La technique procure-t-elle le bonheur ?
Publié le 14/03/2004
                            
                        
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                                                                                                                            Texte : Kant, Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique,  proposition 3, traductionMichel Muglioni.
« La  nature  a voulu  que l'homme  tire entièrement  de lui-même  tout ce qui  dépasse  l'agencementmécanique  de son  existence  animale et qu'il  ne participe  à aucun  autre bonheur  ou à aucune  autreperfection que ceux qu'il s'est créés lui-même, libre de l'instinct, par sa propre raison.
                                                            
                                                                                
                                                                    La nature, en effet,ne fait rien en vain et n'est pas prodigue dans l'usage des moyens qui lui permettent de parvenir à sesfins.
                                                            
                                                                                
                                                                    Donner  à l'homme la  raison et la liberté du vouloir qui  se fonde sur cette raison, c'est  déjà uneindication claire de son dessein en ce qui concerne la dotation de l'homme.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'homme ne devait donc pasêtre dirigé par l'instinct ; ce n'est pas une connaissance innée qui devait assurer son instruction, il devaitbien plutôt tirer tout de lui-même.
                                                            
                                                                                
                                                                    La découverte d'aliments, l'invention des moyens de se couvrir et depourvoir à sa sécurité et à sa défense (pour cela la nature ne lui a donné ni les cornes du taureau, ni lesgriffes du lion, ni les crocs du chien, mais seulement les mains),  tous les divertissements qui peuventrendre agréable  la vie,  même  son intelligence  et sa  prudence  et aussi  bien la bonté  de son  vouloir,doivent  être entièrement  son oeuvre.
                                                            
                                                                                
                                                                     La nature  semble  même avoir trouvé  du plaisir  à être  la pluséconome possible, elle a mesuré la dotation animale des hommes si court et si juste pour les besoins sigrands d'une existence commençante, que c'est comme si elle voulait que l'homme dût parvenir par sontravail à s'élever de la plus grande rudesse d'autrefois à la plus grande habileté, à la perfection intérieurede son mode de penser et par là (autant qu'il est possible sur terre) au bonheur, et qu'il dût ainsi en avoirtout seul le mérite et n'en être redevable qu'à lui-même ; c'est aussi comme si elle tenait plus à ce qu'ilparvînt à l'estime raisonnable de soi qu'au bien-être.
                                                            
                                                                                
                                                                    Car dans le cours des affaires humaines, il y a unefoule de peines qui attendent l'homme.
                                                            
                                                                                
                                                                    Or il semble que la nature ne s'est pas du tout préoccupée de sonbien-être mais a tenu à ce qu'il travaille assez à se former pour se rendre digne, par sa conduite, de lavie et du  bien-être.
                                                            
                                                                        
                                                                    Il reste en tout  cas ici quelque chose d'étrange :  les générations antérieures nesemblent s'être livrées à leur pénible besogne que pour le profit des  générations ultérieures, pour leurpréparer une étape à partir de laquelle elles pourront élever plus haut l'édifice dont la nature a formé ledessein ; et seules les plus tardives auront le bonheur d'habiter le bâtiment auquel la longue série deleurs prédécesseurs  (certes sans en avoir  le dessein)  a travaillé,  sans pouvoir  non plus  partager  lebonheur qu'ils préparaient.
                                                            
                                                                                
                                                                    Mais aussi mystérieux que cela soit, c'est pourtant aussi nécessaire, une foisqu'on a admis  ceci : une  espèce  animale  doit être  douée  de raison,  et, comme  classe d'êtresraisonnables,  tous mortels  mais dont l'espèce  est immortelle,  elle doit  tout  de même  parvenir  audéveloppement complet de ses dispositions.
                                                            
                                                                                
                                                                    »	
 b)    Nous avons, grâce au progrès technique, plus de loisirs.
Cela nous permet de développer les sciences et les arts, mais aussi de prendre du temps pour nous.	
 c)    Les progrès de la médecine permettent de vivre plus longtemps, mais surtout mieux.
Non seulement on guérit des maladies, on risque moins de mourir ou de voir mourir des proches, mais onsouffre aussi moins.
                                                            
                                                                                
                                                                    La société met toujours de grands espoirs dans les progrès de la médecine.	
 	
 2.
                                                            
                                                                                
                                                                       Mais il y a une bonne et une mauvaise utilisation de la technique.
 a)    Le progrès technique n'est pas accessible à tous.
Le progrès technique n'est en mesure de faire le bonheur que de ceux qui le partagent.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ceux qui n'ontpas accès à ce progrès ne sont pas concernés par le bonheur qu'il serait susceptible d'apporter.	
 b)    Les deux guerres mondiales.
Les deux  guerres  mondiales  exemplifient  de manière  flagrante  les dégâts  que peut  faire le progrèstechnique.
                                                            
                                                                                
                                                                     La première,  en particulier,  a traumatisé  par l'utilisation  des progrès  de la chimie  (le gazmoutarde) ou l'utilisation d'armes nouvelles rendue possible par le progrès technique.
                                                            
                                                                                
                                                                    La seconde guerremondiale,  outre l'utilisation  de progrès  dans l'armement  conventionnel,  a été  marquée  par la bombeatomique.	
 c)    « Big Brother »
La science-fiction ne montre souvent pas une utilisation idyllique des progrès technique.
                                                            
                                                                                
                                                                    Dans 	1984	, par	exemple,  George Orwell montre  que les moyens  techniques  permettant  de surveiller  les gens  enpermanence peuvent les rendre malheureux.
                                                            
                                                                                
                                                                    	
 d)	     	La technique  a besoin qu'on lui donne des  fins [NB : c'est pour  cela qu'on  a besoin de	philosophes...]
Texte : Kant, 	Critique de la faculté de juger	, §83, traduction Alain Renaut..
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