LA VALEUR D'UNE CIVILISATION DEPEND-ELLE DE SON AVANCEE TECHNOLOGIQUE ?

« On ne peut et on ne doit pas laisser de critères de valeurs s'établir entre les civilisations sous peine d'ouvrir la porteà toutes dérives.

En guise de conclusion : La technique s'expose de plus en plus, et on voit que certaines civilisations disposent d'une plus grande maîtrise deces techniques.

La maîtrise des techniques peut en apparence se constituer comme critère de valeur entre lescivilisations si on omet le fait que sous la diversité des cultures réside l'unité de l'espèce.

Cette unité dissoutradicalement et définitivement toute hiérarchisation entre les civilisations.

On ne peut donc pas juger de lasupériorité d'une civilisation en tenant compte de son avancement technique.

Introduction. Notre civilisation se caractérise par un grand développement technique et nous avons tendance à juger inférieuresles civilisations qui n'ont pas un développement technique aussi poussé.Mais cette tendance naturelle à placer notre civilisation au sommet doit exciter notre méfiance et notre espritcritique ; nous devons donc nous demander si le développement de la technique est un critère valable du niveaud'une civilisation. I.

En quel sens le perfectionnement technique peut sembler la marque d'un degré supérieur de civilisation: 1° On peut d'abord penser que ce perfectionnement technique est la marque d'un grand développement scientifique.Or il est difficile de nier que la science représente un élément de civilisation.

C'est donc d'abord le lien de la scienceet de la technique qui peut conduire à voir dans celle-ci un signe de civilisation.

Le perfectionnement techniquetémoignerait en somme d'un niveau intellectuel élevé.Mais cette remarque appelle pourtant deux réserves : a) Certains pays empruntent des techniques sans les avoir eux-mêmes créées.

C'est une caractéristique de notreépoque que beaucoup de peuples, restés longtemps complètement étrangers au développement technique, sontobligés pour survivre d'adopter des techniques qui ne correspondent ni à leurs aspirations ni à leur niveauscientifique.

Il est bien évident que dans ce cas la technique ne constitue plus un témoignage sur le développementintellectuel.

Comme l'écrit un sociologue « une technique perfectionnée peut répondre réellement à desconnaissances scientifiques largement répandues dans le groupe.

Mais elle peut aussi être simplement plaquée surun milieu archaïque et dirigée par des techniciens étrangers.

De môme, il faut voir si le groupe considéré est lecréateur de sa technique et s'il est apte à la perfectionner ou s'il est seulement imitateur » (Bouthoul, Lesmentalités, p.

67). b) Même lorsque le perfectionnement technique correspond à des connaissances scientifiques réelles, cette sciencereste bien souvent l'apanage d'une élite et de quelques hommes.

On ne saurait conclure d'un niveau technique élevéà des connaissances largement répandues chez tous.

Il faut ici bien distinguer entre le créateur et l'utilisateur destechniques; on peut tourner un bouton de poste de télévision ou conduire une automobile sans rien connaître desprincipes scientifiques sur lesquels reposent ces inventions. 2° On peut voir dans le perfectionnement technique un signe de civilisation pour une autre raison : à cause du bien-être et du confort matériel qu'elle apporte.

Il est banal en effet de rappeler que la civilisation sous tous ses aspectsne va pas sans un minimum d'aisance; la vie morale peut difficilement se développer dans l'urgence, dans la misère,et on a pu dire qu'un minimum de bien-être est nécessaire à la vertu; de même la science, l'art, la philosophiedemandent du loisir et une existence dégagée des besoins immédiats.Mais là aussi deux réserves s'imposent : a) Ce bien-être ne dépend pas uniquement des facteurs techniques; il dépend aussi de l'organisation sociale, de lavie économique.

II arrive souvent que les avantages matériels du perfectionnement technique sont réservés àquelques uns ou à une classe par suite d'une mauvaise organisation sociale. b) Surtout il n'est pas sûr que ce confort matériel suffise à lui seul à caractériser le niveau d'une civilisation et l'onpressent qu'il faut faire intervenir aussi des éléments spirituels : science, religion, morale, art, etc.Nous arrivons donc à cette idée : dans certains cas le perfectionnement technique est un signe de civilisation, mais. »