rédaction des Évangiles, prédictions) qui insiste sur la nécessité de la conversion intérieure, de l'adhésion intime à la nouvelle religion.

 

Appelés «apostoliques», en raison de leurs liens directs avec les apôtres, les premiers Pères, tels Clément de Rome ou Ignace d'Antioche, s'emploient à consolider les liens qui unissent les communautés chrétiennes, encore dispersées et déjà persécutées. Que ce sort dans leurs «lettres» (épîtres) ou dans un livre comme Le Pasteur d'Hermas, ils entendent régler le rituel liturgique et insistent sur le caractère libérateur de la foi. À partir du IIe siècle, apparaissent des textes visant à convaincre les païens - et notamment les autorités romaines - du bien-fondé du

Il n'est donc pas étonnant de voir saint Augustin développer les thèmes de l'illumination (toute vérité vient de Dieu) et de la grâce divine. Il faut d’après lui, la puissance surnaturelle de cette dernière pour opérer dans un homme la victoire unificatrice de l'esprit sur la chair. De cette lumière intérieure vient également le pouvoir de connaissance de l'homme : «Comprendre pour croire, croire pour comprendre.» La foi est une connaissance intuitive de Dieu qui montre à la raison - instrument de la connaissance claire - ce qu'elle doit trouver. Ainsi, de principe supérieur (dans la tradition grecque antique), la raison devient un faire-valoir de ce qui la dépasse infiniment: la parole de Dieu. L’apport théologique fondamental de saint Augustin réside dans l'identification de l'être et de Dieu.

Partant de la formule de l'Exode: «Je suis celui qui suis» (III, 13-15), saint Augustin est conduit à affirmer l'éternité et l'immutabilité du

Créateur. Dès lors, pour la créature soumise au temps qu'est l'homme, il n'est qu'un salut: aimer Dieu et se libérer de la contingence. Ce qui signifie d'abord, regarder en soi-même, l'âme étant à l'image de Dieu, mais aussi exercer son libre arbitre, sa volonté, de manière notamment à utiliser les biens terrestres sans en jouir. Car seule en effet, l'union de l'âme avec Dieu, source de la béatitude éternelle, est une fin en soi. Cette morale, contraignante sinon excessive, repose sur la vertu du don de soi qui est amour de Dieu et charité à l'égard de son prochain - le mal n'étant quant à lui qu'une conséquence de l'amour de soi, de l'égoïsme.

Mais cette libération de l'homme ne peut se concevoir que dans une conception théologique du temps et de l'histoire. En effet de la création du monde au jugement dernier, l'histoire développe un temps linéaire, en rupture complète avec les cycles de l'Antiquité. De plus, «libre de se libérer», l'homme devient co-créateur de lui-même, ce que niait le destin dans les philosophies antiques. Avec l'augustinisme, c’est donc le progrès (moral, spirituel, mais aussi historique et politique) qui devient.

« LA QUERELLE DES UNIVERSAUX La querelle des universaux a animé le débat philosophique durant tout le Moyen Âge et a été particulièrement discutée par la scolastique entre le Xl' et le xl'l" siècle .

La question centrale porte sur la nature des idées générales: s'agit-il de pures conceptions de l'esprit sans réalité objective (thèse nominaliste, puis conceptualiste) ou bien d'essences ayant une existence réelle (thèse réaliste)? Le concept générique d'«Homme» , par exemple , n'est-il qu'un mot généralisant ce que les hommes ont en commun ou bien existe­ t-il réellement comme essence et idée dans l'esprit de Dieu ? Initiée dès l'Antiquité par Aristote, relayée par le chanoine Roscelin au Xl' siècle, la thèse nominaliste ne voit dans ces idées générales que des abstractions formées par l'expérience humaine et n'ayant d'existence que verbale.

S'opposant en cela à la tradition réaliste platonicienne et patristique, donc à l'orthodoxie chrétienne, cette thèse ne triomphera qu'avec Guillaume d'Ockham, au XIV' siècle.

sur le fond , la théologie monachique du haut Moyen Âge.

Pierre Abélard Maitre d'une école de logique à Paris , célèbre pour ses amours contrariées avec Hélo ïse, tombé en disgrâce auprès des autorités chrétiennes, Pierre Abrlartl (1079- 1142 ) et sa vie romanesque ne contredisent en rien sa pensée philosophique, riche et aventureuse.

Rénovateur de la logique aristotélicienne , il est aussi un redoutable adversaire des thèses réalistes à propos des universaux.

On lui doit également une réforme de la morale chrétienne, distinctive de l'intention et de l'acte, et l'introduction du procédé méthodologique de la «dispute», bientôt courant dans les universités du Xlii' siècle .

Albert le Grand Le développement des universités t--------------i et de l'enseignement scolastique est contemporain de la redécouverte d 'Aristote, via les philosophes arabes, et notamment Averroès (1126-1198 ).

Jusqu 'alors le philosophe grec n'était connu que très partiellement par les traductions de Boèce .

Renouvelant les thèmes de réflexion (notamment les questions psychologiques sur entendu comme auto-création divine ) et, enfin, celle qui ne crée pas et n'est pas créée (Dieu à nouveau , en tant que fin de l'être, repos éternel).

Il semble qu'Érigène ait tenté d'opérer une synthèse audacieuse entre les dogmes chrétiens de la création et de la transcendance divine et une «physi que » par laquelle la raison serait amenée à reconnaître l'œuvre de Dieu en chaque existence.

Saint Anselme de Canterbury Originaire de la vallée d'Aoste , Anselme (1033 - 1109) est le plus grand théologien du Xl' siècle .

Héritier de la tradition augustinienne, il est le promoteur d'une approche logiqu e e t rationnelle des éléments de la foi.

Cette dernière , source de vérité scientifique et de règles morales , est une connaissance «du dehors >> transmise par l'enseignement christique.

L:œuvre de la raison est d'en permettre l'appropriation, d'en éclairer le sens «du dedans» : «le crois afin de comprendre." D'une œuvre protéiforme -sur le langage , la nature de l'âme, la liberté - se détachent les analyses du Monologion (1076) et du Proslogion (1078), lequel renferme la fameuse preuve ontologique de l'exis tence de Dieu , que Descartes , sans l'avoir lu, reprendra à son compte six siècles plus tard .

La preuve anselmienne repose sur deux arguments complémentaires: il existe nécessairement quelque chose tel que rien de plus grand ne peut être pensé ; il n 'est pas pensable que quelque chose tel que rien de plus grand ne puisse être pensé n'existe pas.

De plus, il serait absurde que l'idée de perfection n'inclût pas toutes les qualités, or l'existence étant une qualité , l'être parfait (Dieu) existe nécessairement.

Révélatrice de la méthode scolastique, tout en syllogismes et arguments logiques , l'œuvre de saint Anselme clôt, la mémoire , l'imagination ou le sujet de la pensée ), autant que les méthodes d 'investigation (rajout des questions disputées aux commentaires textuels en vigueur depuis les origines du christianisme) , la scolastique a profondément modifié le paysage culturel de l'Europe .

En dépit de ses excès -ou insuffisances -formalistes (la casuistique), cet enseignement a su créer une dynamique intellectuelle favorisant l'ouverture de la pensée chrétienne à la diversité des courants d'opinion .

Dans ce contexte , Albert de Lauingen (dit Albf!rl/1! Cn111d, 1200 -1280 ) enseigne la théologie à Paris et à Cologne-où il a pour élève Thomas d'Aquin .

Commentateur et traducteur des sources arabes d'Aristote , il milite pour une philosophie du christianisme dépouillée de toute superstition, mais aussi des apparats de l'Église .

Saint Thomas d'Aquin Issu d 'une famille de la noblesse italienne, Thomas (1225-1274) est élevé au mont Cassin dans la pure tradition féodale .

Néanmoins , il décide , encore jeune, d'adhérer à un ordre nouveau, celui des Mendiants , d 'inspiration dominicaine .

L:épisode de l'enlèvement et l'emprisonnement de Thomas par son frère, sur ordre de sa mère, a largement été représenté et commenté comme l'expression d 'une résistance - inefficace - à la diffusion du message évangélique en dehors des châteaux et des monastères .

Son œuvre se nourrit de son enseignement (à Paris et en Italie) et se compose de commentaires sur Aristote , sur les Sentences de Pierre Lombard , et de ses deux chefs-d'œuvre que sont Somme contre les gentils (1255 -1269 ) et l'inachevée Somme théologique (1266-1274).

Il n'est pas exagéré de voir en saint Thomas d'Aquin le premier ~-~ ·· philosophe de l'ère 1 moderne.

li l 'est assurément par ses thèses qui, en puisant dans l'aristotélisme, réforment en partie la pensée médiévale , mais il l'est plus encore en ayant exprimé la possibilité d 'être philosophe et chrétien .

En affirmant l'autonomie de la Création , il ouvre la natur e au champ de l'investigation physique et par là même au développement d'une rationalité scientifique distincte de la foi.

Loin de s 'exclure l'une l 'autre , ce sont là deux modes complémentaires de connaissance .

Moderne , saint Thomas d 'Aquin l'est également lorsqu 'il affirme, contre la théorie augustinienne de l'illumination , le rôle de l'expérience et de l'intellect dans l'élaboration de l'idée abstraite.

Plus encore, l'œuvre de raison peut et doit servir à éclairer les dogmes d 'une lumière nouvelle .

Refusant l'argumentation anselmienne, saint Thoma s entend démontrer l'existence de Dieu en partant de la réalité sensible : cinq preu ves, que sont le mouvement , la causalité, la contingence, la gradation et l'ordre , indiquent l'existence d 'un Dieu cause et finalité du réel.

En matière de morale , saint Thoma s innove encore: déterminé par son statut de créature à avoir Dieu pour finalité , l'homme n'a de liberté que dans les moyens d'y accéder .

Le mal est donc défini comme une erreur de jugement et non une réalité en soi.

Chaque individu devient donc une personne responsable .

Canonisé dès 1323, le «docteur angélique>> devient , à partir du XVII' siècle, le philosophe officiel de l'Église catholique.

Mais sa formidable aura ne doit pas dissimuler les polémiques qu'il eut.

lui-même , à soutenir.

..

Les pl!nseurs non thomistes Surnommé «le docteur admirable », Roger Bacon (1214-1294 ) enseigne à Paris , puis à Oxford .

Très critique à l'égard de la scolastique, il s'emploie à réformer les sciences en accordant une place primordiale à l'expérience .

Attaché à l'augustinisme (il voit dans toute connaissance, la marque d'une illumination divine), Roger Bacon plaide pour une unité de la science englobant toutes les disciplines, mais aussi toutes les thèses , y compris antiques (d'où la nécessité d 'enseigner les langues) .

À la fois moderne , par sa promotion d'un positivisme scientifique , et mystique , l'œuvre de Roger Bacon va influencer l'emp irisme anglo -saxon , à commencer par celui de son homonyme Francis Bacon (1561 -1626) .

Animateur , à partir de 1253 , d 'une chaire de théologie à l'Université de Paris , saint Bonaventure (1221- 1274 ), ami de saint Thoma s n'en fut pas moins un adversaire L..

___ _, du thomisme .

Ce «docteur séraphique» a élaboré une philoso phie mystique et ascétique qui subordonne toute connaissance à l'autorité de la foi.

Défenseur des institutions médiévales et monachiques, ce représentant majeur de l'ordre des Franciscains (fondé par saint François d'Assise en 1209) contribua à développer le culte de la Vierge et fut un ardent défenseur du réalisme dans la querelle des universaux .

Moins confiant que saint Thomas dans les potentialités humaines , il voyait finalement dans la raison l'instrument d'une lucidité et d'une humilit é de l'homme devant Dieu .

I.E DlCUN (XIV"-XY' SllCUS) John Duns Scot C'est avec saint Bonaventure la grande figure théologienne de l'ordre franciscain .

Ce «docteur subtil» de l'Église naît vers 1270 en Écosse et, après avoir enseigné à Oxford , Paris et Cologne , meurt en 1308 .

Adversaire systématique du thomisme, Duns Scot s'oppose en particulier à sa théorie de l'individuation qui, en accord avec Aristote , voit en chaque individu l'actuation d'une matière indéterminée vers une forme substantielle .

Pour lui, l'individuation ne vient ni d e la matière ni de la forme, mais d'une entité qui détermine les deux (l'haeccéité ) : l'individu est un Tout , une individualité, et non le composé d'un corps et d'une âme distincts .

Concernant la volonté, Duns Scot lui assigne comme seule limite l'intelligence (ce que l'on peut connaître) mais c'est elle qui en choisit les contenus .

Cette valorisation du libre arbitre trouve son sens dans l'acte d 'amour (de Dieu ), cause et finalité de l'action morale .

Ainsi , Duns Scot affirme-t-illa prééminence d 'une raison pratique sur une raison spéculative qui, à ses yeux , ne peut atteindre que des vérités partielles sur l'être (objet de la métaphysique), mais non sur Dieu (objet de la théologie ).

Ce scepticisme, ainsi que l'importance accordée aux intuitions du "cœur » en font une ré fé r ence de Blaise Pascal.

Guillaume d'Ockham Surnommé place de la désormais célèbre SoitoiiH du quartier Latin.. »

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