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La servitude est-elle toujours volontaire ?

Publié le 16/03/2004

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Ainsi, individus, peuples et masses veulent leur servitude et l'entretiennent. Tout se passe comme si l'on ne pouvait vivre sans un « maître «, comme si la figure immémoriale de la loi nous hantait: aussi faut-il se tourner vers la thématique de Freud, vers la longue dépendance du petit enfant, dépendance qui crée une servitude plus tard voulue. Il ne faut d'ailleurs pas minimiser l'importance du contrôle social qui utilise adroitement le goût humain de la servitude volontaire. Le contrôle social désigne un ensemble de ressources, souvent symboliques, dont dispose une société pour s'assurer de la conformité du comportement de ses membres aux règles et principes prescrits et sanctionnés. Le contrôle social permet de conditionner les esprits de manière insidieuse et subtile. Il intègre aussi bien les pressions orientant le comportement de chaque homme dans un sens conforme au maintien de la société, que les régulations sociales mettant en oeuvre des instruments d'action psychologique. Contrôle de la société et existence d'une servitude volontaire sont en relation étroite.   Il n'y a pas de servitude absolument volontaire. Comment pourrait-il exister une servitude volontaire, trouvant son origine dans un choix voulu et conscient ? N'y a-t-il pas là un paradoxe, nous conduisant à nier l'idée même de « servitude volontaire « ?

  • I) La servitude des peuple est un fait.

a) "Ce sont les peuples mêmes qui se laissent commander" (La Boétie). b) Il y a des tyran que grâce au peuple. c) Les hommes sont ce qu'ils se font être.

  • II) La servitude est toujours subie et jamais voulue.

a) Le tyran tyrannise le peuple ! b) Le tyran installe la corruption et la délation. c) Les reseaux du pouvoir autoritaire.

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« à raconter des histoires), jeune voyageur portugais.

Vous voilà tout à coup touché par les moeurs et lesinstitutions du peuple utopien.

Le dispositif rhétorique qui produit cet autre monde sous vos yeux consistemoins à vous faire croire qu'un tel peuple existe qu'à susciter en vous le désir de vivre selon un tel mode devie.

Il vous faut par conséquent suivre deux cheminements parallèles, celui de comprendre ce que peut être «la meilleure forme de communauté politique » (sous-titre de l'ouvrage) et celui de laisser fonctionner uneécriture qui vise à donner à votre esprit un pli encore inconnu, l'amenant à se convertir d'une adhésion auprésent à la possibilité d'un agir.Dans la fiction utopique de Thomas More, l'écriture elle-même devient incitative, exercant l'esprit à s'ouvrir àdes dimensions insoupçonnables.

Au vrai, l'ouvrage comporte un agencement de deux livres sur le premierduquel on a l'habitude de faire l'impasse.

Si le livre second, en effet, décrit particulièrement la ville d'Amauroteet, au travers d'un urbanisme géométrique, un ordre social transparent, la lecture du premier livre demeureindispensable puis-que la narration des voyages du navigateur s'y fait expérience d'assouplissement del'esprit, mise en scène de l'opinion à rectifier, et explication du statut de la philosophie.Pour qui entend prononcer aujourd'hui ce terme, utopie, une autre conversion s'impose.

Trop d'usagesdépréciatifs sont destinés à discréditer les appels à penser et agir en politique.

L'utopie, littéralement lieu denulle part, qui est aussi souvent une uchronie — d'aucun temps — se place sous le signe d'une libération del'esprit.

Ainsi en va-t-il des Solariens qui, vivant sous la dictature de la vertu, couplent leur cité modèle àl'idéal d'une réforme de l'ordre social chrétien existant (Campanella, 1602) . Le peuple est complice du tyranUn tyran n'a de pouvoir sur le peuple que par le peuple qui l'accepte.

Le peuple est donc complice du «larron»qui, les pille et du «meurtrier» qui les tue, puisqu'il se laisse «abêtir».

Le peuple ne s'aperçoit pas que ce sonteux-mêmes qui donnent au tyran les moyens dont il dispose. Les hommes sont ce qu'ils se fontL'idée semble sartienne voire kantienne, elle est pourtant chez La Boétie.

L'homme est ce qu'il se fait ou cequ'il laisse faire de lui.

Comme les hommes ont un penchant pour la facilité, ils se laissent engourdir par cetteseconde nature qu'est la coutume et qui assoupit la raison.

Alors l'homme laisse mourir en lui le discernementet, «avec la liberté, se perd tout en un coup la vaillance».Écoutons ici La Boétie : «Je désirerais seulement qu'on me fit comprendre comment il se peut que tantd'hommes, tant de villes, tant de nations supportent quelquefois tout d'un tyran seul, qui n'a de puissanceque celle qu'on lui donne.

» (Le discours de la servitude volontaire)On peut, en effet, vouloir être esclave, malgré l'énigme de cet esclavage, et ce même si « le roi est nu »,même s'il ne détient aucune puissance effective.

Pourquoi? Parce que l'on fait le choix d'une soumissionvolontaire, et ce dans la mesure où l'expérience de la liberté est difficile, pénible, voire même « horrible » : ilest pénible et malaisé de construire seul son destin; n'est-il pas plus commode et plus facile de suivre ladirection du conseiller, du prêtre, du médecin? La loi de raison libre ne fonctionne pas aisément.

Tout noussignale, en effet, que la dépendance (choisie) vient d'un manque de courage et d'audace.

Les hommes, parmanque de courage, ne préfèrent-ils pas la dépendance? « La grande majorité des hommes tient pour trèsdangereux (un) pas en avant vers la majorité » (Kant, Qu'est-ce que les Lumières..

La liberté, en réalité,angoisse l'homme.

Quoi de plus angoissant que l'expérience de la liberté, dont il faut souvent se défaire pourchasser l'inquiétude liée à l'autonomie? [Servitude volontaire, liberté et lâcheté.] L'homme est né libre et partout il est dans les fers.

La servitude volontaire comme illégitime.. »

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