LA PERCEPTION: HUSSERL, Idées directrices pour une phénoménologie.

Expliquer le texte suivant:

Quant à la perception elle-même, elle est ce qu'elle est, entraînée dans le flux incessant de la conscience et elle-même sans cesse fluantel : le maintenant de la perception ne cesse de se convertir en une nouvelle conscience qui s'en¬chaîne à la précédente, la conscience du vient-justement-de-passer ; en même temps s'allume un nouveau maintenant. Non seulement la chose perçue en général, mais toute partie, toute phase, tout moment survenant à la chose, sont, pour des raisons chaque fois identiques, nécessairement transcendants à la perception [...]. La couleur de la chose vue [...] apparaît ; mais tandis qu'elle apparaît, il est possible et nécessaire qu'au long de l'expérience qui la légitime l'apparence ne cesse de changer. La même couleur apparaît « dans « un divers ininterrompu d'esquisses de couleur. La même analyse vaut pour chaque qua¬lité sensible et pour chaque forme spatiale. Une seule et même forme (donnée corporellement comme identique) m'apparaît sans cesse à nouveau « d'une autre manière «, dans des esquisses de formes toujours autres. Cette situation porte la marque de la nécessité ; de plus elle a manifestement une portée plus géné¬rale. Car c'est uniquement pour une raison de simplicité que nous avons pris pour exemple le cas d'une chose qui apparaît sans changement dans la percep¬tion. Il est aisé d'étendre la description à toute espèce de changement.

HUSSERL, Idées directrices pour une phénoménologie.

1. Qui ne cesse de changer à travers l'écoulement du temps.

Avant de commencer

· Principales notions abordées

La conscience; la perception (L); l'inconscient; l'existence et le temps (L);

théorie et expérience (L); la matière et l'esprit.

· Repères utilisés Absolu/relatif ; analyse/synthèse; identité/égalité/différence; légal/légitime; objectif/subjectif ; transcendant/immanent.

· Analyse du sujet — Le texte présente un caractère un peu « technique « et abstrait: il s'agit donc de suivre de près son argumentation et de s'appuyer sur l'exemple de la couleur pour bien comprendre ce que veut dire l'auteur.

— Efforcez-vous ensuite de trouver de nombreux exemples de perception qui illustrent les propos de Husserl et tâchez de penser à d'autres textes du même auteur ou sur le même thème qui vous permettraient d'éclairer et de compléter celui-ci.

« le flux incessant de la conscience «: dans notre esprit, les sensations, les sentiments, les idées ne cessent de se succéder au fil du temps, comme un cours d'eau qui s'écoule sans repos. Lorsque nous concentrons notre atten­tion, nous parvenons à stabiliser un moment (et seulement partiellement) nos pensées, mais immédiatement après, elles reprennent leur cours. Par exemple, je suis en train de rédiger un devoir de philosophie: mes idées progressent au fur et à mesure que j'écris, et en même temps j'entends les voitures qui passent avec un son continu mais qui se trans­forme de seconde en seconde, la faim s'annonce et se confirme, mes voisins produisent différents bruits, les rayons du soleil varient sans arrêt... Ainsi, n'importe quelle percep­tion, comme celle d'un stylo qui tombe par terre, est empor­tée dans le flot continu des événements psychiques qui se produisent en moi.

—             « le maintenant de la conscience «: il représente ce que perçoit ou pense notre conscience à l'instant t, par exemple, la chute du stylo. Or, juste avant que le stylo ne tombe, nous n'avions même pas idée de cet événement: il était totale­ment hors du champ de la conscience. Mais dès qu'il est tombé, quelques secondes après, ce sont déjà d'autres pen­sées ou perceptions qui nous envahissent. C'est donc un pur présent, extrêmement fugace.

—             « s'allume un nouveau maintenant «: dès qu'un « main­tenant « est passé, notre attention consciente se porte sur autre chose, par exemple une nouvelle pensée à rédiger dans le devoir ou un nouvel exemple qui nous vient à l'es­prit. Le bruit du stylo retombe dans « l'obscurité « de l'ou­bli, notre attention cesse de se « tenir « à lui et de l'éclairer, pour se reporter sur l'argument ou l'exemple qui nous pré­occupe. Ce sont eux, ensuite qui « s'allument «, c'est-à-dire qui sont mis en pleine lumière par notre conscience et notre attention. Mais que surgisse un nouvel événement (par exemple, une odeur de cuisine) et ces pensées s'obscurcis­sent au profit d'une perception aiguë de la faim. Et alors « s'allume un nouveau maintenant «, etc.