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La poésie doit-elle s'inspirer du quotidien ?

Publié le 15/09/2009

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La poésie doit-elle s'inspirer du quotidien ?

Par « poésie «, nous entendons une forme littéraire qui se distingue de la prose par une exigence touchant a la forme du discours, celle-ci obéissant a des lois précises, formant des unités particulières que l’on nomme « vers «. Plus largement, la poésie est un usage particulier du langage qui consiste a rompre avec l’utilisation commune, et pourquoi pas triviale de la langue, de sorte a créer une expression qui mérite a bon droit le nom de « sacre « au sens étymologique du terme, a savoir de « coupé «, de « séparé «. La poésie est donc plus qu’un simple usage de la langue qui se singularise par rapport a l’usage habituel des locuteurs dans les conversations de tous les jours : elle est bien une langue dans la langue elle-même.

Le terme s’inspirer signifie utiliser les idées ou l’exemple de quelqu’un ou quelque chose pour faire naitre une pensée ou un objet inédits.

Le quotidien est ce qui se répète tous les jours, ce qui par définition nous est familier par ce que nous en faisons une expérience répétée, sans cesse réactivée. Par contamination, nous entendons par quotidien ce qui appartient a la dimension vulgaire de l’existence humaine, telle que les taches et les fonctions pénibles, parfois harassantes, qu’il s’agit de répéter jour après jour afin de se maintenir en vie.

L’expression « La poésie doit-elle s’inspirer du quotidien ? « ne saurait que nous étonner, dans la mesure où il semble bien que le rôle propre de la poésie est précisément de nous éloigner du quotidien, de nous donner par un usage du langage inédit et par l’emploi d’un lexique choisi accès à un domaine radicalement distinct du quotidien. Dans un premier temps, nous dirons qu’il est incontestable que la poésie manifeste bien davantage le désir de s’évader du quotidien qu’elle ne s’inspire de ce dernier. Cependant, la poésie doit peut-être s’inspirer effectivement du quotidien afin de nous permettre de revenir sur lui avec un regard neuf qui nous amène à le percevoir d’une manière inédite et pourquoi pas plus positive ? Enfin, nous verrons que la poésie ne doit pas uniquement s’inspirer du quotidien, que ce soit avec l’intention d’en permettre l’évasion ou la volonté de l’enjoliver, mais peut également se proposer de nous faire accéder à une réalité nouvelle, une expérience inédite : celle d’un monde singulier ou d’une perception sans pareille de la réalité.

La question au centre de notre travail sera donc de déterminer si le motif qui nous porte à lire de la poésie est de nous permettre de fuir notre quotidien ou au contraire de nous offrir les moyens de porter sur lui un regard renouvela sinon inédit ?

« Tout ce qu'ensemble elle avait joint; » Cependant, ce texte (qu'il faudrait citer en entier) ne laisse pas de ne chercher qu'une chose : la beauté qui résidejusque dans la laideur et ce qui a le plus instinctivement tendance à nous repousser.

Nous dirons donc que nouslisons toujours de la poésie pour nous échapper du quotidien, puisque même l'évocation de la trivialité demeure uneaspiration à la beauté.

Il semble donc que la poésie, loin de s'inspirer du quotidien, doit s'inspirer de ce qui s'opposele plus radicalement à lui, et notamment de cet « idéal » dont il est si souvent question dans les œuvres deBaudelaire. Lire de la poésie pour fréquenter un usage singulier et inhabituel de la langue b. Mais nous dirons que c'est dans un autre sens, complémentaire, que la poésie doit refuser de s'inspirer duquotidien : parce qu'en lisant de la poésie, nous cherchons à fréquenter un autre usage de la langue, plus exigeantet sans rapport avec l'usage utilitaire que nous en faisons au quotidien.

En effet, Mallarmé à bien montre que l'usageque nous faisons de la langue dans le quotidien est comparable à notre relation à la monnaie : nous visons quelquechose à travers le langage, de même que nous visons un bien à travers l'argent que nous donnons.

Nous dirons doncque nous lisons de la poésie car nous désirons nous évader du rapport utilitaire que nous entretenons avec lelangage.

Prenons l'exemple de cet extrait d'un poème de René Char : « Montagne des grands abusés,Au sommet de vos tours fiévreusesFaiblit la dernière clarté.Rien que le vide et l'avalanche,La détresse et le regret!Tous ces troubadours mal-aimésOnt vu blanchir dans un étéLeur doux royaume pessimiste.Ah! La neige est inexorableQui aime qu'on souffre à ses pieds,Qui veut que l'on meure glacéQuand on a vécu dans les sables ». René Char “Pyrénées”, Commune présence Ce poème peut représenter un exemple de l'effet d'évasion que nous recherchons dans la poésie : une évasion endehors de l'usage quotidien de la langue.

Nous dirons donc que la poésie est bien loin de devoir s'inspirer duquotidien : nous cherchons bien davantage à ce qu'elle s'inspire de l'idéal, de ce qui échappe à notre sphèrehabituelle d'expérience. II.

Mais la poésie doit s'inspirer du quotidien lorsqu'elle s'efforce de renouveler notre rapport à ce dernier a.

La poésie s'inspire du quotidien lorsqu'elle cherche à renouveler le regard que nous portons sur lui Cependant, nous dirons qu'il est tout à fait inapproprié de nous en tenir à une thèse de ce genre.

En effet, nous nepouvons affirmer que la poésie doit à tous prix s'inspirer de ce qui s'oppose au quotidien, puisqu'elle doit égalementse rapporter au quotidien lorsqu'elle prétend renouveler la perception que nous en avons.

Le poète Saint John Persea écrit à ce propos : « Poète est celui-là qui rompt l'accoutumance ».

Le poète est en effet celui qui nous permetde nous rapporter d'une manière nouvelle à notre entourage, à notre quotidien, celui qui nous fait percevoir notreréalité environnante comme un espace merveilleux et non comme la répétition du même que nous avons tendance ày voir.

Prenons un exemple concret : celui de Jean Cocteau qui disait voir dans les bouches du métro parisien bienplus qu'un accès trivial a des transports en commun, mais de véritables entrées souterraines vers un universmerveilleux : la herse d'un château.

Nous dirons donc que ce que nous cherchons dans la poésie, plutôt que de nousdistraire de notre réalité en nous faisant envisager quelque chose de nouveau, c'est peut être bien de nouspermettre de nous rapporter a ce qui nous entoure avec un regard revigore, rafraichi.

A ce titre, la poésie doit biens'inspirer du quotidien, c'est-à-dire s'écrire avec des mots empruntés au quotidien et donner vie à des réalités qui b.. »

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