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La technique accroît elle la liberté ?

Publié le 14/10/2005

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technique

[L'homme, grâce à la technique, s'est affranchi des nécessités naturelles et il a donc pu accroître sa liberté, ouvrir de nouveaux horizons, améliorer ses conditions d'existence.]

[Si la technique permet bien de dominer la nature, elle peut tout aussi bien permettre de dominer l'homme lui-même. En suivant sa propre logique, elle échappe à l'homme tout en l'emprisonnant.]

  • I) La technique est libératrice.

a) Prométhée. b) Les découvertes tecniques ouvrent de nouvelles possibilités d'existence. c) La technique transforme la vie de l'homme pour mieux le libérer.

  • II) La technique domine l'homme.

a) Le mythe de l'apprenti sorcier. b) La machine asservit l'homme. c) La technique appauvrit l'homme au lieu de l'enrichir.

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technique

« métiers à tisser sur les conseils de Ludd.

Le « luddisme » est au monde ouvrier ce que la jacquerie est aux paysans).

Les machines retirent de la peine au travail mais elles rongent également le travail des hommes.

Bref, lesmachines opèrent-elles un retour de la technique contre le technicien, instruments d'une version actuelle de l' apprenti -sorcier? Car la menace ne semble plus relever aujourd'hui de la science-fiction.

Bien sûr les « robots » ou l'ordinateur central de 2001 ne sont pas en passe de dominer les hommes, au sens de les asservir.

Mais peu à peu,discrètement systèmes automatisés et intelligences artificielles commencent à extraire l'homme du monde du travail, au risque de lui rendre la nature totalement inintelligible.• La technique, parce qu'elle fait passer la science aux actes, pose le problème de la finalité — voire de la moralité de la science : l'arme nucléaire, par exemple, est-elle seulement la perversion d'un pur et innocent désir deconnaître ? ou bien, la science est-elle responsable, dès son principe, des terrifiantes applications qu'on en peut faire ?• Les dangers que font aujourd'hui courir à l'humanité les progrès techniques (cf.

également les manipulations génétiques) mettent-ils en cause l'usage qu'on fait de la science ou la science elle-même ? « L'esprit humain,déclarait Auguste Comte, doit procéder aux recherches théoriques en faisant complètement abstraction de toute considération pratique » (Comte, Cours de philosophie positive, 1830/1842).

Mais est-il possible, et si oui,est-il légitime de procéder de la sorte ? Quelle que soit votre réponse, la question est incontournable dans tout devoir tournant autour de la valeur de la science.C'est aujourd'hui un thème familier et angoissant que celui du technicien apprenti -sorcier.

L'effroyable péril suscité par le développement des armes nucléaires, ainsi que les dangers de « robotisation » constitués par la mécanisation de notre existence soulignent avec éclat que la technique ne tient pas lieu de sagesse, pas plus que la science ne tient lieu de philosophie.

« La technique, a écrit, le R.P.

Laberthonnière nous apprend à nousservir des choses.

Mais saurons-nous nous-mêmes à quoi nous faire servir? » La technique ne donne à l'homme que des moyens d'action.

Elle reste muette sur les fins qui doivent guider notre conduite.

Et nous avons plus quejamais besoin d'une sagesse pour nous éclairer sur les fins qu'il nous appartient de poursuivre.

Dans le monde actuel l'éclat de nos pouvoirs humains fait ressortir dans une lumière tragique l'ambiguïté de nos vouloirs.

Et si latechnique est une médiation nécessaire pour concilier le pouvoir et le vouloir, seule la philosophie peut nous permettre de voir clair dans notre vouloir.

Seule la philosophie pose le problème des valeurs.Machinisme et aliénationDans la grande industrie, l'homme n'a plus qu'à surveiller la machine et en corriger les erreurs.

La machine-outil permet une utilisation purement mécanique des outils.

L'habileté mamelle encore requise dans la manufacturedisparaît.

La force de travail se dévalorise toujours davantage.

L'emploi d'une main-d'oeuvre non qualifiée (femmes & enfants) accroît la concurrence entre travailleurs.

De plus, le travail devient monotone : « La facilitémême du travail devient une torture en ce sens que la machine ne délivre pas l'ouvrier du travail, mais dépouille le travail de son intérêt.

» (Marx).

Enfin l'intensité du travail augmente dans la mesure où le travailleur doit seplier au rythme imposé par la machine.Le capitalisme est un mode de production révolutionnaire.

Il a bouleversé les conditions techniques et sociales de la production.

Il a libéré l'humanité de l'esclavage, réalisant ainsi le vieux rêve d' Aristote Il a contribué à l'élévation du niveau de vie des masses.

Mais son but n'a jamais été d'émanciper le travailleur ni d'alléger le labeur.

Son seul but est le maintien du taux de profit.

C'est pourquoi la division du travail et les progrèstechnologiques ont, dans les faits, réduit le travailleur à n'être que le simple rouage d'un mécanisme qui le dépasse.

Il y a, dit Marx, une contradiction absolue « entre les nécessités techniques de la grande industrie et les caractères sociaux qu'elle revêt sous le régime capitaliste ».

Cette contradiction « finit par détruire toutes les garanties de vie du travailleur, toujours menacé de se voir retirer avec le moyen de travail les moyens d'existence et d'être rendu lui-même superflu par la suppression de sa fonction parcellaire ».

En effet, le capitalisme, qui assure la formation de la main-d'oeuvre à moindre frais, est toujours pris de cours par ses propres transformations technologiques et ne peut donc que licencier les travailleurs dont les emplois sont supprimés par les progrès techniques.

Ce qui fait que chaque progrès économique apparaît comme « une calamité publique ».

C'est là le côté négatif.

Mais, dit Marx, ces catastrophes mêmes que fait naître la grande industrie « imposent la nécessité de reconnaître le travail varié et, par conséquent, le plus grand développement possible des diverses aptitudes du travailleur, comme une loi de production moderne. » : « Oui, la grande industrie oblige la société sous peine de mort à remplacer l'individu morcelé, porte-douleur d'une fonction productive de détail, par l'individu intégral qui sache tenir tête aux exigences les plus diversifiées du travail.

» En effet, les progrès de la grande industrie exigent, aujourd'hui, des travailleurs hautement qualifiés et polyvalents.

La fabrication des machines, des chaînes de montage entièrement automatiques requièrent les techniquesles plus complexes.

On peut donc penser que les formes parcellaires et aliénées du travail ne sont, dans l'évolution séculaire de la production, que les mauvais côtés par lesquels des formes plus avancées du travail pourrontdévelopper l'homme social intégral qui saura « tenir tête aux exigences les plus diversifiées du travail ». Le travail aliéné. « Il [l'animal] produit seulement ce dont il a immédiatement besoin pour lui ou pour sonpetit ; il produit d'une façon unilatérale, tandis que l'homme produit d'une façonuniverselle ; il ne produit que sous l'empire du besoin physique immédiat, tandis quel'homme produit même libéré du besoin physique et ne produit vraiment que lorsqu'il enest libéré.

[...] C'est précisément dans le fait d'élaborer le monde objectif que l'homme commencedonc à faire réellement ses preuves d'être générique.

Cette production est sa viegénérique active.

Grâce à cette production, la nature apparaît comme son oeuvre et saréalité.

L'objet du travail est donc l'objectivation de la vie générique de l'homme : carcelui-ci ne se double pas lui-même d'une façon seulement intellectuelle, comme c'est lecas dans la conscience, mais activement, réellement, et il se contemple donc lui-mêmedans un monde qu'il a créé.

Donc, tandis que le travail aliéné arrache à l'homme l'objet desa production, il lui arrache sa vie générique, sa véritable objectivité générique, et iltransforme l'avantage que l'homme a sur l'animal en ce désavantage que son corps nonorganique, la nature, lui est dérobé.

De même, en dégradant au rang de moyen l'activité propre, la libre activité, letravail aliéné fait de la vie générique de l'homme le moyen de son existence physique.

»Marx, « Manuscrits de 1844 ». COMMENTAIRE.L'expression « être générique » est un terme philosophique, utilisé en particulier par Hegel .

Chaque homme appartient au « genre » humain.

Le genre dépasse l'individu.

En tant qu'être « humain », chaque homme est donc le représentant du genre, qui dépasse son être individuel.

Le genre est l'universel qui dépasse l'individu particulier.Comment cet « être générique » peut-il se manifester ? Par la conscience que chacun a de son appartenance au genre.

Mais la consciencedemeure subjective, intérieure à l'homme.

En produisant des oeuvres et en transformantla nature, l'homme peut manifester « objectivement » cette humanité, à l'extérieur de lui-même.

Le monde créé par l'homme & la nature transformée par lui sont des miroirs oùil se reconnaît en tant qu'homme.

Dans cette production, ce n'est pas la satisfaction desbesoins qui est le but.

A la différence de l'animal, l'homme ne produit pas seulement poursatisfaire ses besoins vitaux.

Marx dit même qu'il ne produit vraiment humainement qu'une fois le besoin vital satisfait.

L'individu qui ne travaille que pour manger nemanifeste pas son humanité par son travail.Or, c'est précisément ce qui se produit dans le cas du travail aliéné.

Dans le travailaliéné, l'homme est privé du produit de son travail et le travail devient un moyen au lieud'être une fin en lui-même.Il est possible de donner de ce texte deux interprétations assez différentes.

Soit on diraque l'aliénation du travail a son origine dans la propriété privée et donc que l'abolition de lapropriété permettrait de dépasser l'aliénation du travail.

Soit on conclura que l'aliénationcaractérisera toujours le travail, puisque le travail n'est vraiment humain que débarrasséde la fonction de satisfaction des besoins.

Technique et appauvrissement de l'hommeBorges Friedmann, pour sa part, dénonce l'environnement artificiel et inhumain que crée la civilisation technicienne.

Celle-ci dépouille l'homme de ses rythmes naturels sans lui apporter d'autres points de repères, d'autresvaleurs, une autre culture.

Elle le plonge ainsi dans un vide spirituel.

Sans cesse assisté par la technique, l'homme en devient dépendant. [1] HOMO SAPIENS : L'homme savant.[2] HOMO FABER : L'homme qui fabrique. [] La diabolisation de la technique semble donc reposer sur une sorte de malentendu : après tout quand un meurtre est commis avec un pistolet, ce n'est pas le pistolet que l'on juge au tribunal, mais celui qui a appuyé surla détente, c'est-à-dire celui qui a employé ce moyen technique en vue d'une certaine fin posée par lui.

La technique ne fait que proposer des moyens : l'homme, en tant qu'il est celui qui fixe et détermine les finalités quilui paraissent souhaitables.

Le malentendu de la diabolisation consiste à porter un jugement de valeur sur la technique, alors que ces jugements ne peuvent être portés que sur l'utilisation, finalisée par l'homme, de cettetechnique.

A proprement parler, la technique apparaît donc comme étant techniquement neutre, dépourvue d'une quelconque détermination morale et libre de toute valeur.Selon cette thèse (de neutralité), ce n'est pas par elle-même que la technique peut être jugée, mais en fonction des fins.

Par exemple, si l'on s'en tient au point de vue technique , le médecin est le meilleur empoisonneurpeut-être même meilleur pour empoisonner que pour guérir c'est que qu'avait en vue Aristote dans l' « Ethique à Miconaque » , quand il disait que « dans le domaine de la technè, l'homme qui agit mal volontairement est préférable à celui qui agit mal involontairement ».

Du point de vue technique, il vaut mieux savoir que ne pas savoir, et appliquer ce savoir à un mal n'est pas à proprement parler un problème qui concerne la technique.

C'est une autre instance que l'instance technique qui fixe les fins, et ce n'est pas donc en tant que technicien que le médecin choisit de guérir plutôt que d'empoisonner.

voilà bien l'illustration de ce qu'onappelle classiquement l'indétermination des fins, ou la neutralité morale de la technique : le critère de jugement du technique n'est pas, alors, la valeur morale, mais la pure et simple efficacité.Est-il si sûr, pourtant, que la technique soit moralement neutre ? Certes, la possession d'un pistolet n'oblige personne à commettre des meurtres, mais peut-on écarter totalement l'idée qu'elle aide à en considérer lapossibilité ? Pour utiliser une métaphore biologique, on peut soupçonner qu'ici, jusqu'à un certain point, l'organe crée la fonction, ou, si l'on préfère, que la technique suggère bien tout de même l'idée de ses finalitéspossibles.

L'opposition de ces deux conceptions de la technique, l'une, innocente (la neutralité morale), l'autre, plus désabusée (la technique suggère des finalités), nourrit le débat contemporain sur la notion.

C'est ens'opposant explicitement à la première conception, jusque-là courante, que Marcuse , cité par Harbemas dans « La technique & la science comme idéologie », explique que « ce n'est pas après coup seulement,. »

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