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La philosophie française au xixe siècle

Publié le 26/11/2018

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Saint-Simon et Fourier sont les principaux représentants de cette philosophie utopique. Comme les libéraux et les traditionalistes, ils s'appliquent à tirer les leçons de la Révolution française. Conscients des enjeux de la révolution industrielle qui s'accomplit en Europe, ils prônent une complète réorganisation économique et sociale.

Au contraire des traditionalistes, ces auteurs s'apparentent à la philosophie des Lumières par la confiance dont ils font preuve à l'égard des progrès scientifiques et techniques. Ainsi, tous proclament la supériorité de l’ingénieur et de l'homme de sciences sur l'homme politique.

Ils estiment que les institutions religieuses, notamment l'Église catholique, ne sont plus, après la Révolution, que des survivances historiquement condamnées. Il n'en concluent pas que l'avenir est à l'irréligion. Ils pensent que croyances, rites et symboles sont indispensables à toute société.

Les philosophes du xixe siècle sont souvent des penseurs engagés, certains en faveur de la monarchie, d’autres en faveur de la république. Le débat philosophique de l’époque est inséparable du débat sur la Révolution de 1789 et celles de 1830 et 1848. Les prises de positions par rapport à ces événements ne sont pas seulement politiques, mais aussi spirituelles ou philosophiques. Dans le même temps, presque tous les penseurs se donnent pour mission de chercher un principe constructeur, capable de fonder une société solide. Ils le trouvent dans l’origine des idées, le sens de l’histoire ou la réforme sociale. Cette recherche se donne pour objectif de mettre au jour une réalité indépendante de l’arbitraire humain : il ne s'agit pas de créer un principe, mais de le révéler.

DEUX GRANDES PÉRIODES

On peut distinguer dans le xixe siècle deux grandes périodes, au regard de la philosophie. Sa première moitié voit une floraison de doctrines qui prétendent révéler le secret de la nature et de l’histoire et montrer à l’homme la logique de sa destinée, individuelle et sociale. Il en est ainsi, parmi les philosophies catholiques construites en réaction au xviii' siècle, des doctrines sociales de Fourier et de Saint-Simon ou de la psychologie de Maine de Biran.

La seconde moitié du siècle voit renaître l’esprit critique et d’analyse après la constatation de l’échec des premières tentatives de grandes constructions philosophiques ou sociales. Les penseurs croient pouvoir obtenir des sciences - économiques, sociales ou naturelles - des résultats que l’étude des réalités spirituelles peine à fournir. Ces réalités sont néanmoins remises à l’honneur, dans la dernière décennie du siècle, avec, notamment, le début de l’œuvre de Bergson.

LES IDÉOLOGUES

Un groupe hétérogène

Au début du xixe siècle, la pensée philosophique est dominée par un groupe de républicains libéraux - c'est-à-dire ouverts aux « libéralités », à la générosité - qui se nomment eux-mêmes les « idéologues ».

Formés sous l'Ancien Régime, mais acquis aux idées révolutionnaires, ils sont opposés à l'Empire avant de se résigner à la monarchie après 1830.

L’idéologie ne forme pas une « école », mais regroupe des personnalités hétérogènes qui fréquentent le salon de Mme Helvétius à Auteuil, avant d'intégrer la section d’« Analyse des sensations et des idées », qui constitue la classe des sciences morales et politiques de l'institut de France. Ils présentent des formations très diverses : juridiques, médicales, théologiques...

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« • Les principales œuvres de Saint-Simon sont Du système industriel (1821) , le Catéchisme des industriels (1824) et le Nouveau Christianisme (1825).

CHARLfS FOURI ER • Charles Fourier (1772-1837) postule, dans sa théorie de l'harmonie unive rselle, que Dieu a réglé avec un ordre parfait les mouvements , matériels , organiques et animaux, qui sont en œuvre dans l'univers .

Seuls les mouvements humains sont chaotiques .

• La Providence nous garantit que l 'homme peut atteindre le bonheur en suivant sans contrainte les passions primitives dont la nature l'a doté.

• Les conditions de ce bonheur seront créées par les sciences, les arts, l'agriculture et la grande industrie.

Toutefois, ce bonheur ne pourra être atteint sans travail.

Afin de rendre ce dernier attractif , Fourier a l'idée de la phalange, qui réunit dans un phalanstère un groupe de travailleurs associés rassemblant tous les corps de métiers nécessaires pour subvenir aux besoins de ses membres.

• Les principales œuvres de Fourier sont Théorie des quatre mouvements (1808), le Traité de l'association domestique agrico l e ( 1822), le Nouveau Monde industriel et sociétaire (1829) .

LE PIEMIER SPIRITUALISME • Le spiritualisme est une réflexion sur la distinction fondamentale de l'activité et de la passivité du moi -de l'âme - qui ne remet pas en cause l'existence du monde extérieur.

Ce courant reconna ît la libre initiative de l 'esprit, indépendamment du déterminisme physique , en supposant la reconnaissance de l'âme comme cause active.

PIERR E-PAUL ROYER ·COLLARD • L'avocat Pierre -Paul Royer -Collard (1763-1845) axe sa réflexion sur la question de la perception .

• L'histoire de cette notion montre que, de Descarte s à Condillac , les « idées représentatives " sont interposées entre l'objet et la conscience .

li en résulte un « idéalisme » , ruineux pour la société comme pour la religion , car il conduit à un scepticisme universel.

• Royer -Collard s'appuie sur l'œuvre du philosophe écossais Thomas Reid pour montrer que l'existence du monde extérieu r est auss i certa ine que celle de notre expérience interne, et que les idées de substance, de causa lité et de durée résident en nous .

« La philosophie de l'esprit humain est une science des faits , tout comme les sciences naturelles », affirme-t-il.

• Ses principales œuvres sont sa« Leçon inaugurale » de 1813 et ses fragments de cours inclus dans la traduction des œuvres de Reid .

JOSEPH·MARIE DE CihANDO • L'administrateur Joseph-Marie de Gérando (1772-1842) entrepr e nd une classification généra le des systèmes qui fait de l 'histoire de la philosophie le « sommet de l'histoire humaine de l'esprit humain » .

• Ses principales œuvres sont Théorie des signes et de l'art de pensée dons leurs rapports mutuels (1800 ), De la génération des connaissances humaines (1802) et Histoire comparée des systèmes de philosophie relativement aux principes des connaissances humaines (1804) .

PIERRE lAROMIGUih E • Le prêtre Pierre Laromiguière (1756-1837) recommande l'analyse psychologique qu'il applique à deux questions importantes : celle des facultés de l'âme et celle de l 'origine des idées .

• Pour Laromiguière, l'ensemble des facultés intellectuelles et volontaires dérive de l'attention .

Celle-ci est à la source de la comparaison qui, découvrant les rapports entre les choses , est le point de départ du jugement et du raisonnement.

• Ces trois pouvoirs actifs de l'âme -attention , jugement et raisonnement­ s 'appliquent aux sensations pour en tirer les idées : ce sont les facultés de l'entendement- désir, préférence et liberté .

Ils recherchent ce qui leur agrée et fuient ce qui leur répugne : ce sont les facultés de la volonté.

Le double système des facultés de l'entendement et de la volonté embrasse tout le système des facultés de l'âme .

• Les principales œuvres de La romiguière sont Sur la longue du raisonnement (1811) et Leçons de philosophie (1818) .

MAIN E DE BIRAN • Maine de Biran (1776-1824) souhaite conserver l'acquis scientifique des Lumières pour établir enfin une science de l'homme qui englobe la métaphysique , sans retomber dans les dogmatismes antérieurs .

• Maine de Biran s'attache notamment à rendre compte de la disparité des effets observables de l'habitude qui tantôt affine les impressions , tantôt les rend plus confuses .

• Il recommande une méthode réflexive -n'interroger que l'expérience et rejeter toute spéculation sur la nature p rofonde des choses -en insistant sur la notion d'effort , acte psychologique privilégié , qui permet de sais ir à la fois la volonté et la conscience .

• Ses principales œuvres sont Mémoire sur l'habitude (1801) , Mémoire sur la décompo sition de lo pensée (1805) et Rapports du physique et du m oral (1811 ).

VICTO R COU SIN • trldor Cousin (1792-1867) est la figure dominante de la philosophie française au XIX ' siècle .

Après 1830 , il devient conseiller d'Êta~ membre du Conseil royal de l'Instruction pub lique, directeur de l'École normale, président du jury d 'agrégation de philosophie , pair de France et ministre de l'Instruction publique.

• Cousin se réclame de l'« éclectisme », terme qui désigne l'étude de plusieurs objets en vue de ne retenir de chacun que ce qu'il y a de bon.

Appliqué à la philosophie , l'éclectisme désigne le procédé par lequel on étudie tous les systèmes -idéalisme , sensualisme , matérialisme , scepticisme, etc.

- pour choisir dans chacun ce qui est vrai, et faire de la réunion des parties adoptées un système complet , qui serait l'expression exacte de la vérité.

• L'éclectisme proclame l'indépendance de la raison, en admettant le libre examen et la tradition .

La philosophie existe : il ne s'agit plus que de la révéle r par le biais de l'histoire , puis de l'organiser.

• L'éclectisme se fonde sur le principe qu'il y a de la vérité dans tous les système s : son but est de la trouver.

C'est l'universalité de l 'humain que vise l'éclectisme dans l'examen de " toutes les philo sophies » ramenées à leurs principes « généraux».

• Il faut, d'une part, interroger toutes les grandes œuvres léguées par les philosophes ; d'autre part, rassembler les vérités consignées dans chaque système de man ière à former une science méthodique.

• L'histoire d'une part et de l'autre la psychologie- c 'e st-à-dire « l'étude de l'acte conscient s'analysant dans l'observation intérieure et se saisissant synthétiquement par l'intuition réflexive » -sont les deux moyens d'atteindre l'objectif.

• Les principa les œuvres de Cousin sont ses Cours de l'histoire de la philosophie ou XVIII' siècle (1840) , Cours d 'histoire de la philosophie moderne (1841) .

THÉODORE JOUFFROY • L'autre représentant du spiritua lisme éclectique en France est Théodore Jouffroy (179&-1842) .

Tout en maintenant les thèses essentielles de l'éclectisme, celui-ci l'oriente vers une« science » psychologique qui lui paraît seule capable de donner la solution des grands problèmes philosophiques et notamment du problème de la destinée humaine.

• Sa principale œuvre est sa préface à la traduction des Esquisses de philosophie morale de Dugalt-Stewart (1826 ).

A UGUSTE COM TE • La condamnat ion de la philosophie spiritualiste est principalement l'œuvre d'Auguste Comte (1798-1857) et de ses disciples.

Celui -ci entend mettre en valeur l'esprit " posit if », c 'est-à-dire celui qui s'attache à la fois à l'exactitude scientifique et à l'utilité sociale de sa propre activité.

• Le but de Comte est la réorganisation de la société, mais pas par une action pratique directe comme les philosophes sociaux .

Il subordonne la réforme de la société à une réforme préalable de la pensée , en vue de lui donner de nouvelles habitudes conformes à l 'avancement de l'esprit humain .

Selon lui, ce dernier doit renoncer à connaître l'essence des choses et se borner à l'observation des faits d 'expérience et de leurs relations invariables .

• Le projet grandiose de Comte est d 'instituer « l'Humanité » en fondant la société humaine , en proie au désordre , sur une politique scientifique.

Pour cela, le philosophe observe comment tous les é léments constitutifs de l'humanité se manifestent dans l'histoire.

• Sa loi des trois états montre par où est passé l'esprit humain pour se développer : l'état théologique -où l'esprit humain invoque des êtres fictifs pour répondre aux questions qu'il se pose-, l'état métaphysique -où l'homme substitue aux esprits des abstractions ou entités subordonnées à l'entité la plus générale : la nature -et l 'état positif- où l'homme récuse tout absolu pour rechercher des lois qui ne délivrent pas de réponse , mais manifestent seulement des relations constantes entre les faits que l'esprit perçoit.

·Cette loi de l 'évolution des états de l'esprit humain aboutit à une classification des sciences fondamentales.

Comte attribue à cinq d 'entre elles une valeur déterminante et croissante en vertu de leur caractère expérimental : l'astronomie , la physique, la chimie, la physiologie et la physique sociale.

Cette dernière , qu'il nommera plus tard la sociologie , doit être abordée en dernier ressort, lorsque les précédentes seron~ l'une après l'autre , parvenues à l'état positif.

Les relations sociales occupent donc le point culminant de la complexité scientifique .

• Le savoir n'a rien d'une recherche désintéressée : il est orienté vers le progrès et l 'utilité de l'humanité .

• L e pouvoir doit quant à lui régler la vie intérieure des hommes pour les amener à vivre en commun .

Dans la société positive , celui-ci devra à la fois justifier la société industrielle et ramener les puissants aux sentiments d 'égalité et de solidarité .

• Les principales œuvres de Comte sont le Cours de philosophie positive (1830-1842), l e Système de politique positive (1851-1854) et le Catéchisme positif (1852) .

des réticences, dont celle de Pirl'l'l!-losrph Proudhon (1809-1865) , qui récuse à la fois l'individua lisme libéral et l e socialisme ».

• Proudhon critique le droit de propriété , qui est au fondement des institutions et des rapports humains - «la propriété , c'est le vol "· Chacun a droit au produit total de son travail , estime-t-il, " réformer la propriété, c'est réformer toute la société , réformer tout l'homme ».

• Son refus de tout absolutisme , en particulier celui de l'État centralisateur , fera de son œuvre une source d'inspiration majeure de l'anarchisme.

• Ses principales œuvres sont Q u'est-ce que la proprié té? (1840) e t Système des contradictions économiques ou Philosophie de la misère (1846) , dont les références à la dialectique hégélienne seront contestées par Marx.

SPIRITUALISME ET CRITIQUE • Le positivisme scienti fique, qui veut appliquer l'expérimentation , les mesures et les statistiques aux phénomènes psychologiques et sociaux , suscite une réaction contre les excès du matérialisme.

CHARLES RENOU VIER • La métaphysique renaît sous la forme d 'un nouveau spiritualisme qui se manifeste par le néocriticisme de Charles Renouvier (1815-1903) .

• La pens ée de celui-ci s'applique à trois thèmes parallèles : la finitude de toutes choses ; la défense du libre -arbitre sans lequel aucune certitude n'est possible ; et le relativisme idéaliste- il n 'existe que des phénomènes et la connaissance de tout phénomène est relative.

• Les principales œuvres de Renouvier sont ses Essais de critiques générales (1854-1864), Science de la morale (1869) , les Dilemmes de la métaphysique pure (1901) et le Personnalisme (1903) .

IULES lAC H ELIER • Jules Lachelier (1832 -1918) soutient que le problème posé au spiritualisme réside dans le rapport de la psychologie et de la métaphysique.

• Il propose une autre méthode que celle de l'observation et de l'analyse des faits.

Lachelier prolonge la méthode réflexive jusque dans un idéalisme qui lui perme t de passe r de la conscience à l'espr it, de la psycho logie à la métaphysiq u e et de conclure que «la nature est grosse de l'esprit» .

• Sa princ ipale œuvre est Du fondement de l'induction (1871 ).

ANTOINE AUGU STIN COU RN OT • Antoine Augustin Cournot (1801-1877 ) retient de Renouvier et de Kant la relativité de la connaissance ; il rejette les tentatives des éclectiques pour fonder une métaphysique sur une psychologie .

• Cournot établit que le problème fondamen tal de la philosophie est celui de la relative inadapta tion à la nature des choses de la faculté humaine de connaître .

Un déterminisme total étant impossible , il fonde sa réflexion sur la signification philosophique des prob abilités.

• Ses prin cipales œuvres sont Exposition de la théorie des chances et des probabilités (1843) et Considérations sur la marche des idées et des événements dons les temps moderne s (1872).

VERS LA PHILOSOPHIE D 'HENRI BERG SON • Ces recherches montrent que la philosop hie ne peut prétendre emb rasser la tota lité de l'être dans une doctrine unique .

·C'est donc à une sorte de conversion de l 'esprit , " à un retour conscient et réfléchi aux données d e l'intuition » qu'invite Henri Bergson (1859-1941), à la suite de Lachelier.

• Son œuvre, fruit d 'une réflexion d'analyse critique face aux faits et à l'expérience , mais qui ne propose pas pour autant une explication totale de la réalité, s'amorce à la fin de ce XIX' siècle .. »

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