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La technique est-elle libératrice ?

Publié le 11/04/2012

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technique

 

 

Introduction : 

 

 Notre époque est caractérisée par une omniprésence croissante de la technique. Si celle-ci se développe aussi vite, cela n'est pas sans raison : elle permet manifestement, pour ceux qui la maîtrisent, une amélioration considérable de leurs condition de vie. Plus fondamentalement, elle contribue à agrandir le champ de ce qui est possible pour l'homme : se déplacer plus vite, communiquer plus facilement, marcher sur la Lune, etc. La technique peut donc apparaître comme se qui accroît notre liberté. Pourtant, le progrès technique présente aussi la soumission la plus violente de l'homme moderne : la chaîne de montage à l'usine, qui impose son rythme, ses contraintes gestuelles, à l'homme qui l'utilise.

 La technique est, de manière générale, la capacité de trouver les moyens les plus adaptés pour réaliser des fins données. Mais il n'est pas du tout sûr  que l'homme soit toujours capable de maîtriser, justement, la finalité de la technique, c'est-à-dire de la soumettre à des fins qui lui soient propres : l'ouvrier sur la chaîne de montage apparaît bien plutôt comme un moyen dans un processus dans un processus de production dont la finalité le dépasse. La technique est-elle donc libératrice ? Ne correspond-elle pas plutôt à une transformation, voire à une radicalisation des contraintes que doit affronter l'homme pour réaliser sa liberté ?

technique

« direct avec l'idée de travail, compris comme une activité tournée vers la satisfaction de nos besoins.

Puisque la nature nepourvoit pas spontanément et immédiatement à tous nos besoins, l'homme travaille.

Cela signifie que l'homme vit dans lanature avec la contrainte de travailler.

C'est là que la technique peut se comprendre comme une libération.L'homme est contraint de travailler parce qu'il est asservit aux besoins vitaux.

Donc, si la technique peut alléger la charge,voire même prendre toute la charge du travail qu'impose les besoins, on peut dire qu'elle libère l'homme du besoin.Autrement dit le progrès technique peut se comprendre comme un projet de libération de l'homme à l'égard de la nature ; leprogrès technique améliore les conditions d'existence dans le sens d'une plus grande liberté.

Comment peut-on comprendre cette liberté ? La libération du travail à un rapport avec la révolution de sciences et destechniques du XVIIè siècle, puisqu'elle se produit par la généralisation de la technique.

Or, lorsque Descartes invite à serendre "comme maître possesseur de la nature" (Discours de la méthode, 1673) il s'agit bien pour l'homme de maîtriser lecours des phénomènes naturels en connaissant les lois naturelles, comme on connaît le fonctionnement d'une machine :"connaissant la force et les action du feu, de l'air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent, aussidistinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tousles usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature".

Descartes associe bienla technique à une libération de l'homme vis-à-vis de la nature : la liberté de la technique serait la maîtrise par l'homme deses conditions d'existence, grâce à l maîtrise de la nature.

Il faut remarquer, cependant, que Descartes ne dit pas simplement : "nous rendre maîtres et possesseurs de la nature", maisbien plutôt : "nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature".

C'est qu'il se rend bien compte que notre maîtrisetechnique des éléments naturels à des limites, elle ne s'étend pas à l'infini, et que ce n'est pas par analogie que l'on peutcomparer la nature tout entière aux métiers de nos artisans.

Car pour Descartes, toute notre technique ne consiste au fondqu'à modifier, à détourner à notre profit les lois de la nature, mais non pas à les fabriquer ; de même, du point de vue de lafinalité, il serait bien présomptueux de penser que la nature est faite de part en part, nos besoins et nos buts.

S'il y a un êtrequi maîtrise techniquement la nature comme une gigantesque machine soumise à ses fins, ce ne peut être évidemment quepour Descartes, Dieux, lui même, mais certainement pas l'homme.

De manière plus générale, la technique n'est véritablement libératrice, elle ne signifie une véritable maîtrise que lorsquenous sommes maîtres de l'ensemble du processus finalisé qui la constitue, depuis les moyens jusqu' aux fins qu'ils servent àatteindre.

S'agissant de la nature considérée dans son ensemble, c'est évidemment loin d'être le cas : nous ne savons pastoujours avec certitude quels véritables effets ont nos actions sur l'environnement.

De manière analogue, l'ouvrier sur lachaîne de montage ne maîtrise ni la finalité de ses propres gestes, et de sa propre action dans l'appareil de production, nil'organisation des moyens dans ce dernier ; aussi peut-on dire que pour lui, cette technique n'est pas vraiment libératrice.

Tout le problème est cependant, que la nature même de la technique nous conduit presque nécessairement à négliger cettevue d'ensemble qui seule peut la rendre libératrice.

En effet, ce que nous demandons avant tout à la technique, c'est d'êtreefficace, d'être de bonne à l'usage.

Or, à partir du moment où c'est le cas, nous avons naturellement tendance à nous encontenter et à utiliser la technique sans nous demander comment elle fonctionne, et quelle doit être sa véritable finalité.Et ce d'autant plus, que la technique devient de plus en plus complexe : qui saurait dire comment fonctionne un téléphoneportable ? Et qui saurait vraiment dire quelle doit être sa véritable finalité.

L'important est avant tout que cela "fonctionne",que cela "marche"...En quoi est-ce important que l'ouvrier maîtrise l'ensemble du processus de production ? Ce processus n'apas besoin de cela pour fonctionner ...

La tentation est doc toujours grande de rendre autonome la technique, de la séparer de cette connaissance des fins et desmoyens qui seule peut la rendre vraiment libératrice.

et le risque est grand alors que nous devenions, paradoxalement,esclaves de son efficacité.

C'est une telle autonomisation de la technique que Platon critiquait déjà dans Gorgias à propos dela rhétorique : les rhéteurs comme Gorgias ou Calliclès maîtrisent art de faire des beaux discours ; grâce à cette technique, ilsprétendent pouvoir convaincre n'importe qui de n'importe quoi, sur n'importe quel sujet - et c'est pourquoi ils revendiquentla direction des affaires de la Cité.

Pour rabattre cette prétention, Platon compare leur art à celui du marin : celui-ci, bien quesachant conduire ses passagers à bon port, n'en tire pas une grande fierté, parce qu'il sait bien qu'il a peut-être sauvé de lanoyade des gens qui ne méritaient pas de l'être.

Bref, le marin, sait bien que sa technique n'est qu'un ensemble de moyens,et qu'elle n'est bonne ou mauvaise selon la finalité qu'elle sert ; or il ne maîtrise pas cette finalité.

Les rhéteurs que Platonmet en scène, ont pour leur part, oubliés cela, et n'ont en vue que l'efficacité de leur technique, et le pouvoir qu'elle leurdonne, sans considération pour les fins - bonnes ou mauvaises - qu'elle sert.

La technique n'est donc véritablement libératrice que si l'efficacité ne devient pas une fin en soi, au détriment de laconnaissance des moyens qui la constituent, et des fins qui doivent l'orienter.

On peut penser, pour développer ce point, àl'analyse que Marx propose du travail.

Pour Marx (Le Capital) la spécificité du travail humaine repose sur la capacité àconcevoir en pensée, ou en idée, une tâche que l'on se propose d'accomplir, ou un objet que l'on veut fabriquer, et àcommander ses gestes par cette pensée, ou cette idée, pour la réaliser.

Or, cette disposition est pour Marx, une forme deliberté : parce que le travail humain est commandé par une conception consciente, et non par un instinct réglé par la nature,l'homme peut apprendre et se développer par le travail.

Pourtant, lorsque l'homme a introduit les machines dans le travail,c'est-à-dire lorsqu'il voulu automatiser les chaînes de montage, il a, toujours selon Marx, dénaturé ce qui était à l'origine de ladisposition humaine à la technique.

Le travail à la chaîne sépare la part intellectuelle de la part physique du travail, alors quela liberté comme disposition à transformer, ou changer la nature et sa nature, reposait justement sur la subordination, dans. »

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