Devoir de Philosophie

La philosophie est-elle un luxe ?

Publié le 07/10/2005

Extrait du document

philosophie

( Hegel) La philosophie donc, seule permet de devenir homme, de sortit de l'enfance de la pensée  qui s'illusionne. Or, s'illusionner, se tromper sur le monde, c'est aussi s'empêcher d'agir correctement, de pouvoir avoir une maîtrise sur le monde. Toute science est par exemple sous-tendue par une vue philosophique.     Le luxe même de la philosophie la rend nécessaire Le sens commun donne encore raison à Calliclès en tenant la philosophie pour une activité frivole, un jeu intellectuel plus déroutant que subversif. La philosophie ne cherche pas à se faire valoir auprès de l'opinion. Elle reconnaît même qu'elle n'est pas utile, c'est-à-dire subordonnée à une fin naturelle et préétablie. Dans notre monde, tout est en effet soumis à une logique purement utilitaire. Les techniques par les contraintes qu'elles font peser sur les individus, donnent une vision purement utilitaire du monde dépourvue de transcendance, de dimensions symboliques, philosophiques. La pensée ne s'attache plus à la méditation, au recueillement, parce qu'infléchie par les idées d'efficacité et d'utilité de la technique omniprésente. Ce qui met en péril l'essence même de l'homme, en tant qu'être pensant.

La philosophie est souvent considérée négativement par l'opinion. On voit en effet, les philosophes comme des individus se posant des questions sur tout et ne trouvant pas souvent de véritables réponses. La philosophie apparaît comme une sphère, un domaine totalement détaché du monde, en retrait. Elle semble être pure théorie sans application, sans contact avec la réalité. La philosophie demande dès lors, à celui qui s'y adonne un temps libre, dénué de toute nécessité vitale. En effet, pour s'extraire du monde pratique, il faut ne pas avoir à travailler. De plus, la philosophie, comme l'affirme Calliclès dans le Gorgias, ne mène à rien. Pourtant, la philosophie ne nous permet pas de penser par nous-même et de réfléchir profondément à nos actions? N'est-ce pas, en outre parce qu'elle est dégagée de tout souci utilitaire qu'elle peut avoir une vision et une action bénéfique sur le monde?

  • La philosophie est en retrait de l'action
  • La philosophie permet à chacun de réfléchir par lui-même et à avoir sa propre vision du monde
  • Le luxe même de la philosophie la rend nécessaire
philosophie

« La philosophie est-elle un luxe ? Ce qui est un luxe est coûteux et inutile.

Nous aurons donc à évoquer trèsbrièvement ce que l'on pourrait appeler l'aspect économique de cette question, c'est-à-dire les conditionsfinancières indispensables pour philosopher dans notre monde moderne.

Mais approfondir cet aspect nousentraînerait vers le problème général, sociologique, de l'inégalité des chances dans les carrières.

C'est évidemmentsur le problème de l'utilité de la philosophie que nous nous attarderons.

Il nous apparaît alors que la question poséenous oblige à nous interroger nécessairement sur la définition même de la philosophie.

Et finalement, au- delà mêmede la nature de la philosophie, c'est au drame de la condition humaine que notre réflexion nous conduira.Les non-philosophes considèrent en général la philosophie comme un langage abstrus, un discours abstrait, qu'unpetit groupe de spécialistes, seul à pouvoir le comprendre, développe sans fin au sujet de questionsincompréhensibles et sans intérêt, une occupation réservée à quelques privilégiés qui, grâce à leur argent ou à unheureux concours de circonstances, ont le loisir de s'y livrer, un luxe donc.

Et il faut bien reconnaître que, déjà,pour qu'un seul élève puisse devenir candidat au baccalauréat, pour qu'il accède au privilège de pouvoir rédiger laprésente dissertation philosophique, il a fallu de lourdes dépenses financières assumées par ses parents et par lescontribuables.

Et à quoi lui servira réellement, « dans la vie », le fait d'avoir rédigé cet exercice de style ? Dansnotre monde moderne où règne la technique scientifique et industrielle, où tout est évalué en fonction de larentabilité et du profit commercial, à quoi cela peut-il servir de discuter des rapports entre vérité et subjectivité,médiat et immédiat, contingence et nécessité, ou du doute méthodique chez Descartes ? Il est vrai d'ailleurs que laphilosophie est loin d'être totalement absente du monde moderne, c'est-à-dire des écrans de télévision, puisque, engénéral, l'homme contemporain n'a le sentiment de percevoir véritablement le monde extérieur que lorsqu'il le voitreflété dans ces petits quadrilatères.

On montre donc de temps en temps, à la télévision, des philosophes dans telleou telle émission : ils séduisent généralement le public par leur art de parler, on achète leur livre le lendemain, on enfeuillette les premières pages, avant de refermer définitivement l'ouvrage, rebuté que l'on est, la plupart du temps,par l'incompréhensible jargon.

Mais tout cela est ressenti précisément comme un luxe de privilégiés, comme l'affaired'un « tout petit monde », sans influence sur les grandes options de la vie.La gloire de la philosophie, répondront certains philosophes, c'est précisément d'être un luxe et un discours inutile.Tout d'abord, s'il n'y avait que l'utile dans le monde, le monde serait irrespirable.

La poésie, la musique, la peinture,elles aussi, sont inutiles.

Elles n'améliorent pas la productivité.

Mais pourtant elles sont indispensables à la vie.

Ellesnous libèrent de l'urgence utilitaire.

C'est également le cas de la philosophie.

Socrate, dans les dialogues de Platon,fait remarquer à ses interlocuteurs qu'ils ont tout leur temps pour discuter, que rien ne les presse.

Et il est bien vraiqu'il faut pour cela du loisir, comme il faut du loisir pour peindre, pour composer de la musique et de la poésie.Et c'est précisément le rôle de la philosophie de révéler aux hommes l'utilité de l'inutile ou, si l'on veut, de leurapprendre à distinguer entre deux sens du mot utile.

Il y a ce qui est utile pour telle fin particulière : le chauffage,ou l'éclairage, ou les transports, et il y a ce qui est utile à l'homme en tant qu'homme, en tant qu'être pensant.

Lediscours de la philosophie est « utile » en ce dernier sens, mais il est un luxe si l'on ne considère comme utile que cequi sert à des fins particulières et matérielles.Peut-on donner une définition générale de cette philosophie conçue comme un discours théorique ? Il est assezdifficile de trouver un dénominateur commun entre les différentes tendances.

Peut-être pourrait-on dire qu'il estcommun aux structuralistes et aux analystes, pour prendre pour exemple deux groupes importants, de développer undiscours réflexif sur toutes les formes du discours humain, qu'il soit scientifique, technique, politique, artistique,poétique, philosophique ou quotidien.

La philosophie serait donc ainsi une sorte de métadiscours, qui ne secontenterait pas d'ailleurs de décrire simplement les discours humains, mais qui les critiquerait au nom de ce qu'ilfaut bien appeler les exigences de la raison, même si cette notion de « raison » est mise elle-même en question parla plupart de ces discours réflexifs.

Et il faut bien reconnaître que, depuis Socrate, ce discours sur les discours a étéun aspect de la philosophie.Il est pourtant bien difficile de se satisfaire de cette solution.

Si la plupart des hommes considèrent la philosophiecomme un luxe, c'est surtout parce qu'elle leur paraît infiniment éloignée de ce qui fait la substance de leur vie :leurs soucis, leurs souffrances, leurs angoisses, la perspective de la mort qui les attend et qui attend ceux qu'ilsaiment.

En face de cette réalité écrasante de la vie, le discours philosophique ne peut leur apparaître que comme unvain bavardage et un luxe dérisoire...« Des mots, des mots, des mots », disait Hamlet.

Qu'est-ce qui finalement estle plus utile à l'homme en tant qu'homme ? Est-ce de discourir sur le langage, ou sur l'être et le non-être ? N'est-cepas plutôt d'apprendre à vivre une vie humaine ?Nous avons évoqué tout à l'heure les discours de Socrate, discours sur les discours des autres.

Ils n'étaient pasdestinés pourtant à construire un édifice conceptuel, un discours purement théorique, mais ils étaient uneconversation vivante, d'homme à homme, qui n'était pas coupée de la vie quotidienne.

Socrate est un homme de larue.

Il parle avec tout le monde, il parcourt les marchés, les salles de sports, les ateliers des artisans, les boutiquesdes commerçants.

Il observe et il discute.

Il ne prétend pas savoir quelque chose.

Il interroge seulement, et ceuxqu'il interroge s'interrogent alors sur eux-mêmes.

Ils se remettent alors eux-mêmes en question, eux-mêmes et leurmanière d'agir.Dans cette perspective, le discours philosophique n'est plus une fin en soi, mais il est au service de la vie. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles