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La révolte peut-elle être un droit ?

Publié le 28/01/2004

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 ● Il est donc totalement impossible pour Kant Métaphysique des moeurs,d'admettre l'idée d'un droit à la révolte, puisque cela est non seulement logiquement impossible, mais aussi parce que si c'était le cas, la vie de l'Etat serait en danger. II/ Dans certaines circonstances, l'idée de ce droit à la révolte est tout à fait admissible :            Cependant, il existe certaines circonstances dans lesquelles ce droit à la révolte peut être une idée tout à fait acceptable. En effet, si les individus ont construits l'Etat, c'est pour se protéger les uns des autres, et non pas pour subir les assauts d'un nouvel assaillant. Si l'Etat provoque ce contre quoi les citoyens ont essayé de se protéger en le créant, alors il est possible d'envisager l'idée d'un droit à la révolte.           ● C'est ce que montre Locke dans Traité du gouvernement civil. Même s'il n'existe aucune loi explicite invitant les citoyens à se révolter quand l'Etat se retourne contre eux, ils peuvent y être tout de même invités. Autrement dit, c'est un droit implicite. Lorsque les magistrats représentant l'Etat trahissent la confiance que les individus ont mise en eux pour s'emparer du pouvoir, alors ces magistrats nient le droit des citoyens. à Dans ce cadre, le gouvernement se désagrège, et les individus sont fondés à désobéir.           ● Ainsi, dans certaines circonstances - quand un ou plusieurs individus légifèrent sans avoir reçu le mandat du peuple, quand les dépositaires du pouvoir législatif exercent des voies de fait contre la propriété des sujets - les citoyens ont le droit de résister au pouvoir, de se révolter.
Le droit à la révolte est l'un des droits naturels et inaliénables de l'homme. Tout homme a le droit de se révolter contre ceux qui bafouent la liberté et la justice. MAIS, le droit ne peut autoriser sans se contredire. Si la révolte est un droit, alors il n'y a plus de moyens de faire respecter le droit. En effet, n'importe qui pourrait se révolter contre le droit, même quand celui-ci est juste.

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« La révolte peut-elle être un droit ? Si la question se formule en ces termes, c'est que les deux notions semblent secontredire.

L'idée de droit évoque d'abord la règle commune qui permet la coexistence des individus en société et nepeut être violée sans mettre en cause cette coexistence.

La révolte, elle, apparaît comme le refus de cette règle :l'individu rejette la norme commune, le groupe révolté défie la loi.

Comment donc la loi pourrait-elle accepter etmême prescrire la révolte sans se contredire, sans ruiner sa finalité même ? Et pourtant, les mouvement sociaux,politiques et nationaux de l'âge moderne nous ont habitués à une étroite liaison entre ces deux termes.

C'est par larevendication d'un droit qu'une révolte s'affirme et se différencie d'autres formes de violence.

L'émeute est laréaction à une situation ou à un événement : la faim, une intervention de l'autorité, une rumeur parfois.

Le coup deforce est une opération calculée dont le pouvoir est l'enjeu.

Mais l'élément essentiel de la révolte, c'est la parole quiaffirme un droit au nom d'une population à laquelle il est dénié.

Aux émeutes de la faim s'oppose la révolte descanuts lyonnais au nom d'un principe : « Vivre en travaillant ou mourir en combattant ».

La révolte oppose à la loi etau droit existants un droit plus fondamental : droit à la vie, droits de l'homme, droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.

Elle en fait la norme à laquelle tout droit doit obéir sous peine d'être injuste.Ainsi la révolte dédouble le droit.

Elle oppose à l'ordre légal l'ordre légitime.

Elle invoque un droit naturel quiappartient à tout homme et que la société a pour devoir et pour fin de préserver.

Cela suppose, bien sûr, qu'un teldroit soit reconnu.

Sans cela, la révolte n'est jamais qu'un fait.

L'Antiquité a connu des révoltes d'esclaves.

Mais ellene pouvait connaître de droit à la révolte puisque les esclaves appartenaient à l'ordre domestique.

Elle connaissaitdes discordes entre les groupes de citoyens.

Mais elle ne connaissait pas d'« homme » auquel le citoyen pût seréférer pour affirmer un droit à la révolte.

Pour que ce droit existe, il faut que les sociétés politiques soientconsidérées comme formées de membres qui ont tous les mêmes droits, qui les ont avant même d'être membres detelle société et qui gardent toujours la possibilité de les lui opposer.

Un tel ensemble de conditions est-il pensablesans paradoxe ? Peut-on poser un droit naturel dont les hommes, en société, jouiraient toujours ?Hobbes dénonce cette contradiction.

Dans l'état de nature, sans doute, chacun jouit de son droit naturel.

Mais cedroit s'évanouit devant l'exercice, tout aussi naturel, de celui qui lui impose sa force ou le surprend par sa ruse.

Lesindividus doivent donc renoncer à leur droit naturel, l'aliéner tous ensemble au profit de la puissance souveraine qui,par la règle commune et la force de l'autorité, assurera à chacun la sécurité de sa personne et la jouissance de sesbiens.

Mais ceux qui jouiront de ces garanties ne pourront plus réclamer des droits auxquels ils ont renoncé pour lesobtenir.

Ils ne pourront revendiquer aucun droit à la révolte.

L'autorité est légitime tant qu'elle assure sa fin, la paix.Et à supposer même qu'elle ne l'assure plus, cela ne veut pas dire que la révolte est légitime, mais seulement quel'état de nature est rétabli de fait. Ainsi démontre-t-on que le droit à la révolte est une contradiction.

Mais ne le fait-on pas au prix d'une tautologiequi légitime l'autorité par l'autorité ? Kant a voulu moraliser le principe de Hobbes.

Selon lui, l'état juridique est laréalisation de l'essence universelle de la liberté et non un marchandage des intérêts.

Mais en moralisant le principe,Kant rend la révolte encore plus impensable : celle-ci ne ruine plus simplement le fait de l'association politique et sesbénéfices, mais le principe même du contrat.

Le droit de désobéir ne peut être affirmé sans contredire toutelégislation commune en sa racine.

Les sujets peuvent seulement, par la liberté d'expression, rappeler à l'autorité lesprincipes de la législation.

Mais qu'adviendra-t-il si, à l'inverse, l'autorité empiète sur le domaine réservé à l'exercicede la liberté des individus, si elle les oblige à agir à rencontre des maximes de la loi morale auxquelles ils ne peuventcontredire sans contredire leur nature d'êtres raisonnables ? Hobbes reconnaissait au condamné à mort le droit derésister, s'il le pouvait, à un état qui n'assurait plus de fait son « droit à la vie ».

Mais il ne semble pas que Kantreconnaisse au fonctionnaire ou à l'officier le droit de résister à l'autorité qui voudrait le transformer en bourreau ouen tortionnaire.

Le refus du droit de désobéir devient alors plus ruineux que sa reconnaissance puisqu'il supprime enson cœur le plus intime l'idée de toute législation universelle.Peut-être faut-il alors prendre le problème à l'envers.

Le droit à la révolte apparaissait comme une contradiction,une irrationalité à supprimer.

Mais peut-être justement cette volonté de rationalisation méconnaît-elle la rationalitépropre à la politique, là du moins où elle veut se fonder sur l'idée d'une humanité partagée par tous.

Peut-être ledroit impensable de désobéir est-il non pas simplement une concession nécessaire, mais une condition même d'unecommunauté fondée sur l'idée de l'égalité des droits.Et il est vrai que ce droit ne peut recevoir aucune formulation qui ne soit pas ambiguë.

La Déclaration des droits del'homme et du citoyen reconnaît la résistance à l'oppression comme un droit naturel et imprescriptible de l'homme àcôté de la liberté, de la sûreté et de la propriété.

Mais comment reconnaître l'oppression, le degré d'oppression, quirend la résistance légitime ? On peut dire qu'il y a oppression quand le pouvoir agit contre la loi.

Mais la loi ne peut-elle être elle-même oppressive ?Les mêmes hommes qui votent la Déclaration des droits de l'homme votent à sa suite une Constitution qui sépare,selon leur fortune, des citoyens « actifs » et des citoyens « passifs ».

Ne justifient-ils pas, du même coup, lescitoyens « passifs » de recourir à une autre forme d'activité, à la violence de la rue ? On dira qu'une loi peut se. »

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