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La raison peut-elle éliminer l'irrationnel ?

Publié le 27/02/2008

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La raison peut-elle éliminer l'irrationnel ?

Depuis les Egyptiens qui vénérait le Nil pour ses crues la connaissance a indéniablement progressé et avec elle la raison. Nous sommes parvenu à rendre raison de ces crues et de nombreux autres phénomènes. Devant la progression des connaissances et l'élimination d'un tas de phénomènes qui semblaient magiques ou mystérieux on est en droit de se poser une question, pourquoi ne parviendrions nous pas à rendre raison de tout ? En d'autres termes, la raison ne peut-elle éliminer l'irrationnel ?
Cette question et notre exemple tendent à faire penser qu'il existe un combat entre la raison et l'irrationnel qui ne peut se solder que par l'élimination de l'un des protagonistes. C'est à ce présupposé que nous attaquerons en définissant la raison et l'irrationnel. Nous montrerons pour notre part que si l'on considère l'irrationnel dans un sens plein la raison n'a aucun motif, et aucun moyen, de l'éliminer, c'est à dire de tenter de le rendre rationnel. Nous montrerons même que le contraire conduirait à des illusions et à un mauvais usage de la raison.
Pour ce faire, nous étayerons notre réflexion en éclaircissant tout d'abord les liens entre l'irrationnel et la raison pour voir ensuite que si l'irrationnel peut être considéré comme une borne du rationnel il pourra enfin en constituer la limite.


« abandonnées.

Ainsi Comte préconise-t-il d'abandonner la recherche « du pourquoi ultime » de notre existence et dese concentrer sur les faits afin de pouvoir faire progresser notre connaissance jusqu'à son achèvement. Indéniablement cet idéal d'une science complète est tentant et il a pour lui le fait que la science progresse.

Cedétour par le positivisme permet donc de redéfinir, en partie au moins,l'irrationnel comme un « rationnel en attented'une intervention de la raison ».

Par conséquent, « éliminer l'irrationnel » signifie donc pour la raison le conquérir etle convertir en rationnel en trouvant la bonne méthode pour y parvenir et on comprend donc, qu'en partie au moins,l'irrationnel est moins une limite infranchissable circonscrivant le rationnel qu'une borne de l'état actuel du champsrationnel, borne que l'on semble pouvoir toujours déplacer et éloigner. 3.

...ou le limite-t-il ? Pourtant, un doute sur la capacité de la raison à étendre sans fin son empire sur l'irrationnel s'élève lorsque l'ons'aperçoit que les mystiques les plus fervents, et donc les tenants de l'irrationnel les plus féroces, sont aussi lesplus « rationalistes » d'entre nous.

Que penser ainsi de Bertrand Russel, qui a participé à la démonstration desmathématiques et qui achève Les problèmes de philosophie sur l'affirmation de l'existence d'un monde réel au sens de Platon dans la République notamment ? Russel comme Platon sont de fervents « pratiquants » de la raison mais soutiennent tous les deux qu'il existe un monde dont la raison ne put rendre compte, un monde « irrationnel » doncmais qui, comme tel, donne sa valeur à notre monde.

Que penser aussi de Wittgenstein qui dans le Tractatus philosophico-logicus pratique la déduction et applique rigoureusement une démarche rationnelle mais doit admettre qu'il existe un « élément mystique » tel que l'éthique, dont il ne faut parler puisque cela est impossible ? Or, on serappellera que le logos grec signifie tout à la fois « raison » et « langage », ce qui montre que la parole et la raison sont intimement liées. Wittgenstein et Russel prennent le contre-pied de Comte.

Lorsque Comte constate qu'il existe un champ (le« pourquoi ultime de notre existence ») que la raison ne peut dominer il l'abandonne mais nos auteurs, au contraire,le prennent très au sérieux et en font même un domaine important de notre existence.

Qu'y mettre dès lors ? La foiou l'éthique mais aussi l'art et en fait toute chose qui met la raison en échec mais donne son sens à notreexistence.

Certes l'entreprise positiviste a probablement une valeur régulatrice (en pensant qu'il peut parvenir à uneconnaissance parfaite le scientifique est poussé à poursuivre son enquête) mais pour autant tout se passe comme sitoute entreprise visant à mener l'activité rationnelle jusqu'à son achèvement se soldait par la découverte d'unchamp résistant à la raison.

L'exemple même des mathématique l'illustre bien.

Toutes les démonstrations du mondereposent en fin de compte sur des postulas dont la raison ne peut rendre compte et qu'elle doit se contenterd'accepter.

C'est en quelque sorte le point de vue que défend la psychanalyse, Freud et Jung par exemple estimentque la raison côtoie sans cesse une sphère d'intelligibilité, le rêve, qu'elle ne peut maîtriser.

Loin de lui être opposéecette nouvelle sphère lui est simplement juxtaposée et la complète même. Par conséquent, au sortir de l'étude de Russel et Wittgenstein nous sommes amenés à définir l'irrationnel non pluscomme une borne du rationnel mais comme sa limite, comme une autre sphère à laquelle la raison n'a pas accès.

Ons'aperçoit ainsi que la position positiviste, comprise autrement que comme une utopie régulatrice est réductrice etillusoire.

On ne peut abandonner la recherche du « pourquoi ultime » et estimer que notre connaissance estparvenue à son achèvement.

En inscrivant les limites de la rationalité on se retrouve donc débarrassé d'illusions eton a fait de la place pour la croyance.

Nous voici donc ramené à l'entreprise « critique » kantienne de la Critique de la raison pure qui n'a pas d'autre but.

En cartographiant l'île de la rationalité il ne s'agissait pas de s'élancer en conquérant à l'assaut de l'irrationnel mais bien plus d'en accepter l'existence afin de ne pas mésuser de notre raisonet, à la fin, perdre toute confiance en elle.

Il s'agissait ainsi de voir qu'il n'y avait pas de combat entre la raison etl'irrationnel au sens fort mais une juxtaposition.

Il s'agissait donc de voir l'étendue du champs d'action del'instrument qu'est la raison tout en préservant nos questions légitimes sur le sens de notre existence par exemple.Kant, mais aussi Russel et Wittgenstein donnent ainsi raison à Pascal qui affirme que « la dernière démarche de laraison est de reconnaître qu'il y a une infinité de choses qui la surpasse ».

Conclusion Le sujet présupposait un combat de la raison et de l'irrationnel et, nous l'avons vu, ce combat a dans un sens lieud'être.

La raison, naturellement conquérante, peut se lancer légitimement à l'assaut d'une partie de l'irrationnel quin'est que « du rationnel en puissance ».

Pour autant cela ne suffit pas à justifier l'espérance positiviste.

La raisonne peut éliminer l'irrationnel au sens fort, c'est à dire ce qui est dépourvu de raison précisément car elle ne peut s'yappliquer.

Comte nous enjoindrait alors d'abandonner l'irrationnel et de nous apercevoir qu'il est inutile mais, Kant lefait remarquer, nous nous posons naturellement des questions à son sujet.

Loin de les abandonner, il s'agit peut êtreplutôt de voir qu'elles donnent un sens à notre existence.

Tant que l'on ne tente pas d'y appliquer la raison cechamp irrationnel n'a pas lieu de disparaître ou de nous effrayer.. »

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