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La technique est-elle émancipatrice ?

Publié le 15/07/2014

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technique

La technique est devenue une partie omniprésente de notre vie, en ce qu'elle organise nos 

coutumes, notre façon de vivre, nos apports sociaux et bien plus encore. Il n'y a qu'à regarder 

l'arrivée des télécommunications et notamment du téléphone portable qui a profondément 

bouleversé nos modes de vivre. En cela, il est coutumier de penser que la technique a permis une 

émancipation de l'homme, au sens où grâce à la technique, l'homme aurait pu se libérer, s'affranchir 

d'un état de dépendance et aurait été capable, à partir de ce moment, de jouir d'une indépendance 

complète ou quasiment complète. Mais qu'en est-il réellement ? La technique est-elle 

émancipatrice ? Revenons d'ores et déjà sur le terme d'émancipation. Émancipation vient du verbe 

latin emancipare, c'est au départ l'action de s'affranchir de l'autorité paternelle. Plus tard, le mot 

trouvera un sens plus général, bien plus large, en ce que l'émancipation sera l'action globale de 

s'affranchir de toute autorité extérieure, de toute tutelle, de toute dépendance. De l'autre côté, il y a 

l'aliénation. L'aliénation, c'est toute limitation ou tout conditionnement objectivement imposés à 

l'individu – par le fonctionnement actuel de la société, par exemple. Il s'agira donc de montrer en 

quelle mesure la technique contribue ou non à une libération, un affranchissement d'un état de 

dépendance. Le lien entre technique et émancipation semble à première vue immédiat : la technique

étant un savoir-faire, elle est dirigée vers une activité productive, cette activité productive générera 

des objets qui influeront sur la vie humaine. Mais la technique ne se limite pas à cela, elle constitue 

elle-même déjà un premier palier explicatif du rapport à l'émancipation. Il s'agit donc ici de 

réfléchir sur le rôle de la technique au sein de l’humanité et plus particulièrement sur les rapports 

spécifiques qu'elle engendre sur l'individualité. Quel rapport cette technique engendre-t-elle avec la 

place des hommes et surtout sur les hommes ? Au-delà de ces premières réflexions, il faudra aussi 

prendre en considération ce qui constitue la technique, c'est-à-dire voir en quoi elle peut être 

rattachée à une éventuelle émancipation de l'homme, ou au contraire une aliénation, qui seront 

ordonnées, organisées par des forces extérieures à la technique en tant que telle.

Pour ce faire, nous débuterons notre parcours avec les penseurs de l'Antiquité, et tout 

spécialement Aristote et Platon, pour qui la technique est bien davantage une aliénation qu'autre 

chose, au sens où celui qui produit est entravé dans une vie de survie. Cette vision de la technique 

est balayée par Descartes, grâce notamment à la révolution galiléenne. Pour Descartes, la technique 

moderne apporte une réelle émancipation. La technique est à la fois nouvelle en sa vision, mais 

aussi en ce qu'elle apporte. Nous passons avec Descartes à la technique moderne telle que nous 

l'entendons encore plus ou moins dans le monde actuel. Mais la technique moderne a connu un tel 

succès que l'homme a tôt fait de changer le monde en intégralité pour satisfaire ses fins. Il s'agira 

donc d'étudier la technique en ce qu'elle est le cœur du système technicien mis en place par 

l'homme, récupéré et développé par le capitalisme, qui par là même a tôt fait de déshumaniser ce 

système ; désormais, la technique à travers le système technicien, donne une sorte d'illusion 

d'émancipation en ce qu'elle n'agit que selon la volonté d'un système capitaliste.

technique

« routinière au sens où le savoir-faire du tekhnitès se tourne en direction d'une fin : vendre sa production afin de pouvoir vivre.

Il doit donc chaque jour produire pour vivre en gagnant de quoi vivre à travers ses productions.

Or, l'homme libre est celui qui a toujours déjà dépassé cela, cette vie de survie.

Le citoyen, l'homme libre, a la bios, c'est-à-dire une vie qui a une configuration concrète de la vie personnelle.

En cela, une vie comme bios a une identité existentielle, elle se distingue toujours déjà d'une autre bios.

Le tekhnitès, lui, est dans la zoé.

La zoé est une forme rudimentaire de la vie, elle révèle seulement un contenu minimum de phénomène vital.

C'est donc la vie comme survie.

Il s'agit bien plutôt de se maintenir en vie que de vivre une vie correcte.

Celui qui a la technique, le tekhnitès, le producteur, ne peut pas mener une vie d'action en produisant car il est toujours occupé à gagner sa propre vie pour pouvoir ensuite espérer assurer sa survie.

Ainsi, la technique le sort du cadre de la cité et de la vie en tant que bios.

La technique aliène donc le producteur.

Il est contraint pour survivre de s'enfermer dans une sorte de cercle où l'utilité de la technique s'inscrit dans une course à la survie journalière, ce besoin de survie, cette zoé, étant lui- même imposé par la fonction de tekhnitès et donc la technique. Pour Platon, dans sa conception de la cité idéale, que l'on trouve dans la République, chaque producteur produit au mieux en se cantonnant à un métier particulier.

Chaque producteur prend donc un pli spécifique, le pli de son métier particulier.

Ainsi, le savoir-faire d'un boucher n'est pas le même que celui d'un cordonnier, c'est-à-dire que la technique requise pour effectuer les opérations requises par le métier de boucher ne sont en aucun cas les mêmes que celles requises par le métier de cordonnier.

Chaque métier possède un savoir-faire qui lui est propre et qui ne vaut pour aucun autre métier.

Il a un pli dont il ne peut pas sortir, au sens où, dans les tâches nécessitées par un autre pli, il sera bien moins efficace.

Il faudra donc profiter du pli qu'il possède pour effectuer les tâches qu'il sait faire et survivre ainsi dans la cité.

Le tekhnitès est pris dans un certain pli, qui est celui de son métier, et duquel il ne peut pas se défaire.

Le producteur a un savoir-faire, une technique, mais c'est une technique qui est uniquement nécessitée par son métier.

De ce fait, le producteur est pris en tenaille dans son métier au sens où il n'a que ce savoir-faire particulier et est restreint dans ce savoir-faire.

Le producteur dépend donc de son métier et de la technique qu'il connaît, au sens où c'est ce savoir-faire qu'il maîtrise, certes bien mieux que le reste de la population, qui va le condamner à rester indéfiniment dans cette voie afin de survivre.

Le producteur sera donc en un sens dépendant de la technique, sans son savoir-faire, il ne peut pas survivre.

Le plu qu'il possède force le tekhnitès à l'utiliser et en un sens ne vit que grâce à lui.

Le tekhnitès a donc une relation très particulière à la technique en ce que c'est elle qui lui guide sa vie, au sens où c'est à travers elle qu'il va pouvoir survivre.

Mais de l'autre côté, la technique lui permet justement de vivre.

Ainsi, il y a une sorte de relation paradoxale entre une aliénation créée par une dépendant extrême à la tekhné, et une émancipation de l'homme par la technique en ce qu'il peut vivre dans cité grâce à sa technique.

Sa technique participe d'ailleurs à la vie de la cité en ce qu'elle crée des hommes faits pour chaque métier et donc pour finalement constituer la cité idéale platonicienne.

La technique est donc une constituante inhérente de la cité idéale platonicienne.

Cependant, il faut bien voir que la technique antique ne s'arrête pas aux producteurs seuls. Si le tekhnitès est celui qui se sert de la technique pour produire, il faut noter qu'Aristote ne s'arrête pas à ce simple aspect de la technique.

Selon lui – et c'est aussi le cas en un certain sens pour les Sophistes –, l'homme en tant que tel est un tekhnitès : la tekhné fait de l'homme par excellence quelque chose de non-naturel, en ce que l'homme est le seul être qui a accès à la technique.

La technique est la spécificité de l'homme, c'est sa caractéristique distinctive d'avec les animaux.

Grâce à la technique, l'homme est capable de produire un objet externe afin de prendre telles ou telles caractéristiques (par exemple, les griffes deviennent chez l'homme un sabre ou un couteau).

L'homme n'a pas de caractéristique, de capacité propre, mais il a les capacités de les prendre toutes par artifice.

L'être humain est donc déterminé par le savoir de la production, c'est un être d'artifices.

Franklin définira l'homme comme « a tool-making animal », un animal qui fabrique des outils.

En cela, l'homme n'a pas de nature propre, il se situe en dehors de la nature.

De ce fait, l'homme sort du cadre de la nature, la technique lui permet de s'affranchir totalement de la nature au sens où l'homme s'est enseigné lui-même la domination des autres êtres naturels.

L'homme se. »

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