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La recherche de la sagesse et de l'épanouissement peut-elle être indépendante de la connaissance du monde ?

Publié le 08/09/2005

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Cette définition rappelle celle des morales de la sagesse antiques selon lesquelles le savoir était indissociable d'un savoir-faire. En ce sens la philosophie ne pouvait faire l'économie d'une entreprise spéculative, c'est-à-dire qu'elle comprenait un progrès dans la connaissance des choses.     « J'aurais voulu premièrement y expliquer ce que c'est que la philosophie, en commençant par les choses les plus vulgaires, comme sont: que ce mot de philosophie signifie l'étude de la sagesse, et que par la sagesse on n'entend pas seulement la prudence dans les affaires, mais une parfaite connaissance de toutes les choses que l'homme peut savoir, tant pour la conduite de sa vie que pour la conservation de sa santé et l'invention de tous les arts «  DESCARTES, Principes de la philosophie, préface.   1.2 La recherche de la sagesse et de l'épanouissement ne peut se passer de la connaissance du monde, car la sagesse est intimement liée au savoir.   « La sagesse sera la plus achevée des formes du savoir. Le sage doit donc non seulement connaître les conclusions découlant des principes, mais encore posséder la vérité sur les principes eux-mêmes. La sagesse sera ainsi à la fois la raison intuitive et la science, science munie en quelque sorte d'une tête et portant sur les réalités les plus hautes. Il est absurde, en effet, de penser que l'art politique ou la prudence soit la forme la plus élevée du savoir, s'il est vrai que l'homme n'est pas ce qu'il y a de plus excellent dans le Monde. « ARISTOTE, Ethique à Nicomaque, VI 7.

 La recherche doit se différencier de la découverte en ce qu'elle vise un objectif qu'elle n'a pas encore atteint alors que la découverte coïncide avec l'atteinte de son objet. Aussi la question de la recherche de la sagesse et de l'épanouissement concerne moins la sagesse et l'épanouissement en tant que tels que la recherche qui précède leur atteinte jugée possible. La question porte donc sur les moyens nécessaires à l'atteinte de la sagesse, entendue à la fois comme savoir pratique et savoir théorique, et à l'atteinte de l'épanouissement, entendu comme plénitude. Le prédicat « être sage « est attribué non seulement à celui qui agit moralement, c'est-à-dire en vue du bien, mais aussi à celui qui possède un savoir sur lui-même et sur ce qui l'entoure. Ainsi la sagesse possède deux dimensions, l'une pratique, l'autre théorique. Etre sage c'est à la fois bien agir mais aussi avoir la science. Le sage peut-il alors être identifié au savant ? Faut-il nécessairement être savant pour être sage ? L'épanouissement se réfère à l'homme qui ne ressent pas le manque mais a la satisfaction d'avoir accompli ce qu'il devait accomplir. Ainsi après la réalisation d'un projet l'individu ressent cette satisfaction liée, pour prendre des termes aristotéliciens, à l'actualisation d'une puissance, comme quand l'artiste achève une oeuvre d'art. L'achèvement est alors vécu comme un accomplissement qui génère un sentiment de plénitude. La recherche de l'épanouissement viserait donc l'actualisation de tous les possibles en l'homme. Cette recherche est-elle indissociable d'une quête du savoir ou est-elle indépendante d'elle ? Si pour être sage il faut être savant et si pour être savant il faut atteindre un savoir total comment sera vécue la limitation de la connaissance humaine ? La sagesse ne consiste-t-elle pas plutôt en la prise de conscience de cette limitation propre à l'homme qui ne peut pas tout savoir ? Si pour être épanoui il faut avoir réalisé tous les possibles quelle conséquence aura le constat du caractère illimité de la connaissance du monde ? La difficulté de ce sujet réside donc dans le fait que la connaissance du monde semble bien être visée par la philosophie, en tant que recherche de la sagesse et de l'épanouissement, mais son caractère inaccessible, la connaissance du monde étant toujours à compléter ne pouvant pas être parcourue totalement, semble être un frein ou un obstacle à cette recherche parce qu'elle tend à la rendre indéfinie.

« l'assentiment est l'arrêt de la pensée du fait duquel nous ne rejetons ni nous ne posons une chose.

La tranquillitéest l'absence continue de tourment et le calme de l'âme.

» SEXTUS EMPIRICUS, Esquisses pyrrhoniennes. 2.2 La connaissance du monde loin de participer à la recherche de la sagesse et de l'épanouissement constitue bien plutôt une cause d'angoisse. « De même qu'un tremblement de terre dévaste et désole les villes, de sorte que c'est avec angoisse que les hommes édifient leur demeure sur le sol volcanique, de même la vie elle-même s'effondre, s'affaiblit et perd courage,quand le tremblement de concepts que produit la science enlève à l'homme la base de toute sa sécurité, de tout son calme, sa foi en tout ce qui est durable et éternel [...] la vie est la puissance supérieure et dominatrice, car laconnaissance, en détruisant la vie, se serait en même temps détruite elle-même.

La connaissance présuppose la vie,elle a donc, à la conservation de la vie, le même intérêt que tout être à sa propre continuation.

» NIETZSCHE,Seconde considération intempestive. Transition : En faisant de la vie le principe de la connaissance Nietzsche ne résout pas le problème du caractère limité de la connaissance humaine sur le monde, il remplace un rapport d'opposition (la domination de lasagesse théorique sur la sagesse pratique) par un autre rapport d'opposition (la subordination de la sagessethéorique à la sagesse pratique).

Ne peut-on pas concevoir une troisième solution qui puisse intégrer laconnaissance du monde dans le parcours philosophique tout en prenant en compte le caractère limité de laconnaissance humaine ? Troisième partie : La sagesse comme idée régulatrice. 3.1 L'acceptation de l'inconnaissable. « Au-delà des limites de la sensibilité, et par conséquent aussi de l'expérience possible, il ne peut y avoir absolument aucune connaissance, c'est-à-dire aucun concept dont on soit assuré qu'il n'est pas vide.

» KANT, Sur une découverte d'après laquelle toute nouvelle critique de la raison pure serait rendue inutile par une plusancienne. 3.2 La sagesse comme idée régulatrice, que l'on n'atteint pas mais qui guide notre vie. « Il ne serait pas mauvais (...) de décourager la présomption de celui qui oserait s'arroger le titre de philosophe, en lui présentant, par la définition même du mot, l'étalon de l'estime de soi propre à rabattreconsidérablement ses prétentions ; car être un professeur de sagesse signifie sans doute un peu plus qu'être un disciple qui n'est pas encore assez avancé pour pouvoir se conduire lui-même, et bien moins encore conduire lesautres avec la certitude d'atteindre un but si élevé ; cela signifierait être un maître de la connaissance de la sagesse , ce qui évoque plus qu'un homme modeste ne s'attribuera à lui-même.

La philosophie resterait alors, comme la sagesse elle-même, toujours un idéal qui, objectivement, n'est représenté complètement que dans la raison, maisqui, subjectivement, par rapport à la personne, n'est que le but de ses efforts incessants.

» KANT, Critique de la raison pratique. CONCLUSION La philosophie, en tant que recherche de la sagesse et de l'épanouissement, est indissociable du travail qui consiste à progresser dans la connaissance du monde.

Même si ce progrès est indéfini, c'est-à-dire sans fin, pourautant cet horizon nous permet d'orienter notre recherche.

Ainsi l'essentiel de la philosophie ne réside pas dans cequ'elle vise mais dans les moyens qu'elle met en oeuvre pour atteindre, ou plutôt pour tendre vers sa fin.. »

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