La perfection est-t-elle de ce monde ?
Publié le 27/02/2008
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3.
Leibniz propose donc d'affirmer que la vie sur Terre est déterminée par une combinaison d'éléments dont l'association est complexe.
Ces associationssont prédéterminées et leur agencement aurait pu se faire suivant différentesfaçons, mais l'Etre Suprême (Dieu) a choisi la combinaison la plus adéquate àla vie sur Terre.
Il ne s'agit pas d'une combinaison parfaite mais du « meilleurdes mondes » possible parmi un nombre déterminé de possibilités. Bien plus, au sein même de ce « meilleur des mondes » possible parmi plusieurs, Dieu a agencé les choses de telle sorte qu'elles le soient le mieuxpossible à l'intérieur du meilleur des mondes possibles.
Cette hypothèse luipermet d'affirmer que « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes »possible.
Ainsi, la perfection est terrestre, elle est à la fois mondainepuisqu'elle se manifeste dans chacune de ses parties, et extra mondainepuisque le monde lui-même est le meilleur qui soit.
La définition leibnizienne dela perfection la rapporte à un comparatif plutôt qu'à un superlatif, ce mondeest parfait « par rapport aux autres possibles » et ce qui s'y passe est parfait« par rapport à ce qu'il pourrait s'y passer ».
En somme, l'imperfectioninhérente à la vie humaine est la manifestation même de la perfection de celuiqui a choisi cette combinaison.
L'imperfection, c'est LA perfection elle-même. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.
La trop fameuse formule : « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles» apparaît en substancedans un ouvrage de Leibniz (1646-1716) qui sut mettre son génie de logicien au service de la religion : La Théodicée(1710), dont le titre exact est : Essais de théodicée sur la bonté de Dieu, la liberté de l'homme et l'origine du mal.
La Théodicée est un ouvrage où Leibniz s'efforce de résoudre quelques problèmes classiques posés à la théologie,et qu'il énonce ainsi :« Quand il n'y aurait point de concours (le Dieu aux mauvaises actions, on ne laisserait pas de trouver de ladifficulté en ce qu'il les prévoit et qu'il les permet, les pouvant empêcher par sa toute-puissance.»Comment peut-on concilier la bonté de Dieu avec l'existence du mal ? Comment peut-on concilier la liberté humaineavec la toute-puissance divine ?Le terme même de théodicée signifie « justice de Dieu » (du grec théos qui signifie « Dieu » et dikè qui signifie «justice »).
Leibniz est le premier à avoir formé ce néologisme qui devait rester dans la langue philosophique.
Mais lesproblèmes qu'il pose sont bien connus et Épicure (341-270 avant J.-C.) en avait déjà donné une formulationvigoureuse, qui tendait à prouver que notre conception du divin est parfaitement erronée.
Le but de Leibniz est toutautre, puisqu'il s'agit de défendre la cause de Dieu.Voltaire a eu beau jeu dans Candide (1759) de se gausser d'une formule qu'il ne comprend pas et qu'il malmène.Leibniz n'écrit pas «tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes », mais« L'on a montré que cet univers doit être effectivement meilleur que tout autre univers possible »ou encore :« Il faut dire que Dieu, entre les suites possibles de choses, infinies en nombre, a choisi la meilleure, et que parconséquent la meilleure est celle-là même qui existe en acte.»Ce qui varie de la formule voltairienne à la formule vraie de Leibniz est l'idée de pluralité.
Dieu conçoit une infinité demondes possibles, et il choisit suivant le principe du meilleur.
Cela ne veut pas dire que Leibniz nie le mal et quenous vivons «dans le meilleur des mondes », mais que tous les autres mondes possibles, que Dieu a conçus, sanschoisir de les faire exister, seraient pires.
Ce qui, avouons-le, n'est guère réjouissant, Leibniz va jusqu'à écrire :« En outre, si Dieu n'avait pas choisi la meilleure suite universelle (suite dans laquelle le péché intervient), il auraitadmis quelque chose de pire que tout péché des créatures.
»Le Dieu de Leibniz n'est pas un despote, ni, comme chez Descartes, un « libre créateur des vérités éternel-les ».Dieu est en quelque sorte « assujetti » à la logique.
Si son esprit comprend et conçoit tout ce qui peut ou pourraitexister, il ne crée pas les vérités : il les comprend.
La création consiste alors à élire, parmi toutes les possibilitésconcevables et calculables, celle qui offre le plus de perfection, compte tenu de la limitation des créatures, de leurimperfection.
Le Dieu de Leibniz est avant tout calculateur, logicien.
Guidé par leprincipe du meilleur, il porte à l'existence la totalité la plus harmonieuse.Ce qui apparaît aux créatures comme une déficience, comme un mal, comme une imperfection, doit être en véritécompris comme l'élément d'un ensemble :«Ainsi il peut se faire que, dans une construction ou une décoration, on ne choisisse pas la pierre la plus belle, ou laplus précieuse, mais celle qui remplit le mieux la place vide.
»Il faut donc comprendre non pas que le mal n'existe pas, que l'imperfection n'existe pas, mais qu'ils permettent labeauté de l'ensemble.
La créature, l'homme prend la partie pour le tout.
Il est nécessaire d'admettre au contrairequ'« il faut qu'il y ait une raison pour que Dieu permette le mal plutôt que ne le permette pas; or la raison de lavolonté divine ne peut être prise que du bien ».« Tout est pour le mieux » ne doit donc pas être compris comme «tout est bien », et la pensée de Leibniz n'a riend'un optimisme béat.
Il ne pouvait rien avoir de meilleur qu'un monde où le péché originel existe.
«Dieu permetquelques maux, pour que beaucoup de biens ne soient pas empêchés.
»Le mal et le péché ne sont donc que des éléments servant la beauté et l'harmonie de l'ensemble.
Mais leur causeessentielle est l'imperfection, la limitation des créatures.
Leibniz emploie pour l'expliquer l'image du fleuve.
Quand un.
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