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La puissance du langage peut-elle être redoutable ?

Publié le 09/10/2005

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) et observer les cadres dans lesquels cette efficace redoutable du langage peut se manifester (contexte politique, contexte de domination d'une personne sur une autre... Gorgias, Eloge d'Hélène « Le discours est un tyran très puissant ; cet élément matériel d'une extrême petitesse et totalement invisible porte à leur plénitude les oeuvres divines : car la parole peut faire cesser la peur, dissiper le chagrin, exciter la joie, accroître la pitié. (...) Dès lors, quelle raison empêcher qu'Hélène aussi soit tombée sous le charme d'un hymne, à cet âge où elle quittait la jeunesse ? Ce serait comme si elle avait été enlevée et violentée (...). Car le discours persuasif a contraint l'âme qu'il a persuadée, tant à croire aux discours qu'à acquiescer aux actes qu'elle a commis. C'est donc l'auteur de la persuasion, en tant qu'il est cause de contrainte, qui est coupable ; mais l'âme qui a subi la persuasion a subi la contrainte du discours, aussi est-ce sans fondement qu'on l'accuse. » III. La relation du langage à l'homme  On pourra alors cerner les limites de cette idée d'une efficace redoutable du langage, en montrant que cette efficace est limitée par le fait que le langage suppose un récepteur doué de raison, capable de sens critique, en montrant que l'usage du langage peut difficilement être conçu comme strictement unilatéral, et qu'une interprétation du langage comme phénomène social général mettant en jeu des relations complexes entre des subjectivités est plus productif qu'une interprétation du langage comme redoutable moyen de domination.

Le langage est une fonction d’expression et de communication liée à la pensée, spécifiquement humaine. Le fait de parler ne se réduit pas aux dispositifs neurobiologique et organique : « L’invention de l’art de communiquer nos idées dépend moins des organes qui nous servent à cette communication que d’une faculté propre à l’homme [la pensée], qui lui fait employer ses organes à cet usage « (Rousseau, début d’Essai sur l’origine des langues). La pensée a donc besoin d’un intermédiaire, le langage, pour être communiquée, extériorisée. Toutefois, le langage extériorisé caractérise plus la parole, car on peut parler d’un langage intérieur, qui ne se laisse pas forcément percevoir par autrui. Aussi au sens le plus large, le langage est un système de signes servant de moyen de communication : on peut évoquer ainsi le langage des gestes, du corps, en ce sens que tous les organes des sens peuvent servir à créer un langage. Mais communiquer, c’est toujours en quelque sorte imposer son être, affirmer ses idées, et pouvoir ainsi orienter ou déstabiliser son interlocuteur. Comment comprendre, dès lors, cette fonction inhérente au langage qui a pour fins de dominer autrui ? 

 

 

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« efficace est limitée par le fait que le langage suppose un récepteur doué de raison, capable de sens critique, enmontrant que l'usage du langage peut difficilement être conçu comme strictement unilatéral, et qu'une interprétationdu langage comme phénomène social général mettant en jeu des relations complexes entre des subjectivités estplus productif qu'une interprétation du langage comme redoutable moyen de domination. Bergson « D'où viennent les idées qui s'échangent ? Quelle est la portée des mots ? Il ne faut pas croire que la vie socialesoit une habitude acquise et transmise.

L'homme est organisé pour la cité comme la fourmi pour la fourmilière, aveccette différence pourtant que la fourmi possède les moyens tout faits d'atteindre le but, tandis que nous apportonsce qu'il faut pour les réinventer et par conséquent pour en varier la forme.

Chaque mot de notre langue a donc beauêtre conventionnel, le langage n'est pas une convention, et il est aussi naturel à l'homme de parler que de marcher.Or, quelle est la fonction primitive du langage ? C'est d'établir une communication en vue d'une coopération.

Lelangage transmet des ordres ou des avertissements.

Il prescrit ou il décrit.

Dans le premier cas, c'est l'appel àl'action immédiate ; dans le second, c'est le signalement de la chose ou de quelqu'une de ses propriétés, en vue del'action future.

Mais, dans un cas comme dans l'autre, la fonction est industrielle, commerciale, militaire, toujourssociale.

Les choses que le langage décrit ont été découpées dans le réel par la perception humaine en vue du travailhumain.

Les propriétés qu'il signale sont les appels de la chose à une activité humaine.

Le mot sera donc le même,comme nous le disions, quand la démarche suggérée sera la même, et notre esprit attribuera à des choses diversesla même propriété, se les représentera de la même manière, les groupera enfin sous la même idée, partout où lasuggestion du même parti à tirer, de la même action à faire, suscitera le même mot.

Telles sont les origines du motet de l'idée.

» «La puissance du langage peut-elle être redoutable ?» Quelques éléments de réflexions : · La puissance du langage est redoutable en raison de la possibilité qu'il offre de "manipuler" les gens, comme l'a bien vu Platon dans sa critique de la rhétorique.

Mais cette manipulation peut se retourner contre les manipulateur eux -mêmes, et échapper ainsi à tout contrôle, ainsi que l'explique H.

Lefeb vre «Le discours se vend.

Il sert à vendre.

lise manipule et permet de manipuler.

Les gens se divisent alors en manipulateurs et en manipulés ; les rôles peuvent changer, et le manipulateur se laisser manipuler.

Le discours parachève ainsi l'aliénation par l'argent et le monde de la marchandise.

En allant au fond des choses, ce n'estd'ailleurs pas lui qui manipule et aliène : c'est la forme qui a capturé cette autre forme, le langage, à savoir la marchandise, et qui la change en discours, en moyen de persuader, c'est-à-dire de vendre.

.

(Le langage et le société, coll.

Idées, p.

371) · Cette puissance du langage est particulièrement redoutable dans une perspective politique, car les discours engagent les peuples, comme l'a souligné Hegel : «Les discours sont des actes et même des actes tout à fait essentiels et très efficaces.

Certes, on entend souvent des hommes se justifier en disant : "Ce n"étaient que des paroles".

Si cela est vrai, s'il ne s'agit que de mots, leur innocence est établie ; en effet de tels discours ne sont que purs bavardages et le bavard jouit du privilège de l'innocence.

Mais les discours entre peuples ou bien ceux qui s'adressent à des peuples et des princes sont des actes. (La Raison dans l'Histoire, 10-18, p.

26) Introduction Le langage est une fonction d'expression et de communication liée à la pensée, spécifiquement humaine.

Le fait de parler ne se réduit pas aux dispositifs neurobiologique et organique : « L'invention de l'art de communiquer nosidées dépend moins des organes qui nous servent à cette communication que d'une faculté propre à l'homme [lapensée], qui lui fait employer ses organes à cet usage » ( Rousseau , début d' Essai sur l'origine des langues ).

La pensée a donc besoin d'un intermédiaire, le langage, pour être communiquée, extériorisée.

Toutefois, le langageextériorisé caractérise plus la parole, car on peut parler d'un langage intérieur, qui ne se laisse pas forcémentpercevoir par autrui.

Aussi au sens le plus large, le langage est un système de signes servant de moyen decommunication : on peut évoquer ainsi le langage des gestes, du corps, en ce sens que tous les organes des senspeuvent servir à créer un langage.

Mais communiquer, c'est toujours en quelque sorte imposer son être, affirmer sesidées, et pouvoir ainsi orienter ou déstabiliser son interlocuteur.

Comment comprendre, dès lors, cette fonctioninhérente au langage qui a pour fins de dominer autrui ? I.

la puissance rhétorique, ennemie de la vérité a.

Diogène Laërce affirme au sujet de Protagoras que « le premier il dit que sur toute chose il y a deux discours qui se contredisent l'un l'autre » (cf.

D.

Laërce, Vie, doctrines et sentences des philosophes illustres ). Protagoras est un sophiste, et le thème du discours double se trouve dans ses Antilogies .

Le sentiment de la contradiction dont est susceptible tout discours a été conforté chez Protagoras.

Il s'appuie ainsi sur la pratique dela démocratie athénienne, où la décision politique, devant l'Assemblée du peuple, est toujours discutée.

La décisionest toujours discutable, c'est-à-dire réversible et modifiable.

Cette versatilité sera un des reproches. »

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