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La sécurité est-elle liée a la dépendance et la liberté au risque ?

Publié le 13/10/2005

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Toute conduite humaine est, en un sens, déterminée par un choix de l'homme, être essentiellement libre.Cette analyse pose le problème sur un plan qui n'est peut-être pas suffisant pour répondre à la question. Il y a en effet une différence importante entre un homme qui exerce pleinement sa liberté et celui qui, comme le « mineur », choisit seulement de rester dépendant. Cette différence se manifeste en particulier sur le plan politique.Sur ce plan, en effet, la dépendance dont parle Kant rend possible une société où la sécurité de chacun est assurée. Tous les théoriciens de l'État fondent l'autorité de celui-ci sur le risque que ferait courir une liberté sans limites. Thomas Hobbes, par exemple, affirme que l'absence de pouvoir, ou « état de liberté », signifie la guerre de tous contre tous, l'homme étant par nature un loup pour l'homme. Au contraire, lorsque les citoyens dépendent d'un État fort, il instaure un ordre stable, une certaine paix sociale, bref, un état de sécurité. La sécurité est bien liée à la dépendance alors que la liberté naturelle est source de dangers, de risques. Sans préciser davantage cette approche du problème, on peut d'emblée remarquer qu'elle doit être complétée : si l'État garantit certains droits, donc des libertés, celles qui justement ne menacent pas la sécurité publique, on pourrait soutenir qu'il institue une liberté authentique, mais sans risque : la puissance étatique en définit la nature et en prévient les dangers.

« Les hommes qui, « très aimablement, ont pris sur eux d'exercer une haute direction sur l'humanité » ont tout intérêtà souligner qu'il est difficile et dangereux de s'aventurer seul, autrement dit de se libérer de leur autorité.

Mais qu'enest-il en réalité ? La sécurité est-elle liée à la dépendance et la liberté au risque ?La réponse de Kant à cette question est claire, mais ne doit pas être simplifiée.

Une lecture hâtive du texte peutfaire croire qu'il lie la liberté au risque, puisque entreprendre de se libérer, c'est s'exposer à « quelques chutes », etqu'il lie au contraire la sécurité à la dépendance, dans la mesure où le « mineur » cherche la tranquillité en s'abritantderrière des responsables.

On a alors l'impression que Kant invite ses lecteurs à devenir libres, mais, du même coup,à prendre des risques, à perdre à la fois la dépendance et la sécurité qui en dépend.Cette lecture est insuffisante.

Kant attribue en effet la dépendance des mineurs non à des circonstancesextérieures déterminantes, mais à la paresse, à la lâcheté des mineurs eux-mêmes, à des attitudes que les tuteursexploitent à leur profit et encouragent, mais dont ils ne sont pas la source.

Les mineurs ont donc librement voulu lasécurité et la dépendance qui la préserve ; la liberté, en ce sens, n'est pas liée au risque ; les mineurs ont enquelque sorte décidé de ne plus décider, choisi que d'autres choisissent pour eux.

Ils sont responsables de leursituation, radicalement, ce qui fait qu'ils peuvent en changer s'ils le décident réellement.

Ainsi, la liberté n'exclut pasle risque ; mais la fuite du risque et la dépendance sont aussi le fait d'êtres libres.

Toute conduite humaine est, enun sens, déterminée par un choix de l'homme, être essentiellement libre.Cette analyse pose le problème sur un plan qui n'est peut-être pas suffisant pour répondre à la question.

Il y a eneffet une différence importante entre un homme qui exerce pleinement sa liberté et celui qui, comme le « mineur »,choisit seulement de rester dépendant.

Cette différence se manifeste en particulier sur le plan politique.Sur ce plan, en effet, la dépendance dont parle Kant rend possible une société où la sécurité de chacun estassurée.

Tous les théoriciens de l'État fondent l'autorité de celui-ci sur le risque que ferait courir une liberté sanslimites.

Thomas Hobbes, par exemple, affirme que l'absence de pouvoir, ou « état de liberté », signifie la guerre detous contre tous, l'homme étant par nature un loup pour l'homme.

Au contraire, lorsque les citoyens dépendent d'unÉtat fort, celui-ci instaure un ordre stable, une certaine paix sociale, bref un état de sécurité.

La sécurité est bienliée à la dépendance, alors que la liberté naturelle est source de dangers, de risques.

Sans préciser davantage cetteapproche du problème, on peut d'emblée remarquer qu'elle doit être complétée : si l'État garantit certains droits,donc des libertés, celles qui justement ne menacent pas la sécurité publique, on pourrait soutenir qu'il institue uneliberté authentique, mais sans risque : la puissance étatique en définit la nature et en prévient les dangers.

Libertéet sécurité seraient ainsi articulées à l'intérieur d'un État dont nous serions tous dépendants.Mais une telle dépendance pourrait bien n'assurer qu'un semblant de liberté et une sécurité fragile.

Lorsque leshommes prennent conscience qu'ils sont libres, mais libres d'obéir, de choisir ce que d'autres ont déterminé pour leursécurité, ils risquent de refuser un ordre qu'ils jugent arbitraire, et leur révolte pourrait manifester une sorte derisque libérateur » dont l'explosion menacerait toujours et l'État et la sécurité de la société.On peut dire de l'idéal démocratique qu'il est une tentative pour trouver une solution à cette difficulté.

En faisant decelui qui obéit à la loi celui qui légifère, cet idéal supprime son assujettissement à une « direction étrangère », ilinstaure autonomie et liberté ; mais en faisant de cette loi une loi voulue par d'autres, il consolide le lien social, lavie communautaire sans laquelle l'humanité ne peut s'épanouir.

Il est enfin remarquable que cet idéal puisse animer,sous des formes différentes, des pensées politiques par ailleurs antagonistes, par exemple la pensée de Rousseaudans le Contrat social, donc la pensée d'un théoricien de l'État, mais aussi celle des théoriciens anarchistes, quicontestent le principe même de l'État.

Il faudrait ici analyser avec précision ces perspectives, pour mieux faireapparaître ce qui les rapproche.

Sans faire ce travail, on peut cependant noter qu'à l'intérieur de cet idéal, lasécurité n'est plus le résultat d'une dépendance aliénante à une force étrangère, mais l'expression d'uneinterdépendance consciente des membres d'une même communauté, interdépendance dont la loi commune, expliciteou non, est l'expression, voulue par la communauté elle-même et qui consacre la valeur libératrice de la solidarité.Quant à la liberté, dans cette perspective, elle demeure liée au risque.

Elle est certes en principe assurée, puisquel'hétéronomie, la dépendance à autrui, est exclue ; mais la liberté est aussi et toujours puissance de refus, marqued'une inquiétude qui n'en finit pas de se manifester et ne peut être anéantie.

Peut-être est-ce le sens de la formule: « lorsqu'on voit le calme dans une démocratie, on peut être sûr que la démocratie n'y est pas » ; c'est sans douteaussi ce que sous-entendait Kant lorsqu'il affirmait que les hommes « apprendraient bien, après quelques chutes, àmarcher ».

Marcher, et non simplement se tenir debout, immobile.

La liberté est aventure, c'est-à-dire avenirimprévisible. Nul ne peut cerner les risques qu'il prend en s'aventurant sur les chemins de la liberté : ces chemins ne sont pastracés.

Par ailleurs, selon Freud, le sentiment de sécurité pourrait être lié à la dépendance jusque dans lesexpériences infantiles de détresse, lorsque l'enfant que nous avons été attendait d'autrui l'apaisement qu'il nepouvait trouver en lui-même.

On comprend qu'il soit difficile de désolidariser sécurité et dépendance, dépendance àautrui et aux tracés anciens.

On comprend aussi qu'on puisse réclamer la liberté et tout faire pour continuer d'obéir.. »

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