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La séduction fausse-t-elle la compréhension entre les personnes ?

Publié le 28/07/2005

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 »   En adoptant ce second point de vue, l'accent est mis non sur le jeu que représente la séduction, mais sur le mode privilégié de rapport à l'autre que ce jeu rend possible : celui qui cherche à séduire propose à l'autre une relation plus forte qui peut s'accompagner d'une plus grande compréhension, d'un plus grand souci de l'autre. La séduction ne fausse alors pas nécessairement la compréhension entre les personnes si sa fin est la relation à l'autre.     * La séduction peut-elle être une fin en soi, qui ne se préoccuperait pas de la personne à laquelle elle s'applique ?   Kierkegaard, Ou bien...ou bien...   « Quelle est la force par laquelle Don Juan séduit ? C'est celle du désir : l'énergie du désir sensuel. Dans chaque femme, il désire la féminité tout entière, et c'est en cela que se trouve la puissance, sensuellement idéalisante, avec laquelle il embellit et vainc sa proie en même temps. Le réflexe de cette passion gigantesque embellit et agrandit l'objet du désir qui rougit à son reflet, en une beauté supérieure. Comme le feu de l'enthousiaste illumine avec un éclat séduisant jusqu'aux premiers venus qui ont des rapports avec lui, ainsi, en un sens beaucoup plus profond, éclaire-t-il chaque jeune fille, car son rapport avec elle est essentiel.

La séduction est l'ensemble des comportements mis en oeuvre pour plaire à une personne. On l'envisage souvent dans un cadre amoureux, mais il est aussi possible de l'élargir au cadre des relations humaines en général – amicales ou professionnelles par exemple.

Fausser, c'est dévier, altérer, rendre différent, voire rendre illusoire.

La « compréhension entre les personnes « désigne un mode de rapport humain particulier. L'emploi du mot « personne « suppose d'ailleurs que l'on envisage autrui dans sa singularité, qu'on lui porte un intérêt pour lui-même. Cet intérêt est une condition de la compréhension : comprendre autrui, c'est en effet saisir son mode de fonctionnement, les fondements de son identité et de son caractère, ce qui suppose une grande attention à lui et un grand souci de lui.

C'est l'influence de la séduction sur la compréhension entre les personnes qui est interrogée ici. La séduction est souvent comprise comme un jeu d'illusion, ou même comme une puissance de détournement de la personne qu'elle vise, à notre propre profit (le verbe latin « seducere « signifie attirer hors du chemin, détourner quelqu'un : il y a presque là une notion de violence exercée sur l'autre dans le but de lui faire faire ce que nous voulons). Mais la séduction est aussi, peut-être, la première étape d'un processus de découverte et de compréhension de l'autre.

La séduction apparaît donc d'emblée comme une notion ambiguë, et cette ambiguïté pose problème notamment lorsque l'on pose la question de l'efficace de la séduction sur les relations entre les personnes : la séduction est-elle un jeu de masques sur lequel se greffe une relation basée sur la fausseté et une compréhension illusoire ? ou laisse-t-elle place à une compréhension réelle entre les personnes ?

Il faudra trancher entre les deux branches de cette alternative, ou bien définir des conditions auxquelles la séduction fausse – ou ne fausse pas – la compréhension entre les personnes.

 

« devient alienus, je deviens, à mon tour, étranger à moi-même, aliéné.

on pourrait presque dire que je n'existe quedans la mesure où j'existe pour autrui, et, à la limite : être, c'est aimer.

» En adoptant ce second point de vue, l'accent est mis non sur le jeu que représente la séduction, mais sur le modeprivilégié de rapport à l'autre que ce jeu rend possible : celui qui cherche à séduire propose à l'autre une relationplus forte qui peut s'accompagner d'une plus grande compréhension, d'un plus grand souci de l'autre.

La séductionne fausse alors pas nécessairement la compréhension entre les personnes si sa fin est la relation à l'autre. * La séduction peut-elle être une fin en soi, qui ne se préoccuperait pas de la personne à laquelle elles'applique ? Kierkegaard, Ou bien...ou bien... « Quelle est la force par laquelle Don Juan séduit ? C'est celle du désir : l'énergie du désir sensuel.

Dans chaquefemme, il désire la féminité tout entière, et c'est en cela que se trouve la puissance, sensuellement idéalisante,avec laquelle il embellit et vainc sa proie en même temps.

Le réflexe de cette passion gigantesque embellit etagrandit l'objet du désir qui rougit à son reflet, en une beauté supérieure.

Comme le feu de l'enthousiaste illumineavec un éclat séduisant jusqu'aux premiers venus qui ont des rapports avec lui, ainsi, en un sens beaucoup plusprofond, éclaire-t-il chaque jeune fille, car son rapport avec elle est essentiel.

Et c'est pourquoi toutes lesdifférences particulières s'évanouissent devant ce qui est l'essentiel : être femme.

Il rajeunit les vieilles de tellesorte qu'elles entrent au beau milieu de la féminité, il mûrit les enfants presque en un clin d'oeil ; tout ce qui estféminin est sa proie.

[...] » Il reste alors à examiner le cas où la séduction ne viserait pas une personne singulière, mais se viserait elle-même etperdrait de vue la singularité de l'autre.

L'exemple de Don Juan, qui ne prête pas attention au caractère unique desfemmes qu'il séduit, mais les englobe toutes dans un idéal de féminité à l'égard duquel il exerce sa séduction, estutile à cet égard. On a alors les éléments nécessaires pour définir les conditions auxquelles la séduction fausse la compréhension entreles personnes, et celles auxquelles elle ne tombe pas dans ce risque. Conclusion La séduction apparaît comme une puissance ambivalente, et cette ambivalence vaut pour la question du rapportentre séduction et compréhension de l'autre.

Il faut conserver cette ambivalence, et définir plutôt des conditionsauxquelles la séduction fausse ou ne fausse pas la compréhension entre les personnes.

Si la séduction vise lapersonne elle-même, dans sa singularité, elle est peut-être alors la base d'une relation dans laquelle une attentionsoutenue à l'autre permettra sa compréhension.

Si la séduction se vise elle-même, en revanche, autrui passe àl'arrière-plan, et le séducteur ne vise en aucun cas sa compréhension.. »

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