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La philosophie peut-elle se concilier avec la religion ?

Publié le 22/06/2009

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Introduction. —- A Joas, dont elle voudrait gagner la sympathie sans renoncer à sa propre religion, Athalie déclare: «J'ai mon Dieu! que je sers, vous servirez le vôtre. Ce sont deux puissants dieux... « Et l'enfant de répondre, dans l'intransigeance de son orthodoxie : « Il faut craindre le mien. Lui seul est Dieu, Madame, et le vôtre n'est rien. « Ce ne serait pas une telle gageure que prétendre réduire à un semblable dialogue les rapports de la philosophie et de la religion au cours des siècle. Offre de conciliation, d'une part; affirmation d'intransigeance, d'autre part, la demande et la réponse ne cessent de se heurter. Mais les rôles changent et si, dans les premiers temps du christianisme, l'intransigeance fut surtout le fait de la religion, il semble que ce soit aujourd'hui un titre d'honneur et une garantie d'authenticité pour la philosophie que d'affirmer le plus nettement possible un exclusivisme à l'égard de la religion. Il n'est point de philosophe qui ne se soit un jour trouvé devant le « problème de Dieu «. Il n'est pas de religion qui se soit totalement désintéressée de l'effort de pensée des philosophes. Religion et philosophie, en face de l'idée de Dieu, entrent en contact. S'accordent-elles ou s'affrontent-elles ? Chacune, en nous parlant de Dieu, prétend-elle exclure la façon de voir de l'autre, ou pouvons-nous concilier le « Dieu des philosophes « et le « Dieu de la religion « ? Dès l'abord, nous constatons la double possibilité d'un accord ou d'une contradiction. L'antinomie de la raison et de la foi vient d'un conflit substitué à un concours sur un terrain commun à ces deux « preneuses d'être « que sont la philosophie et la religion.

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« partir de la Renaissance à une reprise du conflit : cette utilisation n'est-elle pas un esclavage ? Les philosophesvont s'efforcer de libérer du joug de la religion une raison dont ils vont affirmer et faire reconnaître l'autonomietoujours plus large. b) Le rationalisme et la religion. — C'est toute l'histoire du/rationalisme qu'il faudrait retracer ici.

Nul doute que l'on soit en droit de voir un Descartes le libérateur de la raison, puisque c'est par la seule pensée qu'il arrive à Dieu,après avoir par le doute méthodique exclu tout le reste.

Il est aussi l'un des fondateurs et des piliers du rationalismemoderne.

Ce rationalisme n'entre pas aussitôt en conflit avec la religion : Descartes prétend bien, au contraire,prouver Dieu en une démonstration aussi certaine que les démonstrations mathématiques.

Mais, par le fait, il creuseentre la raison et la foi un fossé qui demeurera béant et, d'autre part, il ouvre la voie tant au subjectivisme qu'aupanthéisme (Spinoza) et au scepticisme (tentation de passer du doute méthodique au doute tout court).Pour Kant, Dieu échappe aux prises de la raison théorique et ne peut donc figurer parmi les conclusions de lamétaphysique si, du moins, on prétend trouver chez elle le caractère nécessaire des mathématiques et des sciencesexactes.

Ici encore nous trouvons une faille entre philosophie et religion, cette dernière ressortissant seulement à laraison pratique et échappant au domaine du savoir pour être du domaine de la croyance : le Dieu du philosophen'est pas objet de certitude, mais de foi.Dans le rationalisme hégélien, le Dieu de la religion joue certes un grand rôle et la religion elle-même est un deséléments qui constituent l'esprit objectif et contribuent par suite à l'avènement de l'Esprit absolu qui couronne ladémarche philosophique.

Ici, le problème des relations religion-philosophie est tranché à l'honneur de celle-ci,puisque la religion constitue, le dernier moment avant la philosophie, qui est savoir absolu, synthèse finale.

Lephilosophe démontre spéculativement (par concept) la vérité qui se trouvait (en représentation) dans la religion.Malgré toute l'estime que Hegel professe pour la religion chrétienne, «n doit constater qu'elle constitue seulement(encore que dans la mentalité hégélienne ce « seulement » ne soit pas forcément péjoratif) un élément de sonsystème.On peut dire, en général, que la philosophie qui écarte le Dieu de la religion aboutit tôt ou tard à l'athéisme plus oumoins déguisé : Spinoza mène à Brunschvicg, Bayle précède l'Encyclopédie, Hegel ouvre la voie à Feuerbach et auxSans-Dieu.

Le Dieu du rationalisme est bien différent du Dieu des croyants. C.

Le malaise qui en résulte. — Ces méfiances et ces conflits ne peuvent aboutir qu'à un malaise : sans doute l'attitude d'intransigeance a sa beauté.

Beauté de l'attitude de foi pure, où le croyant n'a pas besoin d'autre choseque de la Parole de Dieu qu'il reconnaît dans la révélation qui lui est faite.

Beauté de l'attitude rationaliste qui refusela foi et la révélation comme des solutions de facilité et qui entend aller jusqu'au bout des possibilités humaines.

Etpourtant ni l'une ni l'autre ne suffit : le philosophe pour être loyal ne peut refuser de tenir compte de ce fait humainqu'est l'attitude de foi; la religion ne peut faire taire chez le croyant l'exigence d'une certaine justificationrationnelle.

Plutôt que de se durcir dans un refus de l'autre, philosophie et religion ne peuvent-elles rechercher uneconciliation ? II.

- La recherche de conciliation. A.

Conditions préalables. — Toute conciliation suppose des concessions réciproques; faute de les consentir, on ne peut aboutir qu'à de fausses solutions. a) Distinction spécifique. — La première condition à réaliser est donc l'abandon de toute intransigeance.

Mais la philosophie et la religion peuvent-elles consentir à cet abandon sans être infidèles à leur vocation, sans perdre parle fait leur raison d'être? Cet effort pour une compréhension mutuelle ne sera possible que si, de part et d'autre, l'onessaye de délimiter les domaines.

Le philosophe, quand il s'interroge sur Dieu, se trouve devant un problème : unproblème au même titre que celui du temps et de l'espace, des rapports de la matière et de l'esprit, de l'un et dumultiple; un problème qu'il aborde sans autre arme que sa propre raison, résolu à écarter toute solution que la raisonne justifierait pas.

Le croyant, quand il pense à Dieu, se trouve devant une présence : qu'il soit capable ou non del'expliquer, il sait qu'il entretient avec son Dieu des relations personnelles; et cette certitude, confirmée par laRévélation, est à la base de sa foi.

Nous sommes donc conduits à reconnaître, d'une part, la spécificité de latechnique philosophique, qui exige la liberté de spéculation; d'autre part, la spécificité de l'option religieuse, qui n'estjusticiable que d'elle-même.

Chacune de ces attitudes doit reconnaître la spécificité de l'autre et, en même temps,sa propre insuffisance.

La raison doit concéder qu'elle ne peut nous donner le dernier mot sur Dieu : la religion, qu'illui est essentiel de ne refuser aucune des lumières de la raison. b) Implication mutuelle. — Mais, quand bien même on admettrait ces présupposés, tout danger de fausse solution n'est pas écarté pour autant.

Le plus gros danger serait peut-être de pousser trop loin la distinction des domaines :le philosophe ne peut, ni ne doit faire abstraction de sa foi; celle-ci peut, au contraire, constituer un utile stimulantà sa recherche, et tant que cette recherche n'a pas abouti à des évidences, elle lui fournit, au moins, une règleassurée de conduite; il ne considérera pas la religion comme un à-côté ou une affaire privée, mais comme unélément, une condition existentielle de sa quête de Dieu.

Le croyant, de son côté, ne peut ni ne doit se résigner deson plein gré à la « foi du charbonnier »; si suréminente que doive être son estime de la Révélation, elle ne peut leconduire à dédaigner l'usage de cette intelligence qu'il reconnaît comme un don de Dieu destiné à lui faire saisir levrai.

Mais comment concilier cette implication réciproque avec la distinction spécifique que nous avons affirmée plushaut ? B.

Les fausses conciliations. — Il faut maintenir une aide réciproque, mais non l'asservissement de l'une à l'autre. Nous ne ferons que mentionner les solutions qui font trop bon marché de l'un ou l'autre élément.

Un certain. »

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