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La technique est-elle aliénante ou libératrice ?

Publié le 27/02/2008

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La technique désigne l'ensemble des processus et des objets qui, par opposition au donné naturel, sont construits et créés par l'activité humaine. Or la nécessité de la technique témoigne de notre aliénation, c'est à dire de notre soumission à la nature. En effet l'homme est un être qui, vivant au sein de la nature, doit nécessairement subir ses lois et ses caprices : par exemple, comme tous les autres animaux, il doit subir la pluie, mais ce qui l'en distingue c'est sa capacité à construire des maisons pour s'en abriter. Plus généralement, il peut construire des barrages pour retenir l'action destructrice des fleuves et même exploiter leur puissance dans la production d'énergie nucléaire. Ainsi dans la mesure où l'homme peut transformer la nature pour l'humaniser, la technique est immédiatement libératrice puisque elle permet à l'homme de s'excepter du déterminisme naturel et même de le détourner à son profit. La liberté désigne la capacité à déterminer soi-même la règle de son action. Par conséquent, la technique serait l'instrument effectif de la liberté humaine. Cependant cette conception de la technique paraît entachée d'une naïveté théorique essentielle : sa passivité. En effet si la technique est le moyen passif par lequel la liberté humaine se réalise, elle constitue une fois établie une puissance autonome qui se développe indépendamment de la volonté humaine. En ce sens c'est par le développement autonome de la technique que la liberté se prendrait à son propre piège. Par conséquent on pourrait en conclure que la technique est par essence aliénante, c'est à dire qu'elle détermine l'homme plus qu'il ne la détermine. Néanmoins il paraît difficile de ne pas reconnaître que c'est par la technique que l'homme parvient à produire un monde où la vie mérite d'être vécue. Nous sommes alors confrontés à ce problème : la technique est-elle par essence l'instrument de notre libération ou au contraire le piège où la liberté se laisse prendre et nous amène à une contrainte plus forte encore que celle de la nature ?
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« une nouvelle contrainte plus marquée encore que l'aliénation naturelle.

On peut dire à cet égard que la catastrophede Tchernobyl en 1986 serait comme dans la nouvelle de Mary Shelley, le Frankenstein de notre XXème siècle, la créature qui se retourne contre son créateur._ L'homme croyait augmenter sa capacité d'agir et il se retrouve dépossédé de sa capacité d'agir ou de choisir unetechnique dont il doit subir les conséquences les plus désastreuses une fois qu'il l'a choisie.

En effet la technique ases propres lois de développement qui ne coïncident pas nécessairement avec celles de la volonté humaine etnotamment de l'individu.

Ainsi ce serait le moment où le développement de la technique cesserait de coïncider avecla réalisation de l'individualité elle-même qui marquerait le passage d'une technique libératrice à une techniquealiénante.

Selon Hannah Arendt,dans la Condition de l'homme moderne , ce renversement de perspective s'effectuerait dans le changement de conception de la machine.

Tandis que la machine était au service de l'homme,l'homme dans la personne de l'ouvrier est mis au service de la machine : cette thèse se base sur la distinction entrel'opus et l' operatio .

Dans l'opus, l'artisan est l'auteur d'un produit fini et l'exemple paradigmatique de ce principe serait l'artisan grec.

Par opposition, l'ouvrier issu du taylorisme n'accomplit qu'une seule tâche répétitive dans toutun processus de production dont la finalité lui échappe.

Ainsi dans ce passage de l'opus à l'operatio, l'homo faber nerend plus effective sa liberté dans un travail individuel.

Son travail soumis à la technique le déshumanise, plutôt qu'ilne l'humanise.

Cette déshumanisation est l'aliénation essentielle que la technique fait subir au travailleur comme lemontre Chaplin dans son film Les Temps modernes où l'individu n'est plus traité que comme un rouage de cette machine gigantesque qu'est l'entreprise capitaliste.

La technique serait en son essence plus aliénante que libératrice dans la mesure où elle installerait les conditionsd'une aliénation à la fois générale et individuelle de l'humanité plus puissantes que l'aliénation naturelle.

Cependant ilconvient de remarquer que si les œuvres littéraires comme Frankenstein ou l'apprenti sorcier nous renseignent sur le caractère aliénant de la technique, elles nous conduisent à ontologiser la technique, c'est à dire à en faire un êtredoué d'une volonté et capable d'action.

Or la technique se réduit à un moyen qui ne peut être en lui-mêmeresponsable de ses conséquences.

III La technique est un moyen neutre pour utiliser notre liberté _La technique ne nous dépossède de notre capacité d'agir que parce que nous le voulons biens et non parce qu'elleconstitue une sorte de créature en butte contre son créateur.

La limite du mythe littéraire de Frankenstein résidedans la puissance qu'il laisse à la créature, puissance qui conduit à déresponsabiliser le créateur alors qu'il en estl'auteur.

Ainsi il s'agirait de nous défendre contre ces conceptions de la technique transformant cette dernière en unêtre autonome douée de volonté et capable d'action.

C'’est l'homme qui a mis en place le développement de latechnique, il ne doit donc pas négliger les risques d'une technique devenue une fin en soi.

En effet comme le montreHans Jonas dans le chapitre I du Principe de Responsabilité , par le développement démesuré de notre capacité d'agir, la nature est désormais confié à notre responsabilité par son caractère vulnérable.

Puisque notre puissancedépasse excessivement notre capacité d'agir, nous ne pouvons ignorer le risque que nous prenons par exemple eninstallant de nouvelles centrales nucléaires qui produiront des déchets radio-actifs susceptibles d'engendrer descatastrophes à très longue échéance._ En raison de cette puissance technique démesurée par notre capacité à prévoir ses effets, Jonas nous proposeune heuristique de la peur, c'est à dire une pratique de la technique fondée sur l'anticipation de ce qui peut survenirde pire afin de choisir ce que nous voulons faire en connaissance de cause.

La technique n'est qu'un moyen quel'homme se donne pour transformer la nature.

La technique n'impose jamais elle-même son application.

Ce sont deshommes qui décident de l'appliquer.

Aussi il convient de nous rappeler à notre responsabilité, c'est à dire notrecapacité à répondre de nos actes en affirmant que nous sommes d'abord les auteurs de la technique et non sesvictimes.

Par conséquent la technique n'est pas par elle-même aliénante ou libératrice, c'est ce que nous décidonsd'en faire qui détermine sa nature.

La technique est en effet ce par quoi la liberté se met à l'épreuve.

Conclusion : L'alternative tranchée « la technique est-elle aliénante ou libératrice » n'est pas tenable.

En son essence, latechnique n'est pas plus aliénante que libératrice.

Si elle nous libère du déterminisme naturel, elle peut engendrerune aliénation plus grande encore que ce dernier.

C'est l'homme seul qui rend la technique aliénante ou libératrice enfonction de ce qu'il en fait, et de la manière dont il décide de s'en servir.

Si l'homme est libre, on peut dire que par latechnique la liberté humaine se met elle-même à l'épreuve.

Une nouvelle philosophie de la nature : le principe de responsabilité□ Le philosophe et théologien allemand Hans Jonas (1903-1993), envisageant les conditions nouvelles imposées àl'action humaine par les transformations de l'environnement, a proposé une éthique de la responsabilité envers les. »

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