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La perception est-elle passive ou active ?

Publié le 01/02/2004

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perception
Quand mes perceptions sont absentes pour quelque temps, quand je dors profondément, par exemple, je suis, pendant tout ce temps, sans conscience de moi-même et on peut dire à juste titre que je n'existe pas. Et si toutes mes perceptions étaient supprimées par la mort, si je ne pouvais plus penser, ni éprouver, ni voir, aimer ou haïr après la destruction de mon corps, je serais entièrement anéanti et je ne conçois pas du tout ce qu'il faudrait de plus pour faire de moi une parfaite non-entité. Si un homme, après une réflexion sérieuse et dénuée de préjugés, pense qu'il a une notion différente de lui-même, je dois avouer que je ne peux plus discuter avec lui. Tout ce que je peux lui concéder, c'est qu'il peut, tout autant que moi, avoir raison et que nous différons essentiellement sur ce point. II se peut qu'il perçoive quelque chose de simple et de continu qu'il appelle lui-même, encore que je sois certain qu'il n'y a pas un tel principe en moi. David HUME   Conclusion : Se demander si la perception est active ou passive revient à opposer la position du philosophe à celle de la doxa ou opinion vulgaire. En effet, si l'on peut penser en premier lieu que la perception n'est que récolte de données de l'extérieur, la moindre réflexion permet vite de prendre conscience d'un aspect actif dans la perception, à défaut d'être conscient : percevoir, ce n'est pas seulement recevoir, c'est aussi organiser en fonction des données dont on dispose. Percevoir est donc une attitude à la fois active et passive. Mais, bien plus, percevoir c'est organiser le donné de la perception à la mesure de l'être que l'on est, en fonction de ce qui constitue notre identité et notre personne, en fonction de notre subjectivité, de nos sens, bref : c'est ramener le donné extérieur à soi. En définitive, percevoir, n'est-ce pas là le moyen de me sentir existant ?

Je ne peux ressentir des sensations volontairement : éprouver des sensations, c’est recevoir un donné extérieur que j’éprouve par le biais de mes sens, mais la sensibilité n’a rien de volontaire.

Pour autant, percevoir, ce n’est pas simplement ressentir de façon sensible : c’est également porter un jugement sur ce ressenti. Ainsi, si certes, la sensibilité est passive, la perception mobilise une faculté liée à la volonté. En déduire le caractère actif de la perception serait aller un peu vite en besogne, et il serait plus raisonnable de considérer qu’en tant que mixte de sensation et de jugement, la perception est un mélange d’activité et de passivité.

L’on pourrait même aller jusqu’à dire que percevoir, ce n’est ni simplement recevoir, ni agir, mais, bien plus, c’est une façon d’être au monde, un mode d’existence. Je perçois, donc je suis.

perception

« couleurs qu'ils ne voient pas par le moyen des sons qu'ils entendent.

Par exemple un aveugle disait que le rougedevait être quelque chose comme un coup de trompette.

Mais on a longtemps pensé qu'il s'agissait là dephénomènes exceptionnels.

En réalité le phénomène est général.

Dans l'intoxication par la mescaline', les sons sontrégulièrement accompagnés par des taches de couleur dont la nuance, la forme et la hauteur varient avec letimbre, l'intensité et la hauteur des sons.

Même les sujets normaux parlent de couleurs chaudes, froides, criardesou dures, de sons clairs, aigus, éclatants, rugueux ou moelleux, de bruits mous, de parfums pénétrants.

Cézannedisait qu'on voit le velouté, la dureté, la mollesse, et même l'odeur des objets.

Ma perception n'est donc pas unesomme de données visuelles, tactiles, auditives, je perçois d'une manière indivise avec mon être total, je saisis unestructure unique de la chose, une unique manière d'exister qui parle à la fois à tous mes sens.

MERLEAU-PONTY On soutient communément que c'est le toucher qui nous instruit, et par constatation pure et simple, sans aucuneinterprétation.

Mais il n'en est rien.

Je ne touche pas ce dé cubique, Non.

Je touche successivement des arêtes,des pointes, des plans durs et lisses, et réunissant toutes ces apparences en un seul objet, je juge que cet objetest cubique.

Exercez-vous sur d'autres exemples, car cette analyse conduit fort loin, et il importe de bien assurerses premiers pas.

Au surplus, il est assez clair que je ne puis pas constater comme un fait donné à mes sens quece dé cubique et dur est en même temps blanc de partout, et jamais les faces visibles ne sont colorées de mêmeen même temps.

Mais pourtant c'est un cube que je vois, à faces égales, et toutes également blanches, Et je voiscette même chose que je touche, Platon, dans son Théétète, demandait par quel sens je connais l'union desperceptions des différents sens en un objet.

Revenons à ce dé.

Je reconnais six taches noires sur une des faces,On ne fera pas difficulté d'admettre que c'est là une opération d'entendement, dont les sens fournissent seulementla matière.

Il est clair que, parcourant ces taches noires, et retenant l'ordre et la place de chacune, je formeenfin, et non sans peine au commencement, l'idée qu'elles sont six, c'est-à-dire deux fois trois, qui font cinq et un.Apercevez-vous la ressemblance entre cette action de compter et cette autre opération par laquelle je reconnaisque des apparences successives, pour la main et pour l'oeil, me font connaître un cube ? Par où il apparaîtrait quela perception est déjà une fonction d'entendement.

ALAIN 3.

Ni simplement activité, ni simplement passivité, la perception est existence : Pour moi, quand je pénètre le plus intimement dans ce que j'appelle moi-même, je tombe toujours sur une perception particulière ou sur une autre,de chaleur, de froid, de lumière ou d'ombre, d'amour ou de haine, de douleurou de plaisir.

Je ne parviens jamais, à aucun moment, à me saisir moi-mêmesans une perception et je ne peux jamais rien observer d'autre que laperception.

Quand mes perceptions sont absentes pour quelque temps,quand je dors profondément, par exemple, je suis, pendant tout ce temps,sans conscience de moi-même et on peut dire à juste titre que je n'existepas.

Et si toutes mes perceptions étaient supprimées par la mort, si je nepouvais plus penser, ni éprouver, ni voir, aimer ou haïr après la destructionde mon corps, je serais entièrement anéanti et je ne conçois pas du tout cequ'il faudrait de plus pour faire de moi une parfaite non-entité.

Si un homme,après une réflexion sérieuse et dénuée de préjugés, pense qu'il a une notiondifférente de lui-même, je dois avouer que je ne peux plus discuter avec lui.Tout ce que je peux lui concéder, c'est qu'il peut, tout autant que moi, avoirraison et que nous différons essentiellement sur ce point.

II se peut qu'ilperçoive quelque chose de simple et de continu qu'il appelle lui-même,encore que je sois certain qu'il n'y a pas un tel principe en moi.

David HUME Conclusion : Se demander si la perception est active ou passive revient à opposer laposition du philosophe à celle de la doxa ou opinion vulgaire. En effet, si l'on peut penser en premier lieu que la perception n'est que récolte de données de l'extérieur, la moindreréflexion permet vite de prendre conscience d'un aspect actif dans la perception, à défaut d'être conscient :percevoir, ce n'est pas seulement recevoir, c'est aussi organiser en fonction des données dont on dispose.

Percevoirest donc une attitude à la fois active et passive. Mais, bien plus, percevoir c'est organiser le donné de la perception à la mesure de l'être que l'on est, en fonction dece qui constitue notre identité et notre personne, en fonction de notre subjectivité, de nos sens, bref : c'estramener le donné extérieur à soi.

En définitive, percevoir, n'est-ce pas là le moyen de me sentir existant ? Percevoirpeut, en ce sens, être considéré comme une attitude ontologique.. »

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