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LA PHILOSOPHIE DES SCIENCES CHEZ AUGUSTE COMTE

Publié le 17/03/2011

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philosophie

   Dans l'intention de Comte, le Cours de philosophie positive et la philosophie de la science qui s'y trouve exposée n'étaient qu'une préparation à l'œuvre morale et politique, seule vraiment importante. Il n'en est pas moins vrai que, pour nous, cet ouvrage, soit à cause des questions dont il traite, soit à cause de l'esprit dont il est animé, est resté le plus intéressant et le plus lu des écrits de son auteur. Pour beaucoup de commentateurs, la philosophie de Comte, c'est uniquement ou principalement sa philosophie des sciences. Il est certain d'ailleurs que, quelque question qu'il traite, il en revient toujours à ce genre de considérations, et comme, d'autre part, ses vues sur ce sujet déterminent et expliquent toutes ses doctrines, on n'en saurait commencer autrement que par là l'exposition systématique II n'est d'ailleurs pas facile, Comte ayant longuement parlé des diverses sciences prises une à une et fort peu de la science en général, de dégager des six volumes du Cours les vues d'ensemble qui seules peuvent prendre place dans ce rapide résumé. On peut classer les idées de Comte sur ce point en deux séries, selon qu'elles concernent la science et ses principes ou les sciences et leurs méthodes.

philosophie

« l'utile.

« Ainsi, conclut-il, le point de vue le plus philosophique conduit finalement à ce sujet à concevoir l'étude deslois naturelles comme destinée à nous représenter le monde extérieur en satisfaisant aux conditions essentielles denotre intelligence, autant que le comporte le degré d'exactitude commandé à cet égard par l'ensemble de nosbesoins pratiques.

Nos lois statiques correspondent à cette prédilection pour l'ordre et l'harmonie, dont l'esprithumain est tellement animé que, si elle n'était pas sagement contenue, elle entraînerait aux plus vicieuxrapprochements ; nos lois dynamiques s'accordent avec notre tendance irrésistible à croire constamment, mêmed'après trois observations seulement, à la perpétuité des retours déjà constatés, suivant une impulsion spontanéeque nous devons aussi réprimer fréquemment pour maintenir l'indispensable réalité de nos conceptions.

» C'est là une déclaration capitale dont les termes achèvent de nous éclairer sur la fonction et la portée que Comteattribue à la science.

Nous y voyons avec précision en quoi la conception comtiste de la science se distingue de laconception cartésienne et de la conception criticiste.

— Cartésiens et Criticistes donnent également pour fin à lascience l'intelligible.

Mais, pour les Cartésiens, ce qui fait le prix de l'intelligible, c'est qu'il est la la condition ouplutôt l'essence du réel.

Pour A.

Comte, l'intelligibilité et la réalité sont deux choses fort différentes : l'intelligiblepeut n'être pas réel.

Si la science le prend pour sa fin, ou pour une de ses fins, c'est pour donner satisfaction à unbesoin tout subjectif.

En ce sens, la science n'est après tout qu'une façon de figurer les choses et de les traduiredans notre langage.

Les diverses sortes de loi ne sont pas distinguées par nous dans les choses parce qu'elles lesconstituent, mais parce que nous avons besoin, pour faire les choses nôtres, de les envisager sous ce doubleaspect.

Pour que cette satisfaction subjective soit légitime, il suffit, notre esprit ne devant pas s'exercer inutilementet sans espoir d'application, que cette figuration s'accorde avec les apparences.

Or, cet accord est tout à faitcontingent, et c'est en quoi cette fois Comte s'écarte du criticisme.

— Pour Kant non plus, l'intelligible n'est pas leréel, et les lois de la science ne déterminent pas la nature de la chose en soi.

Mais les lois que l'esprit réclame pourrendre les faits intelligibles, il est assuré que les faits s'y soumettront nécessairement.

Selon Comte, ils s'ysoumettent en fait et dans une certaine mesure.

Mais la réalité, môme expérimentale, déborde les cadres de notreintelligence.

Nous croyons les phénomènes soumis à des lois : pourquoi ? L'expérience nous le montre, et nous avonsd'ailleurs besoin de le croire.

De ces deux choses, garantie de l'expérience ou exigence de nos besoins pratiques,quelle est celle qui fonde le mieux notre croyance à la possibilité de la science ? C'est la première, dit le Cours dephilosophie positive ; c'est la seconde, dit le Système de politique.

En tout cas, nous ne saurions assurer que leslois naturelles s'étendent au delà des faits qu'il nous est donné d'observer.

On aurait pu légitimement douter qu'il yeût des lois des phénomènes sociaux, avant que Comte eût fondé la sociologie.

C'est son titre de gloire d'avoirmontré, dans le cercle de l'expérience humaine, l'aptitude universelle de l'esprit positif.

Mais, au delà de ce cercle, ilne faut rien assurer.

Même à l'intérieur, il est prudent de ne pas regarder les choses de trop près, pour n'être pasdéçu en ses besoins rationnels.

Le zèle des purs savants les emporte à construire de dangereux instruments deprécision, qui détruisent, en dénonçant des irrégularités inaperçues, le bel ordre déjà mis dans les faits.

Il fautsavoir, en nous consolant, que notre science est approximative autant que limitée.

Allons plus loin : sachonsreconnaître quelle est instable.

Non seulement de nouvelles lois viennent changer l'économie de la science faite ;mais nos conceptions méthodologiques ou les idées directrices de nos recherches, changent avec le développementde l'esprit humain, et le genre de science qui est bon pour aujourd'hui pourrait ne l'être plus pour demain.

Voilà lavraie relativité, ou du moins le complément indispensable de la relativité déjà signalée par Kant.

L'expérience sensible— c'est-â-dire la matière de la science — est relative à la structure de nos organes ; l'explication de l'expérience —c'est à-dire la forme de la science — est relative à l'âge de l'esprit humain.

Il n'en faut pas conclure au scepticisme.Car, d'une part, il y a des lois statiques de l'intelligence humaine, comme de toutes choses, donc des lois stables dela pensée et de la science : le fond en reste le même.

D'autre part, il se trouve que l'intelligence en son progrès — c'est là le sens profond de la loi des trois états — s'adapte de mieux en mieux à la réalité et se plie à l'exprimer plus exactement.

La science, avec ses imperfectionsnécessaires, se trouve ainsi placée sous la double garantie de l'expérience universelle et de l'histoire.

A priori, il n'y apas de raison pour croire à l'accord de la variété et de la complexité des faits avec les besoins de l'intelligence.

Enfait, nous constatons que les faits s'y prêtent et que, de mieux en mieux, nous nous prêtons aux faits.

Gardons-nous cependant d'être trop exigeants ou trop minutieux. 2° Les sciences et leurs méthodes.

— Il resterait à parler des sciences et de leurs méthodes : mais de celles-ciComte ne dit presque rien, et ce qu'il dit de celles-là est trop connu, — étant passé dans la tradition et dansl'enseignement, — pour qu'il soit utile d'y insister beaucoup. L'esprit positif doit s'appliquer à tout; mais il ne peut procéder que progressivement, et chaque ordre de spéculationdoit se produire en son temps, sous peine d'être prématuré et inefficace.

Tout d'abord^ bien que la pratique soitassurément la fin de toutes nos recherches, il n'en est pas moins nécessaire d'écarter au début toute préoccupationd'application et d'éviter d'enfermer l'esprit dans le cercle des problèmes utiles.

Mais il ne faut revendiquer ainsi, pourles dispositions spéculatives de l'intelligence humaine, qu'une indépendance provisoire.

Il le faut pour justifier lascience faite et Tordre de ses progrès : peut-être d'ailleurs est-il temps, maintenant que la science est ébauchéedans son ensemble et que les cadres et les principes généraux en sont définitivement déterminés, de mettre fin auxspéculations sans objet et de subordonner la recherche scientifique aux besoins pratiques.

Il faut donc distinguerentre la justification de la science d'hier et la réglementation de la science de demain.

Par là s'explique l'oppositiondes vues de Comte dans le Cours et dans le Système.

Tenons-nous-en d'abord au Cours, où Comte expose lascience et ne la règle pas.

Il y explique donc que la contemplation a dû se constituer à part de l'action.

Elle s'estelle-même naturellement divisée en contemplation scientifique et en contemplation esthétique.

Après quoi lascience, à son tour, a dû se faire exclusivement analytique en démêlant simplement les lois abstraites des. »

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