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La sensation peut-elle servir de fondement de la connaissance ?

Publié le 11/03/2004

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Si la négation du principe de contradiction ruine la possibilité de toute communication par le langage, elle détruit aussi corrélativement la stabilité des choses, des êtres singuliers. Si le blanc est aussi non-blanc, l'homme non-homme, alors il n'existe plus aucune différence entre les êtres ; toutes choses sot confondues et « par suite rien n'existe réellement «. Aucune chose n'est ce qu'elle est, puisque rien ne possède une nature définie, et « de toute façon, le mot être est à éliminer « (Platon). La réfutation des philosophes qui, comme Protagoras, nient le principe de contradiction a donc permis la mise en évidence du substrat requis par l'idée de vérité. Celle-ci suppose qu'il existe des êtres possédant une nature définie ; et c'est cette stabilité ontologique qui fonde en définitive le principe de contradiction dans la sphère de la pensée. C'est donc l'être qui est mesure et condition du vrai, et non l'opinion singulière. « Ce n'est pas parce que nous pensons d'une manière vraie que tu es blanc que tu es blanc, mais c'est parce que tu es blanc qu'en disant que tu l'es nous disons la vérité « (Aristote). Puisque, s'il est vrai que tout est vrai, le contraire de cette affirmation ne saurait être faux, le relativisme trouve sa vérité dans le scepticisme. Dire que tout est vrai, c'est dire tout aussi bien que tout est incertain et que rien ne peut être dit vrai. Il apparaît que le scepticisme comme le relativisme est une position intenable.

Sentir c'est connaître. Comme le disait Protagoras, "l'homme est la mesure de toute chose". Sans sensation cad sans corps, point de connaissance. Mais, les sensations ne sont que subjectives, comment, dès lors, connaître à partir d'elles seules ? Seule la raison peut organiser le donné brut des sensations pour en faire des connaissances nécessaires et universelles.

  • I) Sentir, c'est connaître.

a) Le réel est connu grâce à la perception. b) L'homme-mesure de Protagoras.

  • II) La sensation n'est pas le fondement de la connaissance.

a) La sensation est fugace et fugitive. b) Seule la raison connaît.

.../...

« La sensation me fait connaître que tout est évolutionCe que je suis aujourd'hui n'est pas ce que j'étais il y a cinq ans.

Je suis un être en devenir.

Je constate donc que «tout passe, touts'écoule», ainsi que le dit Héraclite.

L'ordre de mes sensations n'est pas un ordre fixé une fois pour toutes.

Il évolue. [Après avoir laissé Protagoras exposer ses idées, Socrate reprend son entretien avec Théétète.

Il lui montre que la sensation est à l'origine des opinions fausses.

Il ne peut y avoir de connaissance vraie que fondée sur la raison et sur elle seule.] Socrate montre que l'argument de Protagoras se nie lui-mêmeAffirmer à chaque instant qu'il n'y a rien de vrai en dehors de la sensation, voilà qui suscite un certain nombre de contradictions.

S'ilest vrai que «l'homme est la mesure de toutes choses», alors, au nom de ce principe, c'est permettre à chacun de déclarer cetteidée fausse, puisque justement, vérité et fausseté sont relatives à chacun. Nos organes des sens ne sont que des intermédiairesSocrate montre que si nous voyons par l'intermédiaire de nos yeux, ce ne sont pas nos yeux qui en eux-mêmes nous permettent dereconnaître un objet et de le distinguer d'un autre.

Ce sont nos sens qui perçoivent, mais ce ne sont pas eux qui raisonnent.

Il fautbien qu'il y ait un organe qui organise les données sensibles.

Cet organe, c'est l'âme. La raison fonde l'opinion vraieLa sensation - qui fournit à l'âme les éléments premiers de la connaissance - prise en elle-même, est à l'origine d'opinions fausses.C'est la raison qui permet d'avoir sur chaque chose une opinion vraie dans la mesure où elle est tout à la fois langage,connaissance de la différence entre les choses et instance qui permet d'établir des relations cohérentes entre ces choses. Il apparaît assez clairement que les sensations ne constituent pas, en soi, une connaissance.

S'il en était ainsi, les animauxseraient également des êtres pensants, des êtres doués de raison.

Il faut donc bien qu'une instance - l'âme - organise, trie,assemble, coordonne les données des sens.

Par ailleurs, si l'homme était véritablement «la mesure de toutes choses», commentpourrait-on tomber d'accord sur le fait que la neige est blanche, que le charbon est noir? Sans doute est-il vrai, et Protagoras en cesens a raison, que nous ne pourrons jamais savoir comment autrui perçoit exactement ces couleurs.

Le domaine des sensations estpurement subjectif.

Il est également vrai qu'il est changeant.

La mélodie qui m'a ému hier peut me laisser parfaitement indifférentaujourd'hui.

De là à fonder sur de telles constatations une théorie de la connaissance, il y a un pas que Platon refuse de franchir.

L'empirisme désigne un courant philosophique qui affirme que toute connaissance dérive de l'expérience (en grec empeiria), c'est-à-diredirectement ou indirectement de la sensation.

Cette affirmation s'applique non seulement aux objets sensibles, mais aussi aux principeset aux structures de la connaissance.

L'empirisme doit donc fournir une description des processus de généralisation et d'abstraction àpartir des données sensibles.

Il faut en effet rendre compte du passage de la donnée particulière et ponctuelle à l'élaboration des idéeset des principes universels, puisque ces derniers ne peuvent être possédés de façon innée par l'esprit.

Mais la possibilité de cettedérivation reste problématique : peut-on saisir l'universalité et la nécessité que réclame la science à partir d'une expérience toujourslimitée à des conditions particulières ? 1.

LES PRÉSUPPOSÉS DE L'EMPIRISME A - Le contact sensible comme expérience radicale ¦ L'idée que toutes nos idées viennent des sens dispose d'un argument de poids lorsque l'on examinel'hypothèse d'une privation de sens.

La privation de la vue entraîne la privation de la connaissance detout un domaine de réalité : couleur, figure, perspective, etc.

Il en est de même de toutes nos idées :elles sont indexées sur une expérience fondamentale, celle du contact sensitif avec la réalité.¦ Il en résulte que l'esprit de l'homme ne peut être conçu que comme une tabula rasa, une tablettevierge que l'expérience sensible vient remplir.

Toutes nos représentations sont ainsi soit desimpressions sensibles immédiates, soit des dérivés de ces impressions. B - Le rôle de l'induction ¦ Ce n'est pas parce qu'un objet de pensée n'est pas immédiatement sensible qu'il faut invoquer unepossession innée ou une intervention divine.

Ainsi, l'idée générale de couleur n'est pas en elle-mêmevisible, mais elle est dégagée à partir de l'expérience sensible du bleu, du rouge, du vert, etc.¦ L'induction, raisonnement qui permet de passer d'une série de cas particuliers à une idée ou une loigénérale, est ainsi un ressort fondamental dans une perspective empiriste, car elle permet dedépasser les données de l'expérience sensible sans cesser d'en dépendre.

L'expérience s'organisedans des relations et des regroupements qui excèdent l'expérience sensible à proprement parler.

Ainsiles relations de cause à effet, la division des choses dans des catégories forment le tissu profond de. »

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