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La religion, symptôme de décadence chez Nietzsche ?

Publié le 27/02/2008

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Nietzsche nous provoque en affirmant que la décadence est en fait un phénomène strictement naturel que l'homme est incapable de contrôler. Il refuse de séparer l'âme du corps et de distinguer dans l'étiologie les causes physiologiques ou les causes psychologiques. Toutefois, Nietzsche place une certaine ambiguïté : est-ce la base de la religion qui est formule de décadence ou est-ce le christianisme à lui seul ? Comme nous l'avons dit précédemment, l'auteur prend le christianisme comme exemple même de la religion. Toutes les religions sont concernées malgré les différentes formes de croyances. Tout homme qui croit et espère et est donc victime d'une religion. L'homme surnaturel (homme sans Dieu) pourrait-il être alors source de décadence ? D'après L'Ethique de Spinoza, philosophe radicalement moniste, tous les êtres multiples sont des expressions de la Nature naturante, c'est-à-dire de l'Être nécessaire qu'est Dieu. L'homme ne connaît que deux attributs, la pensée et l'étendue, et sa condition naturelle est la servitude à l'égard de ses passions. La liberté n'est donc que libération par l'intelligence de l'ordre nécessaire des choses.
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« La religion engendre des créations (mythes qui sont indicibles et ineffables, des choses coupées de la réalité).Toutes les catégories à l'oeuvre dans la religion, précisément dans le christianisme, ne sont que le fruit del'imagination.

Nietzsche démontre par ces énumérations que le christianisme ne constitue qu'un vaste monde defiction qui doit être réévalué.Cette négation, cette dévalorisation de toute la réalité est un symptôme qui demande à être interprété.

Le mondeperçu est littéralement mis en image et recomposé par l'activité structurante de l'esprit.

La religion serait alors unarsenal de représentations imaginaires.L'auteur confère qu'un commerce a lieu entre Dieu et les êtres imaginaires (« Dieu », « esprits », âmes »).

L'hommen'a pas sa place dans ce commerce même s'il entretient un lien avec Dieu.

Effectivement, l'homme a construit entrelui et les puissances célestes un lien vertical, mais aussi un lien horizontal assurant la cohésion sociale et le rapportà l'autre dans une communauté spirituelle.

L'homme est un être réel, son corps se trouve dans la réalité.

Ce queNietzsche reproche à cet homme, c'est de ne pas utiliser son esprit à bon escient.

Dans cette intention, celui-cirejoint l'imaginaire à des fins malsaines qui ne font pas avancer l'homme dans la réalité.

De plus, la religion est unmonde fictif dans lequel Dieu est l'être suprême or un être est quelque chose qui existe.

Dieu existerait-il ?Nietzsche ne doute pas : Dieu est une des causes imaginaires.

Pour lui, Dieu n'est qu'illusion.La nature est également l'expression même d'une science imaginaire.

Il est catégorique, la religion est une illusion.

Iln'affirme que des idées sans les démontrer : il n'y a pas de contact entre la religion et la réalité, même si cette idéenous paraît discutable.

L'auteur remet tout le christianisme en cause.L'anthropocentrisme place l'homme au milieu de la nature et imagine la nature comme si elle venait de l'homme(origine).

Mais pour Nietzsche l'homme n'est pas au centre du monde.

Il admet que l'ordre naturel ne soit qu'uneapparence et que l'être véritable est volonté.La psychologie est elle-même défaite de toute son importance car elle aussi est imaginaire : elle est la science del'âme ou de l'esprit qui cherche à atteindre l'objectivité et de formuler des lois établissant des relations invariablesentre les phénomènes.

C'est une notion réelle mais elle ne se trouve pas dans la réalité car elle est abstraite.

Ellerejoint la mécompréhension de soi-même.

Car, dans la religion, l'homme ne veut pas se comprendre, se connaître.

Iln'accepte pas sa finitude, il se rassure en se plongeant dans de fausses réalités basées sur le péché originel et sesconséquences.

Nietzsche pense que l'homme se comprendrait mieux dans un monde réel.

Il fait remarquer la totaleimpuissance du chrétien à vivre la réalité.Même le « servus sympathicus » (il commande la vie sans intervention de la conscience) est interprété faussementpar le langage symbolique propre à la religion.La religion engendre donc une réalité parallèle.

En effet, à partir de la réalité sortent des notions annexes en dehorsde toute réalité.

L'homme ne trouve pas ses réponses car la psychologie de la religion est faite d'une totalemécompréhension de soi-même ; seul Dieu guide l'homme.Nietzsche traque sous toutes ses formes l'illusion des arrières-mondes.

Il a baptisé les « hallucinés de l'arrière-monde » ceux qui posent un univers idéal, au-delà de notre monde phénoménal, et ainsi dévalorise ce dernier.L'essentiel pour lui, c'est notre monde en tant qu'il est joie et volonté de puissance.

Il condamne l'évasion, ou lechristianisme en tant que source d'évasion.Le philosophe ne parle à aucun moment de la mort, pourrions-nous dire que c'est une notion spécifique à toutereligion ? En effet, une religion aide à mieux vivre la mort, elle peut paraître comme une force colossale qui a unrapport ambigu avec la réalité.

La mort est une inconnue, elle représente la punition ultime (la peur du purgatoireest omniprésente).

L'immortalité de l'âme et l'existence de Dieu est un monde intelligible.

Si on fait du bonheurconcret la fin dernière de l'homme, il faut bien avouer qu'il est indépendant de la moralité.

Le méchant peut très bienêtre heureux et la vertu infortunée.

Ainsi, la religion possède une certaine volonté d'apaiser l'homme pour combattrela nature, lui donner une force.

Nietzsche montre que la religion est à la fois l'expression de la misère de l'homme etla révolte contre cette misère.

La religion détient un pouvoir d'aliénation (devenir autre) sur l'individu car elle l'amèneà espérer mieux et donc de croire en Dieu.

L'homme serait-il donc misérable ? Nietzsche le sous-entend car l'hommeest aliéné, exploité et vit dans une insuffisance matérielle.

L'espérance religieuse lui donne une raison de vivre, ceque la société est incapable de lui apporter.

L'homme est malheureux et réduit à une faiblesse, il fuit le réel.

Nouspouvons retenir une citation de Kant qui fait allusion à cette dépendance qu'a l'homme du le christianisme : « Lareligion est l'opium du peuple ».Justement, la téléologie renvoie à Kant : elle concerne tout particulièrement la sphère de la vie, celle de l'art et dubeau.

Chez Kant, ce n'est pas une doctrine mais une faculté de juger.

L'étude des buts et des fins poursuivis neserait donc qu'imaginaire.

Tout ce que croit l'homme, tel que « la vie éternelle », n'est qu'illusion.

Nietzschedifférencie alors le monde du rêve du monde fictif.

En effet, seul le monde fictif falsifie et dévalorise le monde réeldes hommes.

Mais de quel réel s'agit-il ? Nous avons donc affaire au réel dans sa nue manifestation.

La question qui se pose maintenant est la suivante :contribuons-nous à construire intellectuellement une réalité correspondant seulement à notre pouvoir de connaître ?Nietzsche exerce une certaine liturgie des mots.

En effet, les mots sonnent faux, ils sont sans signification et sontdésignés comme des rituels.

Le langage symbolique nous paraît pauvre.

En comparaison, le rêve poétique estbeaucoup plus enrichissant et ne trompe pas l'homme car ce rêve se présente comme une réalité parallèle, un désirqui se transforme en un idéal légitime.L'idée de « nature » et d'un « monde naturel » est tout de suite associée à « condamnable ».

L'homme ne supportepas ce monde naturel.

Selon lui, le bonheur est ailleurs.

La réalité est bien trop pesante, seul le christianisme peutl'aider à retrouver l'espoir.

Mais en séparant le bonheur terrestre et le bonheur céleste, qui seul est susceptible de lafin de l'action morale, le christianisme sépare en fait le bonheur concret et la moralité.Le bonheur n'est pas de ce monde, le chrétien préfère son idéal à lui-même, c'est pourquoi Nietzsche l'accuse denihilisme.

De plus, l'éthique chrétienne est une éthique du bonheur différé.

Ce n'est pas le bonheur concret de. »

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