Devoir de Philosophie

La présence du temps

Publié le 09/01/2020

Extrait du document

temps

les unes passées, les autres futures; aucune n'existe, et le temps est pourtant une chose divisible ». Comment l'instant peut-il diviser le temps s'il existe sans exister? Cette question, et l'arrière-fond théorique qui la soutient, sera développée explicitement dans les textes 2, 3 et 4.

Après avoir posé ces apories, Aristote parvient tout de même à une définition du temps. Il est clair que, dans la mesure où il est à la fois même et autre que soi, dans la mesure où il est la forme même du devenir et du changement de toute chose, le temps entretient une relation fondamentale avec le mouvement. C'est ainsi qu'Aristote définit le temps comme « le nombre du mouvement selon l'antéro-postérieur ». Comment faut-il comprendre ce nombre, en grec arithmos? Nombre, ici, ne désigne pas « ce qui sert à compter ». Arithmos signifie ici moins le nombre au sens usuel qu'une structure, un assemblage harmonieux, ordonné avec mesure. Ce qui, du mouvement, se trouve ainsi ordonné par cette structure est la succession, c'est-à-dire le rapport de l'avant-après (anté-rieur-postérieur). Ainsi conçu, le temps est le sens, l’ordre et la direction du mouvement.

■■■■I LE MAINTENANT ET LE PRÉSENT

Ces dernières remarques nous conduisent à examiner le statut du maintenant ou de l'instant (le grec nun traduit l'un et l'autre). En effet, la fonction du maintenant est bien d'assurer le passage entre l'antérieur et le postérieur. « En tant qu'il est nombre, il nombre », déclare Aristote à propos du maintenant. Le maintenant se situe entre deux pôles, l'avant et l'après. C'est lui qui est la marque de l'orientation antéro-postérieure.

Une difficulté surgit aussitôt : comment le maintenant peut-il passer? Si l'espace est de l'ordre des coexistences (les points, en effet coexistent, c’est-à-dire sont tous présents à la fois dans l'espace), le temps est de l'ordre des successions (les instants ne peuvent exister simultanément, ils doivent nécessairement s'enchaîner, et donc en un sens se détruire mutuellement, voir texte 2). Or si le

maintenant est destiné à la destruction, comment peut-il assumer sa fonction de mesure ? Aristote énonce à ce propos une nouvelle aporie. Lorsque je dis « maintenant je suis ici », le maintenant a bien une situation précise, une fixité. Mais tout à l’heure, je dirai « maintenant je suis là ». Il faut donc constater que le contenu du maintenant n'est jamais le même, ce qui implique par voie de conséquence que le maintenant en lui-même n'a pas d’identité. Or comment penser l'essence d'une réalité qui est toujours autre, variable, évanescente ?

Puisque tout maintenant s'évanouit, on peut dire de manière générale que les trois moments du temps : présent, passé, futur ne peuvent pas eux-mêmes demeurer ce qu'ils sont. Augustin constate : « le présent sort de quelque lieu secret, lorsque de futur, il devient présent, et [...] le passé se retire aussi dans un lieu secret ». Quant à l'avenir, il est invisible : « il est impossible de voir ce qui n'existe pas ». Si l'essence de l'instant est une essence disparaissante, évanescente (texte 4), n'est-ce pas la preuve que l'instant, considéré comme limite qui assure à la fois la continuité et la divisibilité du temps, n'existe pas? Le temps ne peut passer, dit encore Augustin, que « dans un certain espace (aliquo spatio), et nous mesurons toujours des espaces de temps (spatia temporum). Pourtant, le temps n'occupe pas d’espace, et ce qui n’a pas d'espace, nous ne pouvons le mesurer ».

D'où vient alors notre assurance que nous mesurons le temps ? Existe-t-il un moyen de mesurer les moments qui passent à la fois tels qu'ils ont cessé d'être et tels qu'ils continuent à être ? Il est clair que le passé et le futur, bien qu'évanescents et passagers, existent d'une quelconque manière puisque j’ai des souvenirs et que je peux faire des projets, c'est-à-dire anticiper ce qui va arriver. Il conviendra alors, pour penser la présence des trois moments du temps, de ne plus les considérer comme de purs instants abstraits et idéaux, mais de les envisager à partir des traces qu'ils gravent dans l'esprit (texte 5). C'est un certain concept de présent qui, pensé à partir de ces empreintes, permettra de donner son fondement métaphysique à l'enquête sur l'être du temps.

temps

« les unes passées, les autres futures; aucune n'existe, et le temps est pourtant une chose divisible "·Comment l'ins ­ tant peut -il diviser le temps s'il existe sans exister? Cette question, et l'arrière -fond théorique qu i la soutient, sera développée explic itement dans les textes 2, 3 et 4.

Après avoir posé ces apories.

Aristote parvient tou t de même à une déf inition du temps.

Il est clair que , dans la mes ure où il est à la fois même et autre que soi, dans la mesure où il est la forme même du deve nir et du change­ ment de toute chose.

le temps entretient une relation fon­ damentale avec le mou vement.

C'es t ainsi qu'Aristote défi­ nit le temps comme « le nombre du mouvement selon l'antér o-postéri eu r ».

Comment faut-il comprendre ce nombre.

en grec arithmos? Nombre, ici, ne désigne pas « ce qui sert à compter ».

Arithmos sign ifie ici moins le nomb re au sens usuel qu'une structure.

un assemblage harmonieux.

ordonné avec mesure.

Ce qui.

du mouve­ ment, se trouve ainsi ordonné par cette structure est la succession, c'est -à-dire le rapport de l'avant -après (anté ­ rieur-pos térieur ).

Ainsi conçu, le temps est le sens, l'ordre et la direction du mouvement.

LE MAINTENANT ET LE PRÉSENT Ces dernières remarques nous conduisent à examiner le statut du maintenant ou de l'instant (le grec nun traduit l'un et l'au tre) .

En effet, la fonction du maintenan t est bien d'assurer le pas sage entre l'anté rieu r et le postérieur.

« En tant qu'il est nombre, il nomb re »,déclare Aristote à pro­ pos du maintenant.

Le ma intenant se situe ent re deux pôles, l'avant et l'après.

C'est lui qui est la marque de /'orientation antéro-postérieure.

Une difficulté surgit .aussitôt : comment le maintenant peut-il passer? Si l'espace est de l'ordre des coexistences (les points, en effet coexis tent, c'est-à-d ire sont tous pré­ sents à la fois dans l'espace).

le temps est de l'ordre des successions (les instants ne peuvent existe r simultané­ ment.

ils doivent nécessairement s'enchaîner, et do nc en un sens se détrui re mutue llement, voir texte 2).

Or si le. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles