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La réappropriation critique du vécu et des représentations : l'intervention philosophique

Publié le 10/08/2014

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·     La mission critique de la philosophie a souvent valu aux philosophes d'être en rupture avec l'ordre établi, notamment chaque fois que les institutions en place ou les pratiques politiques en vigueur ont pu paraître menacées ou même problématisées par une réflexion qui ne se laisse ni réduire ni intégrer. Socrate (dont Platon relate le procès dans l'Apologie de Socrate) en est un des plus illustres exemples. Mais avec lui Galilée, Spinoza, Marx, et bien d'autres, attestent la situation souvent marginale des philosophes. Hommes politiques et gouvernants se soucient généralement assez peu d'assurer à la philosophie la place qui lui revient comme pédagogie de la réflexion critique. On comprend, a contrario, le désir qui pouvait animer Platon de voir les philo­sophes placés à la tête de la Cité pour mettre fin au cycle de la corruption et du mensonge. Il convient toutefois de se demander jusqu'à quel point le voeu ainsi formulé doit être pris au pied de la lettre. L'autonomie de la philosophie par rapport aux fonctions politiques n'est-elle pas la condition de sa vie propre? Après Platon (cf. la lettre VII) Kant soulignera la nécessité de cette autonomie.

 

·     En bref, nier la spécificité de l'intervention philosophique, la ravaler au niveau du sens commun et du développement « spontané « de la pensée, c'est tout à la fois lui dénier tout statut d'activité rigoureuse et méthodique, suscep­tible d'être apprise, et lui retirer toute sa signification de distanciation, de rééla-boration critique. Les exemples ne manquent pas, dans des périodes très diverses, d'une telle entreprise de réduction de la philosophie. Déjà Platon, reprenant l'enseignement de Socrate, ne cessait de rappeler que la démarche philosophique, comme recherche du vrai (philo-sophia), implique le dépasse‑

« • Ainsi, l'assimilation de la philosophie à une spéculation vide et arbitraire, séparée de la vie, repose sur un complet malentendu.

Toute pensée, fût-elle «commune», «concrète» et «positive», procède par affirmations, généralisa­ tions, raisonnements de tous ordres.

La question est de savoir si le fonctionne­ ment «spontané» de la pensée commune est réglé par une exigence de rigueur, de lucidité, ou s'il reproduit les faux-semblants, les préjugés qui le conditionnent à son insu.

La philosophie, entendue au sens strict -que défen­ dait déjà Socrate dans ses discussions avec des interlocuteurs imbus de faux savoirs-, n'est pas autre chose que la recherche d'une maîtrise de la pensée par elle-même.

C'est en ce sens qu'elle est un facteur décisif de liberté.

Qu'une telle recherche implique une problématisation des lieux communs, de tout ce que l'homme a intérêt à penser en fonction de valorisations affectives inconscientes, ne peut dès lors étonner.

Le reproche d'abstraction adressé à la philosophie relève le plus souvent d'une attitude obscurantiste.

Tout langage suppose un niveau minimal d'abstraction (cf.

la rubrique langage).

Là encore, la question est de savoir s'il s'agit d'une bonne abstraction (celle qui traduit une distanciation critique par rapport aux illusions du concret) ou d'une mauvaise abstraction (celle qui opère dans l'expérience des découpages sans rigueur ni cohérence).

Renoncer à l'abstraction, c'est renoncer à l'indépendance de la pensée.

On comprend que les objections extérieures à la philosophie ne /'at­ teignent guère et restent totalement vaines dans leur prétention à n'être pas philosophiques.

Elles résultent le plus souvent de l'illusion spontanéiste dont savants et philosophes ont fait justice, en montrant qu'elle revient en fait à laisser le champ libre aux fascinations, aux conditionnements et aux préjugés de toutes sortes.

• Instrument irremplaçable pour la définition d'une démarche de réflexion autonome, la philosophie tend à libérer l'homme de cette cécité qu'est l'igno­ rance non consciente d'elle-même, car occultée par des faux savoirs.

Elle peut ainsi avoir des incidences sur la définition d'un art de vivre où la lucidité nourrit l'efficacité pratique.

• La mission critique de la philosophie a souvent valu aux philosophes d'être en rupture avec l'ordre établi, notamment chaque fois que les institutions en place ou les pratiques politiques en vigueur ont pu paraître menacées ou même problématisées par une réflexion qui ne se laisse ni réduire ni intégrer.

Socrate (dont Platon relate le procès dans l'Apologie de Socrate) en est un des plus illustres exemples.

Mais avec lui Galilée.

Spinoza.

Marx.

et bien d'autres, attestent la situation souvent marginale des philosophes.

Hommes politiques et gouvernants se soucient généralement assez peu d'assurer à la philosophie la place qui lui revient comme pédagogie de la réflexion critique.

On comprend, a contrario, le désir qui pouvait animer Platon de voir les philo­ sophes placés à la tête de la Cité pour mettre fin au cycle de la corruption et du mensonge.

Il convient toutefois de se demander jusqu'à quel point le vœu ainsi formulé doit être pris au pied de la lettre.

L'autonomie de la philosophie par rapport aux fonctions politiques n'est-elle pas la condition de sa vie propre? Après Platon (cf.

la lettre VII) Kant soulignera la nécessité de cette autonomie.

• En bref, nier la spécificité de l'intervention philosophique, la ravaler au niveau du sens commun et du développement «spontané» de la pensée, c'est tout à la fois lui dénier tout statut d'activité rigoureuse et méthodique, suscep­ tible d'être apprise, et lui retirer toute sa signification de distanciation, de rééla­ boration critique.

Les exemples ne manquent pas, dans des périodes très diverses, d'une telle entreprise de réduction de la philosophie.

Déjà Platon.

reprenant l'enseignement de Socrate.

ne cessait de rappeler que la démarche philosophique, comme recherche du vrai (philo-sophia), implique le dépasse- 182. »

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