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La santé.

Publié le 19/10/2012

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La santé   On peut douter du fait que la santé soit un objet de pensée pour la philosophie. De fait il appartient à l’épistémologie médicale de dégager de théories, de pratiques et de techniques proprement médicales les caractéristiques déterminantes de la santé. Le discours sur la santé pourrait légitimement n’être qu’un discours, sinon de spécialistes, du moins du monde médical articulant à la fois une science et un art. Mais qu’en est-il exactement du discours médical sur la santé ? La définition qu’en donne la Constitution de l’Organisation Mondiale de la Santé est, à cet égard, très éloquente, dans la mesure où elle demeure justement muette : « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie et d’infirmité. « La santé est ici identifiée à un « état « de « bien-être « dont le caractère et les limites sont extrêmement floues, si bien que les seules déterminations que donne l’OMS sont, malgré toutes ses précautions, négatives et non exhaustives. Si l’on devait préciser cette définition, la difficulté apparaît de manière plus patente encore. Tout d’abord, la santé ne s’identifie pas nécessairement au « complet bien-être «, dans la mesure où le mal-être et le malheur ne prennent pas forcément des formes pathologiques. En outre, la santé n’est pas uniquement un « état «, comme le manifeste les phénomènes de la guérison et de la convalescence durant lesquels la santé reprend ses droits, mais bien une disposition de l’organisme tout entier à se maintenir identique à lui-même. Enfin, dès qu’on cherche à la déterminer positivement, la santé se dérobe : la physiologie, qui étudie le fonctionnement des organismes particuliers ou des ensembles organiques, est incapable d’unifier le concept et de dire ce qu’est la santé ; de ce point de vue, il est impossible de trouver une santé parfaite. Par conséquent, l’alternative est la suivante : soit la santé est un concept purement fonctionnel et tautologique (le corps sain étant celui qui se maintient fonctionnellement à l’identique), et elle n’est qu’une valeur que le médecin et le malade postulent ; soit la santé est un concept strictement négatif, un état de référence par rapport auquel on définira les maladies et les infirmités, et alors on doit renoncer à penser ce qu’elle est. La santé est donc ce vers quoi tendent le discours et la pratique médicale. Comme telle, la définition de la santé demeure nécessairement tautologique : elle est la disposition de l’organisme et du psychisme à se maintenir dans leur fonctionnement en s’adaptant aux circonstances (physiques, mentales) et au milieu (naturel, social). Mais la santé est aussi le point où le discours médical s’interrompt : la santé ne se constitue comme objet que lorsqu’elle est menacée ou perdue. Autrement dit, la santé est doublement silencieuse. Visé par la pratique, le concept de santé ne fait que se redoubler lui-même ; visée par le discours, la santé ne se laisse approcher que négativement, si bien que l’on peut se demander ce que nous dit la santé, si elle échappe à tout discours. Pour répondre à cette question, nous procéderons en trois étapes. La première hypothèse que nous devrons envisager est la suivante : il serait possible de connaître ce qu’est positivement la santé à partir de déterminations négatives, telles que le pathologique, à condition de voir dans le sain et dans le morbide des phénomènes homogènes. Or, s’il est impossible de postuler cette homogénéité, il est tout aussi impossible d’en rester à une définition tautologique ou muette de la santé. C’est pourquoi, dans un second temps, il s’agira de se demander si une expérience de la santé est possible et à quelles conditions il est possible d’en rendre compte, en prenant pour fil conducteur l’expérience et le concept nietzschéens de « grande santé «. Enfin, si la santé se définit comme une aptitude de l’organisme et de l’esprit à surmonter la blessure du nouveau, il devient possible de caractériser ce qu’est la santé, mais aussi ce à quoi elle nous oblige.                                   I- Est-il possible de déterminer positivement ce qu’est la santé ?   A- L’absence de maux 1) La première difficulté qu’il convient de résoudre, c’est de savoir si l’absence de pathologies et d’infirmités suffit à déterminer positivement ce qu’est la santé. C’est une question pertinente, dans la mesure où la médecine moderne, comme technique, s’est instituée en se spécialisant par rapport à différents domaines pathologiques – comme par exemple la cancérologie, l’ophtalmologie, la neurologie, etc. Exemple : l’organisation hospitalière en différents services. On pourrait naïvement avoir l’intuition que ...

« référence par rapport auquel on définira les maladies et les infirmités, et alors on doit renoncer à penser ce qu'elle est. La santé est donc ce vers quoi tendent le discours et la pratique médicale.

Comme telle, la définition de la santé demeure nécessairement tautologique : elle est la disposition de l'organisme et du psychisme à se maintenir dans leur fonctionnement en s'adaptant aux circonstances (physiques, mentales) et au milieu (naturel, social). Mais la santé est aussi le point où le discours médical s'interrompt : la santé ne se constitue comme objet que lorsqu'elle est menacée ou perdue.

Autrement dit, la santé est doublement silencieuse.

Visé par la pratique, le concept de santé ne fait que se redoubler lui-même ; visée par le discours, la santé ne se laisse approcher que négativement, si bien que l'on peut se demander ce que nous dit la santé, si elle échappe à tout discours. Pour répondre à cette question, nous procéderons en trois étapes.

La première hypothèse que nous devrons envisager est la suivante : il serait possible de connaître ce qu'est positivement la santé à partir de déterminations négatives, telles que le pathologique, à condition de voir dans le sain et dans le morbide des phénomènes homogènes.

Or, s'il est impossible de postuler cette homogénéité, il est tout aussi impossible d'en rester à une définition tautologique ou muette de la santé.

C'est pourquoi, dans un second temps, il s'agira de se demander si une expérience de la santé est possible et à quelles conditions il est possible d'en rendre compte, en prenant pour fil conducteur l'expérience et le concept nietzschéens de « grande santé ».

Enfin, si la santé se définit comme une aptitude de l'organisme et de l'esprit à surmonter la blessure du nouveau, il devient possible de caractériser ce qu'est la santé, mais aussi ce à quoi elle nous oblige.                . »

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